CHRYSLER Crown Imperial :
Dans le milieu des années cinquante, Chrysler souhaite concurrencer Cadillac sur le marché très restreint, mais ô combien prestigieux, des limousines de très grand luxe. Un domaine où la marque leader de la General Motors jouit d’un quasi-monopole. En utilisant les talents de Ghia dans le cadre d’un accord de sous-traitance, Chrysler entend s’éviter de coûteux investissements pour la réalisation de ces véhicules d’exception.
Crown Imperial, 1958
© D.R.
En 1956, Luigi Segre signe avec Detroit un contrat pour la transformation des Imperial en petites séries très spéciales. Marque de prestige de Chrysler, Imperial offre une gamme de plusieurs modèles, dont la Le Baron apparaît comme le plus luxueux. Véhicule d’apparat, la version Ghia a pour vocation d’être encore plus exclusive.
La commande Imperial est la plus importante qu’ait jamais reçue la carrosserie Ghia. Sa mise en œuvre commence avec la livraison de 25 exemplaires entre novembre 1956 et mai 1957. Chrysler expédie les voitures par bateau, il s’agit de versions deux portes hardtop livrées à l’état brut, dépourvues de portes, de vitres et de sièges. Ces derniers, ainsi que la climatisation et les vernis, voyagent dans des caisses séparées.
Crown Imperial, 1958
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Crown Imperial, 1958
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A Turin, les voitures sont démontées et entièrement reconstruites. Les châssis sont coupés et allongés par la pose de panneaux de fond et latéraux construits par Ghia, lesquels portent l’empattement à 3,80 mètres. L’assemblage, la finition et la pose des vernis sont entièrement réalisés à la main.
Crown Imperial, 1962
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Les voitures sont commercialisées sous l’appellation Crown Imperial Limousine à un tarif prohibitif supérieur à 15 000 dollars en 1958, contre 5500 dollars pour une Imperial Crown « normale » — une Chevrolet Bel Air (haut de gamme de la marque) coûte 2500 dollars… Le prix montera même à près de 18 500 dollars dans le milieu des années soixante.
La prestigieuse limousine six glaces jouit d’un confort et d’un luxe inouïs. Dotée d’une séparation chauffeur, elle est longue de 6,25 mètres et pèse 2,7 tonnes… Elle reçoit le V8 Chrysler de 392 c.i. (6425 cm3) qui développe d’abord 325 ch, puis 350 ch à 4600 tr/mn. Ce dernier est accouplé à la transmission automatique TorqueFlite commandée par boutons au tableau de bord. A l’instar de toutes les voitures américaines de l’époque, la Crown Imperial Limousine connaîtra une mise à jour esthétique annuelle réalisée par les stylistes de Detroit.
Car le design est purement américain. Il est l’œuvre de Virgil Exner, assisté de Cliff Voss et Bill Brownlie. L’Américain Paul Farago s’installe à Turin pour superviser l’exécution du contrat. Côté Ghia, l’ingénieur Sergio Sartorelli, entré chez Ghia en 1956 et qui deviendra responsable du style en 1960, est chargé de suivre la production.
Crown Imperial, 1963 Cabriolet de parade, 1963
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Voitures de parade pour chefs d’Etat, dont la Maison-Blanche, têtes couronnées et milliardaires, la Crown Imperial Limousine aura notamment pour clients le maréchal Tito, Franco, les familles royales et les princes des pays arabes (Ghia a toujours eu une fidèle clientèle au Proche-Orient).
Le contrat sera renouvelé jusqu’en 1965. Au départ, Chrysler avait prévu de commercialiser 75 voitures par an, un niveau jamais atteint, et de loin. En 1957, 36 Crown Imperial Limousine sont vendues sur plus de 35 000 Imperial diffusées, dont 16 000 Crown et 2500 Le Baron — cette proportion donne une idée du niveau d’exclusivité du modèle. L’année suivante, le chiffre tombera à 31, puis à sept en 1959. A l’exception de 1962 où aucune voiture ne sera achetée, le volume annuel de vente se situera ensuite à une dizaine d’exemplaires. En neuf ans, un total de 132 Crown Imperial Limousines auront été commercialisées.
Crown Imperial, 1964
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