FORD Mustang :
Si la première Mustang apparaît en avril 1964, soit quelques mois à peine après la Pontiac GTO, il s'agit toutefois d'une simple coïncidence du calendrier. A l'origine, les deux modèles ne sont pas directement concurrents, en effet : la Mustang est commercialisée au prix d'attaque de 2368 $ en coupé 6 cylindres (sans option) alors que la Pontiac GTO la moins chère (en l'espèce, le "sport coupé" avec montant central) dépasse les 2850 $ et profite quant à elle d'un V8 de 389 ci de 325 chevaux, ce qui représente plus de 3 fois la puissance du petit 6 cylindres réservé à la Mustang de base... Celle-ci procède, il est vrai, d'une philosophie bien différente. Projetée à partir de la structure de la série Falcon (une "compacte" populaire), la Mustang devra son succès immédiat à sa ligne valorisante plus qu'à ses performances. Lee Iacocca, son père spirituel, s'est en effet attaché à soigner ses apparences.
Avec son long capot, sa calandre agressive, sa poupe tronquée et ses décorations suggestives, la Mustang 1964 ressemble beaucoup à une voiture de sport mais elle est encore loin d'en avoir le tempérament. Les motorisations dont elle profite à ses débuts reflètent bien les intentions initiales de ses concepteurs : la version de base se contente d'un modeste 6 cylindres de 2,8 litres développant 102 chevaux à peine (un autre 6 cylindres un peu plus puissant sera proposé dans le courant de l'année 1964), et le seul V8 disponible en option (le plus petit offert dans la gamme Ford) est un 260 ci (4,2 litres environ) affichant 164 chevaux seulement. De fait, la première Mustang se rapproche davantage des "compacts" de bas de gamme par son prix compétitif, ses dimensions raisonnables (4, 60 mètres de long pour la première série), sa consommation modérée et son faible coût d'entretien.
De fait, la performance ne figure pas encore parmi les priorités du cahier des charges. Lee Iaccoca n'avait cependant pas prévu que les lignes agressives de son enfant terrible allaient susciter une grande frustration chez les premiers acheteurs. Il faudra rapidement corriger le tir pour répondre à cette nouvelle demande plus orientée vers la puissance et le plaisir de conduire. Fin 1964, le catalogue s'enrichit donc de nouvelles motorisations nettement plus ambitieuses : le V8 260 ci des débuts fait place à un V8 289 ci (4,7 litres environ) offrant 3 niveaux de puissance : 200, 225 et 271 chevaux, cette dernière variante ( désignée "HP") étant réservé aux versions les mieux équipées et les plus chères. La liste des équipements optionnels s'allonge en conséquence : freins à disque à l'avant, pneus "hautes performances", jantes alliage, suspensions renforcées, boite à 4 rapports entièrement synchronisée, etc...Et une nouvelle carrosserie "fastback" (présentée comme un coupé 2+2), au style plus sportif encore, fait son apparition dans la gamme.
Désormais, la Mustang apparaît bien armée pour séduire les amateurs de modèles à hautes performances (la version "HP" vaut en effet plus de 200 km/h en pointe et ses accélérations ne sont pas en reste). Ses dimensions et son poids réduit n'en font cependant pas un muscle car, tout au moins à l'origine. Surnommée "pony car" par ses afficionados (en référence à son patronyme mais aussi à sa petite taille), la première Mustang va, par ailleurs, inspirer une nouvelle génération de coupés et cabriolets procédant d'un cahier des charges similaire. A cette nouvelle famille (bientôt définie sous l'appellation générique de "pony car").se rattachent la Plymouth Barracuda, la Rambler Javelin, la Chevrolet Camaro et la Pontiac Firebird.
Au fil des ans, la Mustang va toutefois se rapprocher de plus en plus des muscle cars intermédiaires en changeant progressivement de gabarit et en adoptant des moteurs de plus en plus volumineux. Un "compromis" permettant de récupérer à bon compte la clientèle des muscle cars sans perdre celle des pony cars (il importait aussi de répondre positivement aux critiques portant sur l'habitabilité médiocre des premiers modèles). Cette tendance sera notamment marquée par l' introduction dans la gamme (à compter du millésime 1967) du V8 390 ci réservé jusqu' alors aux séries hautes. En parallèle, la Mustang Shelby (née en 1965 avec une variante affûtée du V8 289 "HP") s'offre pour sa part un V8 de 428 ci (7 litres) de 400 chevaux réservée à la série GT 500. Un an plus tard, ce même V8 (type "Cobra Jet") intègrera la gamme Mustang de série (les versions Shelby étant quant à elles assemblées à part dans les ateliers de la Shelby American jusqu'en 1969) en même temps qu'un autre "big block" de 427 ci.
En 1969, le lancement des versions "Boss" et "Mach 1" à hautes performances (proposées toutes les deux avec plusieurs "big blocks" optionnels dont un surpuissant 429 ci "Cobra Jet" à couvre-culasses en magnesium et chambres de combustion hémisphériques) viendra confirmer cette évolution vers la "performance totale", pour reprendre un célèbre slogan de Ford. Cette métamorphose sera achevée en 1971 lorsque la Mustang adoptera une nouvelle caisse plus longue, plus large et plus lourde. Désormais, elle apparaît de plus en plus proche des muscle cars mais cette évolution ne sera pas toujours du goût de ses anciens clients qui regretteront souvent les lignes graciles et le format réduit de la première version.
La Mustang en chiffres
(production annuelle de 1964 à 1970)
1964 (avril-août) : 121 500 ex
1965 : 580 000 ex.
1966 : 607 000 ex.
1967 : 471 000 ex.
1968 : 315 000 ex.
1969 : 295 000 ex.
1970 : 190 000 ex.
Les "Big Blocks" Ford
dans la gamme Mustang (1968-70)
-V8 390 ci, 335 ch.
-V8 427 ci, 390 ch.
-V8 428 ci, 335 ch (Ford Mustang)
-V8 428 ci, 360/400 ch (Shelby GT 500 et 500 KR)
-V8 429 ci, 360/375 ch (Mustang Boss)
Mustang Boss 351 1971 : cette année-là, elle affiche encore 330 chevaux avec un V8 351 ci. Deux ans plus tard, le même V8 sortira à peine 156 chevaux. Dans l'intervalle, les premières mesures anti-pollution auront fait leur oeuvre...
© D.R
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