• Paul BRACQ chez Mercedes-Benz

    Paul BRACQ chez Mercedes-Benz :

    Expérience unique pour un designer français, Paul Bracq a réalisé l’essentiel de sa carrière en Allemagne, en particulier chez Mercedes-Benz, où il a effectué ses débuts. C’est à Sindelfingen qu’il a créé l’un de ses chefs-d’œuvre, la Pagode, un modèle phare qui a marqué son époque par sa conception d’avant-garde.

     Paul Bracq chez Mercedes-Benz Paul Bracq chez Mercedes-Benz
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    Effectuant son service militaire en Allemagne, Paul Bracq est affecté à l’état-major situé à Lahr, en Forêt-Noire. Chargé de l’entretien de la voiture du général, une Mercedes 300 Adenauer, il ne manque pas l’occasion de conduire cette dernière à la révision à Untertürkheim. Il en profite pour confier quelques-uns de ses dessins — des 190 SL et 300 SL modifiées — au service de presse. Une semaine plus tard, il est convoqué ! Il rencontre alors Karl Wilfert à Sindelfingen, qui lui propose de l’engager au terme de sa (prochaine) libération. Imaginez la joie du jeune militaire, un sentiment d’autant plus fort qu’il est le premier Français à être recruté par la prestigieuse marque allemande. Hélas, le déclenchement de la guerre d’Algérie oblige Paul Bracq à porter l’uniforme encore dix-huit mois. Mais bon prince, Karl Wilfert ne rompt pas pour autant le contrat.

    Revenu à Sindelfingen en 1957, Paul Bracq rejoint l’unité de Style Avancé de Mercedes, une équipe réduite composée essentiellement de Karl Wilfert, chef des essais, de Friedrich Geiger, un ingénieur, et de lui-même. Concurrente de l’équipe de design héritée de l’avant-guerre, cette cellule a donné naissance à la 300 SL. Elle assurera définitivement sa suprématie à partir de 1959 avec la génération des berlines W 111 et 112 à ailerons. La symbiose entre la recherche, le style et les essais assure à cette équipe une cohésion et une efficacité remarquables. Pour le travail de modelage, la technique du plâtre, matériau lourd et cassant, est rapidement abandonnée au profit de la résine. Ainsi peuvent être réalisées des maquettes dont les portes s’ouvrent et dans lesquelles il est possible de s’asseoir.

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    Paul Bracq
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    Paul Bracq se souvient : " Nous peignions les maquettes en noir brillant et, sous les tubes au néon, les lignes de lumière tracées sur la caisse nous permettaient un contrôle visuel. Le noir brillant révèle le moindre défaut de modelage. En se baissant, on voyait filer une ligne de contrôle. Le talent de Mercedes, c’était de remettre cent fois l’ouvrage sur le métier. Pendant six mois, nous poncions et nous faisions filer… Les carrosseries de la marque tiraient leur qualité de ce travail rigoureux effectué sur les maquettes. Grâce au modelé, la tôle paraissait plus épaisse et la peinture plus profonde. L’épaisseur est une illusion provenant de l’art de galber les formes. Le travail des chromes était également très poussé. Pour un jonc placé sur le flanc de la voiture, nous réalisions de dix à quinze sections afin de choisir celle qui prendrait le mieux la lumière. L’art du chrome consiste à optimiser la partie qui reflète le ciel au détriment de celle, obscure, qui est orientée vers le sol ".
     
    La première mission confiée à Paul Bracq consiste à dessiner les feux arrière triangulaires de la berline 190 W 110. Puis, Karl Wilfert lui demande d’agrandir la lunette arrière du hard-top de la 190 SL. Il s’en acquitte en créant de superbes lignes panoramiques. En 1957, il est l’auteur de projets de mini-voitures urbaines, dont les brevets sont déposés par Daimler-Benz. Autre mission importante, Karl Wilfert lui confie le dessin du coupé et du cabriolet dérivés de la berline W 111. Il crée une ligne magnifiquement épurée, dont font les frais les ailerons qu’il ne porte pas dans son cœur : " Les ailerons avaient pour rôle d’alléger le ponton. Mais leur agressivité lassait le regard. De plus, ils se révélaient dangereux en cas d’accident et la tôle vrillée était difficile à réparer. Ils ont constitué l’une des rares fautes de parcours dans l’histoire du style Mercedes. Faute doublée d’une erreur, qui a consisté à doter la gamme entière d’une carrosserie unique, des quatre cylindres diesel aux modèles de prestige. D’où la nécessité d’équiper la 300 SE d’une pléthore de chromes pour la différencier ".
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    Avec la 230 SL Pagode, Paul Bracq réalise en 1963 son premier chef-d’œuvre. Mélange subtil de classicisme et d’avant-garde, la voiture tire sa singularité de la grande finesse de ses lignes, assortie d’un fort développement du pavillon et de la surface vitrée. En cela, elle affiche trente ans d’avance et annonce les voitures d’aujourd’hui. Luminosité et transparence font partie des principes fondamentaux de l’art de Paul Bracq : " Dans une voiture, j’ai toujours aimé voir clair pour mieux communiquer avec l’environnement. Afin d’augmenter la surface vitrée, j’ai abaissé la ligne de caisse et descendu le ponton. Cette transparence participe également à la sécurité. Pour moi, le pavillon idéal reste la cabine d’hélicoptère ".
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    L’idée du toit en forme de pagode revient à Béla Barényi, l’homme aux 2500 brevets qui dirige le bureau projets de la marque. Il avait inventé un véhicule symétrique d’aspect assez insolite sur le toit duquel il était possible de s’installer — pour faire du camping par exemple. Paul Bracq reprend cette formule et accroît la hauteur du pavillon initialement prévue de six centimètres. La réussite esthétique de la voiture tient également à une erreur commise en cours de développement du projet. En effet, la largeur de la plateforme a été sur dimensionnée. Au lieu de réaliser un nouveau soubassement, Karl Wilfert décide d’élargir les ailes en y ajoutant des bourrelets, créant ainsi un effet de roues tangentes qui allège la silhouette.
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    Parallèlement à la 230 SL, Paul Bracq travaille sur la 250 Classe S W 108 appelée à succéder, à partir de 1965, à la série 111. Son idée est de transformer le coupé de la génération antérieure, dont il est l’auteur, en berline à quatre portes. Le même principe de transparence est retenu, avec un pavillon de grande hauteur, mais Paul Bracq parvient à donner à la ligne un remarquable effet d’horizontalité. Tout en gardant les Lichteinheiten— le regroupement sous un même globe des projecteurs, antibrouillards, clignotants et feux de position —, il souhaitait faire évoluer la calandre vers un dessin horizontal. Les dirigeants de Mercedes n’y étaient pas prêts, mais l’avenir lui donnera raison. Toujours est-il que l’ensemble jouit d’un rare équilibre, qui fait de cette voiture l’une des plus belles berlines Mercedes jamais produites. Moins convaincante d’un point de vue esthétique, la nouvelle génération, celle des séries 114 et 115 lancée en 1967, constitue une gamme de modèles moins onéreux. Avec une ligne de pavillon très racée, le coupé apparaît de loin comme le plus réussi.
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    Voiture superlative, la 600, présentée en 1964, reprend les mêmes principes, mais à une autre échelle. Fritz Nahlinger, le directeur des études, ayant demandé que le porte-à-faux avant soit raccourci pour faciliter les manœuvres de stationnement, la ligne s’en trouve quelque peu disproportionnée. Paul Bracq dessine plusieurs projets d’un coupé dérivé de l’immense limousine. Mais la voiture ne sera pas commercialisée. Egalement en charge des versions spéciales pour chefs d’Etat, il participe à l’étude de trois Mercedes destinées au Vatican, deux Classe S allongées, dont un landaulet, et une 600 à toit rehaussé. Par ailleurs, il travaille à des carrosseries de prototypes à moteur Wankel, solution technique à laquelle Stuttgart croit à cette époque.
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    Après dix années passées au service de Mercedes-Benz, Paul Bracq ressent le mal du pays. Il rentre donc en France, où l’attendent d’autres challenges. Pour autant, il conservera toujours une tendresse particulière pour la marque à l’étoile...

     

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