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Paul BRACQ chez Mercedes-Benz :
Expérience unique pour un designer français, Paul Bracq a réalisé l’essentiel de sa carrière en Allemagne, en particulier chez Mercedes-Benz, où il a effectué ses débuts. C’est à Sindelfingen qu’il a créé l’un de ses chefs-d’œuvre, la Pagode, un modèle phare qui a marqué son époque par sa conception d’avant-garde.
© D.REffectuant son service militaire en Allemagne, Paul Bracq est affecté à l’état-major situé à Lahr, en Forêt-Noire. Chargé de l’entretien de la voiture du général, une Mercedes 300 Adenauer, il ne manque pas l’occasion de conduire cette dernière à la révision à Untertürkheim. Il en profite pour confier quelques-uns de ses dessins — des 190 SL et 300 SL modifiées — au service de presse. Une semaine plus tard, il est convoqué ! Il rencontre alors Karl Wilfert à Sindelfingen, qui lui propose de l’engager au terme de sa (prochaine) libération. Imaginez la joie du jeune militaire, un sentiment d’autant plus fort qu’il est le premier Français à être recruté par la prestigieuse marque allemande. Hélas, le déclenchement de la guerre d’Algérie oblige Paul Bracq à porter l’uniforme encore dix-huit mois. Mais bon prince, Karl Wilfert ne rompt pas pour autant le contrat.Revenu à Sindelfingen en 1957, Paul Bracq rejoint l’unité de Style Avancé de Mercedes, une équipe réduite composée essentiellement de Karl Wilfert, chef des essais, de Friedrich Geiger, un ingénieur, et de lui-même. Concurrente de l’équipe de design héritée de l’avant-guerre, cette cellule a donné naissance à la 300 SL. Elle assurera définitivement sa suprématie à partir de 1959 avec la génération des berlines W 111 et 112 à ailerons. La symbiose entre la recherche, le style et les essais assure à cette équipe une cohésion et une efficacité remarquables. Pour le travail de modelage, la technique du plâtre, matériau lourd et cassant, est rapidement abandonnée au profit de la résine. Ainsi peuvent être réalisées des maquettes dont les portes s’ouvrent et dans lesquelles il est possible de s’asseoir.
Paul Bracq
© D.RPaul Bracq se souvient : " Nous peignions les maquettes en noir brillant et, sous les tubes au néon, les lignes de lumière tracées sur la caisse nous permettaient un contrôle visuel. Le noir brillant révèle le moindre défaut de modelage. En se baissant, on voyait filer une ligne de contrôle. Le talent de Mercedes, c’était de remettre cent fois l’ouvrage sur le métier. Pendant six mois, nous poncions et nous faisions filer… Les carrosseries de la marque tiraient leur qualité de ce travail rigoureux effectué sur les maquettes. Grâce au modelé, la tôle paraissait plus épaisse et la peinture plus profonde. L’épaisseur est une illusion provenant de l’art de galber les formes. Le travail des chromes était également très poussé. Pour un jonc placé sur le flanc de la voiture, nous réalisions de dix à quinze sections afin de choisir celle qui prendrait le mieux la lumière. L’art du chrome consiste à optimiser la partie qui reflète le ciel au détriment de celle, obscure, qui est orientée vers le sol ".La première mission confiée à Paul Bracq consiste à dessiner les feux arrière triangulaires de la berline 190 W 110. Puis, Karl Wilfert lui demande d’agrandir la lunette arrière du hard-top de la 190 SL. Il s’en acquitte en créant de superbes lignes panoramiques. En 1957, il est l’auteur de projets de mini-voitures urbaines, dont les brevets sont déposés par Daimler-Benz. Autre mission importante, Karl Wilfert lui confie le dessin du coupé et du cabriolet dérivés de la berline W 111. Il crée une ligne magnifiquement épurée, dont font les frais les ailerons qu’il ne porte pas dans son cœur : " Les ailerons avaient pour rôle d’alléger le ponton. Mais leur agressivité lassait le regard. De plus, ils se révélaient dangereux en cas d’accident et la tôle vrillée était difficile à réparer. Ils ont constitué l’une des rares fautes de parcours dans l’histoire du style Mercedes. Faute doublée d’une erreur, qui a consisté à doter la gamme entière d’une carrosserie unique, des quatre cylindres diesel aux modèles de prestige. D’où la nécessité d’équiper la 300 SE d’une pléthore de chromes pour la différencier ".
© D.RAvec la 230 SL Pagode, Paul Bracq réalise en 1963 son premier chef-d’œuvre. Mélange subtil de classicisme et d’avant-garde, la voiture tire sa singularité de la grande finesse de ses lignes, assortie d’un fort développement du pavillon et de la surface vitrée. En cela, elle affiche trente ans d’avance et annonce les voitures d’aujourd’hui. Luminosité et transparence font partie des principes fondamentaux de l’art de Paul Bracq : " Dans une voiture, j’ai toujours aimé voir clair pour mieux communiquer avec l’environnement. Afin d’augmenter la surface vitrée, j’ai abaissé la ligne de caisse et descendu le ponton. Cette transparence participe également à la sécurité. Pour moi, le pavillon idéal reste la cabine d’hélicoptère ".
© D.RL’idée du toit en forme de pagode revient à Béla Barényi, l’homme aux 2500 brevets qui dirige le bureau projets de la marque. Il avait inventé un véhicule symétrique d’aspect assez insolite sur le toit duquel il était possible de s’installer — pour faire du camping par exemple. Paul Bracq reprend cette formule et accroît la hauteur du pavillon initialement prévue de six centimètres. La réussite esthétique de la voiture tient également à une erreur commise en cours de développement du projet. En effet, la largeur de la plateforme a été sur dimensionnée. Au lieu de réaliser un nouveau soubassement, Karl Wilfert décide d’élargir les ailes en y ajoutant des bourrelets, créant ainsi un effet de roues tangentes qui allège la silhouette.
© D.RParallèlement à la 230 SL, Paul Bracq travaille sur la 250 Classe S W 108 appelée à succéder, à partir de 1965, à la série 111. Son idée est de transformer le coupé de la génération antérieure, dont il est l’auteur, en berline à quatre portes. Le même principe de transparence est retenu, avec un pavillon de grande hauteur, mais Paul Bracq parvient à donner à la ligne un remarquable effet d’horizontalité. Tout en gardant les Lichteinheiten— le regroupement sous un même globe des projecteurs, antibrouillards, clignotants et feux de position —, il souhaitait faire évoluer la calandre vers un dessin horizontal. Les dirigeants de Mercedes n’y étaient pas prêts, mais l’avenir lui donnera raison. Toujours est-il que l’ensemble jouit d’un rare équilibre, qui fait de cette voiture l’une des plus belles berlines Mercedes jamais produites. Moins convaincante d’un point de vue esthétique, la nouvelle génération, celle des séries 114 et 115 lancée en 1967, constitue une gamme de modèles moins onéreux. Avec une ligne de pavillon très racée, le coupé apparaît de loin comme le plus réussi.
© D.R
Voiture superlative, la 600, présentée en 1964, reprend les mêmes principes, mais à une autre échelle. Fritz Nahlinger, le directeur des études, ayant demandé que le porte-à-faux avant soit raccourci pour faciliter les manœuvres de stationnement, la ligne s’en trouve quelque peu disproportionnée. Paul Bracq dessine plusieurs projets d’un coupé dérivé de l’immense limousine. Mais la voiture ne sera pas commercialisée. Egalement en charge des versions spéciales pour chefs d’Etat, il participe à l’étude de trois Mercedes destinées au Vatican, deux Classe S allongées, dont un landaulet, et une 600 à toit rehaussé. Par ailleurs, il travaille à des carrosseries de prototypes à moteur Wankel, solution technique à laquelle Stuttgart croit à cette époque.
© D.RAprès dix années passées au service de Mercedes-Benz, Paul Bracq ressent le mal du pays. Il rentre donc en France, où l’attendent d’autres challenges. Pour autant, il conservera toujours une tendresse particulière pour la marque à l’étoile...Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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René BONNET :René Bonnet a été pendant une quinzaine d'années le promoteur le plus actif du sport automobile en France.
C'est principalement dans les années cinquante, qu'il se fit connaitre du grand public français et international, alors que les voitures qu'il produisait avec Charles Deutsch sous la marque D-B remportaient dans leur catégorie de nombreuses épreuves.
Par la suite, il entreprit, seul, pendant quelques années la production de modèles « sport » et tenta l'aventure de la formule 2.
René Bonnet, né en 1904, aborda le sport automobile en 1932, alors qu'il était agent Citroën direct à Champigny, près de Paris. Il participa, cette année-là, à son premier rallye au volant d'un roadster Citroën C 4 G.
Il développa à cette époque sa propre affaire de commerce et de réparations automobiles dans des locaux loués à la famille de Charles Deutsch.
1ère Bonnet-Deutsch 1938 159 km/h
© D.R.Attiré de plus en plus par la compétition, René Bonnet s'inscrivit à l'école Georges Boillot à Montlhéry où, pendant les années 1934-1935, il se perfectionna en pilotant, entre autres voitures célèbres, la 3 1 Peugeot d'Indianapolis- Ses aptitudes le firent sélectionner en 1936 pour participer au Grand Prix de l'A-C-F couru en formule Sport.
Il devait piloter la 2,5 l Amilcar Pégase, dont la mise au point s'avéra si laborieuse qu'elle ne prit pas le départ. Contraint d'assister en spectateur passif à la course (première grande victoire de la Bugatti 57 à caisse profilée), il décida son ami Charles Deutsch, alors étudiant, à tenter la construction avec lui d'une voiture de course en utilisant les éléments de la Citroën traction avant, et notamment le moteur 2 l.
Par suite des difficultés de financement, il fallut deux années pour mener à bien ce projet. Grâce au concours de quelques amis, la première DB tourna en 1938.
C'était une traction avant dont le châssis spécial avait été habillé d'une caisse aérodynamique très influencée par les conceptions très en avance de l'ingénieur Andreau. René Bonnet prit part avec cette voiture aux Douze Heures de Paris de 1938, aux Indépendants en 1939 (dont il remporta la catégorie 2 l) et au Grand Prix des Frontières à Chimay.. où il prit la deuxième place derrière la très rapide BMW 328.
Engagé à la course du Bol d'Or de 1939. René Bonnet, dont la voiture avait été rééquipée d'un moteur de 1 100 cm3 y fut accidenté à la suite d'une sortie de route causée par un concurrent maladroit, ce qui lui enleva toute chance de remporter l'épreuve.
© D.R.En 1945, René Bonnet fut prêt à reprendre la compétition avec une 2 l et une 1500 cm3 préparées malgré les difficultés de l'occupation, et qui apparurent au Grand Prix du Bois de Boulogne.
Avec ces voitures, René Bonnet devait courir au Grand Prix de Saint-Cloud (disputé en 1946 sur l'autoroute de l'Ouest), à Nice, où sa barquette 2l fut accidentée, au challenge J.-P. Wimille, etc. En 1949, il exposait le projet d'une voiture de grand tourisme à mécanique Citroën II améliorée, comprenant notamment les transformations mécaniques vendues sous la marque EPAF qu'il avait créée (culasse modifiée, tubulure spéciale, roues en alliage léger, boite à quatre vitesses).
Cette voiture, qui pouvait atteindre 150 km/h, alors que la « II » plafonnait à 110, ne put être produite en raison de l'opposition des dirigeants de Citroën. René Bonnet dut alors se tourner vers Panhard et ce fut le début d'une fructueuse collaboration, qui permit une longue série de victoires et de records.
En 1961, l'association Bonnet-Deutsch étant rompue. René Bonnet lança sous son nom une nouvelle société de construction de voitures de sport et de compétition en utilisant cette fois des moteurs Renault. Bien que souffrant des séquelles d'un très grave accident de la route, survenu alors qu'il assurait l'assistance de ses voitures lors du Tour de France 1958, il entreprit, dès le début de 1962, la préparation des voitures destinées aux 24 Heures du Mans, épreuve dans laquelle il espérait renouveler les succès des DB, mais avec des voitures fondamentalement différentes.
© D.R.Le prototype, piloté par Laureau et Vinatier, devait s'illustrer au Nürburgring, en mai 1962, en remportant sa classe. Ces nouvelles voitures avaient un châssis tubulaire construit autour d'une poutre centrale, elle-même composée d'un assemblage de tubes de faible section. Très légère, cette structure recevait un moteur arrière central et des suspensions indépendantes à bras inégaux constituées par un ensemble ressort hélicoidal-amortisseur à flexibilité variable.
René Bonnet avait délibérément choisi pour ces voitures les caractéristiques les plus avancées, et une étude très poussée des formes devait permettre des performances remarquables malgré le choix d'un moteur à deux arbres à cames en tête réduit à 700 cm3 et étudié par Gordini pour la Régie Renault. Pour les premiers essais, un moteur culbuté d'une puissance sensiblement équivalente au moteur prévu avait emmené la voiture à près de 190 km/h sur l'anneau de Montlhéry.
Trois toitures furent prêtes pour Le Mans. L'équipage Consten-Rosinski disposait d'une berlinette Djet de 1000 cm3, à moteur 5 paliers et 2 arbres à cames en tête. Mais il connut de nombreux ennuis de boite de vitesses notamment l'impossibilité de passer le quatrième rapport. Néanmoins, la voiture termina en dépit du régime imposé au moteur.
L'équipage Vinatier-Vidilles, sur une berlinette 700 cm3, dut abandonner au cinquième tour pour surchauffe du moteur (celui-ci ayant été prélevé sur une barquette accidentée aux essais et monté hâtivement). Enfin, la barquette 700 cm3 de Laureau et Armagnac aurait pu remporter l'indice si le ressoudage d'une pédale de frein n'avait pas immobilisé la voiture pendant une demi-heure au stand.Cependant, les voitures avaient montré leurs qualités, notamment en matière de tenue de route, mais les nouveaux moteurs Renault 5 paliers semblaient difficilement commercialisables en raison de quelques problèmes posés par l'adaptation de la culasse à deux arbres à cames en tête soit dans la version 704 cm3 (64.5 x 54 mm) qui délivrait 70 ch à 8000 tr/ mn, soit dans la version 998 cm3 (64.5 x 70 mm) qui en donnait 95 à 7500 tr/mn.
Les versions cataloguées en 1962 étaient toutes à moteur culbuté :
- Cabriolet " Le Mans ", moteur 5 paliers, 1 107 cm3 (70 x 72 mm). 72 ch environ, carrosserie plastique 2 + 2. 720 kg, vitesse 170 km/h environ. Pour un prix de 18 500 F. cette voiture visait une clientèle à tendance sportive, mais désireuse d'un confort certain.
- La berlinette Djet dérivée étroitement des voitures du Mans était proposée en deux versions : GT et Rallye. Toutes deux à caisse plastique enrobant une structure multitubulaire. Elles étaient à moteur arrière central avec une culasse hémisphérique en version rallye.
- Enfin, le cabriolet Missile était prévu pour une clientèle jeune et, de ce fait, son prix de revient avait été très serré. La base était constituée par une plate-forme de R 4 Renault dont les éléments de suspension étaient conservés. Cette traction avant recevait un moteur Dauphine Gordini, 3 paliers (58 x 80 mm) amélioré par René Bonnet pour en tirer plus de 50 ch. Une boite à quatre vitesses, des freins à disque à l'avant seulement, et un poids total d'environ 500 kg, donnaient à cette petite voiture un comportement assez sportif, qui devait, avec un prix de vente inférieur à 13 000 F, lui assurer un certain succès.
En compétition, René Bonnet aligna trois voitures en septembre 1962, pour les Trophées d'Auvergne : une barquette du Mans et deux coupés Djet. Les trois voitures terminèrent en 12e, 16e et 18e positions, respectivement aux mains de Laureau, Vinatier et Armagnac, qui affrontèrent en l'occurrence des Lotus Abarth. Porsche, etc., sans décevoir.
Au début de 1963, René Bonnet devait engager un nouveau volant, alors champion de France motocycliste : Jean-Pierre Beltoise qui fit ses débuts au Rallye des Routes du Nord en pilotant avec brio, surtout lors de l'épreuve de vitesse sur le circuit de Reims, une « Missile » ; malgré son élimination provoquée par un retard trop important sur la route, il devait démontrer ses qualités de pilote et se retrouver, quelque temps tard, à la Targa Florio.
© D.R.Quatre voitures dues à René Bonnet étaient engagées : une Djet, à moteur à deux arbres à cames en tête et trois «hémisphériques». Si la première fut la plus rapide malgré ses 1 000 cm3, c'est la 1100 de Vinatier-Basini qui prit la meilleure place au classement général. Charriére-Beltoise et Carpentier-Laureau furent contraints à l'abandon dès les premiers tours, les uns pour rupture de support-moteur. les autres pour serrage du moteur. En vue des 24 Heures du Mans.
René Bonnet prépara quatre voitures, tandis qu'une cinquième était inscrite par l'écurie Méditerranée. Les berlinettes, cette année-là, présentaient une caisse dont le profilage arrière avait été amélioré, alors que le spider 1962 avait été doté lui aussi d'un toit destiné à réduire la trainée aérodynamique. La seule voiture rescapée, celle de Claude Bobrowski et de Beltoise, devait enlever le classement à l'indice énergétique. Les autres furent éliminés soit sur incident mécanique, soit sur accident, comme « l'Aérodjet » 996 cm3 à deux arbres à cames en tête, de Monneret-Masson, ou celle de Manzon-Rolland.
Quelque temps auparavant, les résultats des Mille Kilomètres du Nürburgring avaient été décevants : Beltoise-Basini, partis très vite, avaient grippé leur moteur. Laureau eut de nombreux ennuis d'embrayage et de boite de vitesses, deux autres voitures quittèrent la piste. Une seule voiture termina la course, celle de Bouharde-Charrière équipée du moteur 1100 culbuté.
Au sixième circuit de montagne d'Auvergne, René Bonnet eut la malchance de voir sa plus rapide voiture endommagée par une collision au départ en raison de la maladresse d'un concurrent, tandis que les autres Djet chauffaient et s'arrêtaient souvent.
Parallèlement, il construisait une F2 dont deux exemplaires apparurent au Grand Prix de Pau 1964. Beltoise, pour éviter un concurrent parti en tête-à-queue, heurtait le trottoir et endommageait sa suspension, tandis que Gérard Laureau, victime d'un incident mécanique qui le retardait, terminait à dix tours. Si les voitures, qui expérimentaient une suspension arrière originale (l'ensemble ressort-amortisseur était reporté au centre du châssis), se révélèrent compétitives, les moteurs Renault ne laissaient aucune chance face aux Cosworth.
On parlait beaucoup, à cette époque, du renouveau du sport automobile en France et d'une aide gouvernementale qui aurait entraîné une action parallèle de toutes les firmes intéressées. Pour René Bonnet, il était déjà trop tard. Ses voitures n'ayant pas eu le succès commercial qu'elles avaient connu outre-Manche, lui-même n'ayant pas reçu une aide suffisante couvrant les frais énormes entraînés par toutes ses participations, la Société des Automobiles René Bonnet fut absorbée par Matra en 1964.
Pendant quelque temps, les « Djet » furent vendues sous la marque Matra-Bonnet, puis le nom de leur créateur disparut bientôt. Il reste le souvenir d'une carrière sportive sans équivalent en France, au cours de laquelle René Bonnet et ses collaborateurs accumulèrent victoires et records dans des conditions qui, bien souvent, auraient fait fléchir des caractères moins trempés.
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LANCIA Delta :
Prenant la succession de la berline Fulvia disparue en 1972, la Delta apparaît comme un modèle de rachat pour Lancia. L’objectif sera pleinement atteint et la Delta deviendra l’une des voitures les plus importantes de l’histoire de la marque pour le coup de jeunesse donné à son image. Une réussite d’autant plus remarquable qu’elle n’existera qu’en unique version, une berline cinq portes dépourvue des satellites glamour qu’étaient jusqu’alors les coupés et cabriolets dérivés.
© LanciaLancé en 1974, le projet de la Delta rompt sur plusieurs points avec la tradition de la firme. L’étude est basée sur la plate-forme de la Fiat Ritmo et équipée du même groupe motopropulseur. D’où les craintes alors exprimées que la nouvelle Lancia ne soit qu’un clone de Fiat. Ce ne sera pas le cas. La plate-forme sera modifiée, l’empattement allongé et la suspension arrière empruntée à la Beta. Compte tenu du contexte économique qui est celui de la crise énergétique, les concepteurs de la voiture se sont donné pour objectif de réduire la consommation. En réalité, la Delta sera moins sobre que prévu.
Présentée à l’automne 1979, la Delta se singularise par son design, un style fort signé Giorgietto Giugiaro alors en pleine gloire après la création de la VW Golf. Anguleuse et compacte (longueur limitée à 3,88 mètres), la carrosserie affiche un réel dynamisme avec des porte-à-faux réduits au strict minimum. Sa ligne sera pour beaucoup dans le succès de la Delta. L’habitacle offre quatre places confortables et l’équipement comprend des vitres électriques. Par contre, le volume du coffre s’avère limité.
© Lancia
Le client a le choix entre deux versions du quatre cylindres à simple arbre à cames en tête emprunté à la Fiat 128 : 1,3 litre de 75 ch et 1,5 litre de 85 ch. Revues par Lancia, ces mécaniques sont disposées transversalement — la Delta est une traction. Trois transmissions sont proposées : deux boîtes manuelles à quatre ou cinq vitesses et une automatique à trois rapports.
Bien accueillie par la presse, la Delta est élue Voiture de l’année 1980. Le public sera moins enthousiaste, qui la boudera quelque peu en raison de son prix élevé. De plus, le contrôle de la qualité laisse à désirer, la voiture étant tout d’abord construite dans l’ancienne usine Fiat du Lingotto. La fabrication migrera ensuite chez Lancia dans l’usine de Chivasso.
© LanciaLa marque va mettre les bouchées doubles pour promouvoir sa voiture. En 1982 apparaît la Delta 1600 GT qui bénéficie du moteur double arbre de la Beta 1600 poussé à 105 ch (180 km/h) et d’une boîte à cinq vitesses. La même année, Lancia lance la Prisma, version tricorps de la Delta conçue sur la plate-forme de la Fiat Regata. Ce modèle permet d’accéder à une clientèle plus familiale grâce à son coffre volumineux. Son succès commercial fera de l’ombre à la Delta. Dès lors, presque chaque année verra la naissance d’une nouvelle version de la Delta.Réponse de Lancia à la Golf GTI, la Delta HF Turbo accueille en 1983 le 1,6 litre porté à 130 ch par le souffle d’un turbo Garrett. La voiture frôle 200 km/h et abat le 0 à 100 km/h en moins de neuf secondes. L’année précédente, les visiteurs du salon de Turin avaient découvert un concept car à quatre roues motrices motorisé par le 1,6 litre développant la même puissance.
Lancia Delta HF Turbo Lancia Delta HF 4WD
© LanciaCe prototype annonçait la Delta HF 4WD, un modèle sportif doté de la transmission intégrale permanente. Présentée en octobre 1986, la voiture est équipée d’un répartiteur de couple et de deux différentiels à glissement limité, un Ferguson au centre et un Torsen à l’arrière. Sous le capot, on trouve le remarquable deux litres turbo monté sur la Thema Turbo. Il offre à la Delta HF 4WD 165 ch et un couple de 26 mkg (210 km/h et le 0 à 100 km/h en 7,8 secondes). Cette brillante locomotive va donner une nouvelle jeunesse à la Delta, dont les ventes repartiront, d’autant que la Prisma s’effacera en 1989 au profit de la Dedra.Première évolution de la HF 4WD, la Delta Intégrale fait son apparition au salon de Francfort de 1987. Elle doit son existence à la suppression par la FISA du Groupe B, qui entraîne le retrait de la S4 remplacée par la 4WD à partir de 1987 (groupe A). Si la voiture a été rebaptisée, elle n’a que peu changé. La puissance gagne 15 ch supplémentaires, tandis que les arches de roues en saillie, destinées à recevoir les pneus de compétition, assurent à l’Intégrale un look sauvage. Elle rencontrera un vif succès commercial pour un modèle de ce type et ses succès en rallyes auront un effet positif sur les ventes de la Delta.
Lancia Delta S4 Lancia Delta Intégrale 1992
© D.R.
La montée en puissance se poursuit avec la Delta Intégrale 16 V dévoilée au salon de Genève de 1989. C’est maintenant le moteur seize soupapes de la nouvelle Thema Turbo qui prend place sous le capot (200 ch), d’où le renflement qu’on observe sur ce dernier et qui accentue encore le physique de brute de la voiture.
La Delta Intégrale 16 V Evoluzione est en 1991 l’ultime développement de la 4WD. La puissance atteint 210 ch. L’Evoluzione est aisément reconnaissable à son déflecteur aérodynamique monté sur le pavillon et à ses passages de roues encore plus volumineux. Au total, plus de 20 000 exemplaires de l’Intégrale seront diffusés, un score remarquable pour un modèle de cette catégorie.
Lancia Delta Intégrale 1992 Lancia Delta Intégrale 1993
© Lancia
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PEUGEOT Eclipse :On connaît la vogue que rencontre depuis quinze ans la formule du coupé cabriolet, qui a gagné aujourd’hui la plupart des constructeurs automobiles. Pour rendre à César ce qui est à César, on ne dira jamais assez que le toit escamotable est une invention française. Flash back sur les années trente.
Peugeot 301 Eclipse Peugeot 401 Eclipse
© D.R.Dentiste de son état, designer amateur mais de talent et esprit inventif, Georges Paulin imagine en 1933 un système de toit métallique rétractable électriquement. Il fait breveter son invention sous le nom d’Eclipse. Dans le dispositif qu'il a mis au point, le toit disparaît automatiquement dans le coffre de la voiture. La manœuvre, qui ne prend que quelques secondes, est commandée par une tringlerie compensée par des sandows, une solution simple et économique qui a fait ses preuves dans l'aviation.
Paulin recherche une entreprise apte à mettre en œuvre son invention. Ce sera le célèbre carrossier Marcel Pourtout, installé à Bougival. La première voiture réalisée selon la technique de l'Eclipse est une Panhard. Pourtout va appliquer l'Eclipse à différents modèles de plusieurs marques, dont Peugeot, par l’intermédiaire du concessionnaire parisien Darl’mat, et Lancia. Devant le succès de la formule, Sochaux l’inscrit à son catalogue.Si les Peugeot Eclipse sont intégrées à la gamme du constructeur en 1935, elles sortent des ateliers Pourtout de Bougival. Le brevet sera ensuite cédé à Peugeot et les 402 Eclipse seront construites sous licence à La Garenne. D'abord actionnée par un moteur électrique, la commande de la tringlerie se fera ensuite manuellement pour des raisons de fiabilité.
Peugeot 402 Eclipse 2ème version
© D.R.L’Eclipse sera mise en œuvre sur plusieurs modèles Peugeot : 301, 401, mais surtout 601 et 402. Présentée au salon de Paris de 1934, la 401 s’intercale entre la 601 et la 301, dont elle reprend le quatre cylindres réalésé à 1,7 litre. Elle ne sera construite que pendant un an avant de s’effacer au profit de la 402. Seulement 79 exemplaires seront construits de la 401 Eclipse (à commande électrique). Le prix de la voiture est de 34 750 francs contre 27 000 francs pour le cabriolet classique.
Présentée au salon de 1935, la 402 Eclipse est dotée d’une commande électrique. Un an plus tard, elle est remplacée par un nouveau modèle établi sur le châssis long de 3,30 mètres d’empattement, qui lui permet d’accueillir quatre places au lieu de deux. La commande est désormais manuelle et mécanique. En 1938, la roue de secours sera fixée à l’extérieur du coffre à bagages.
Peugeot 402 Eclipse
© Peugeot
La 601 Eclipse n’est disponible que sur la deuxième version du modèle qui apparaît en 1935. Elle est construite sur le châssis à empattement normal (601 D). Cette superbe carrosserie sera particulièrement appréciée dans les concours d’élégance.
Peugeot 601 Eclipse
© D.R.En 1935, Marcel Pourtout réalise une 601 Eclipse très spéciale à la demande de Marcel Pagnol. C’est Georges Paulin, devenu le styliste attitré de Pourtout, qui en dessine la carrosserie. En signant une ligne avant-gardiste de style entièrement ponton, Paulin se révèle un pionnier du design automobile. Présentée par Josette Day, l’épouse de Marcel Pagnol, cette exceptionnelle création remporte le premier prix du concours d'élégance de Monaco en 1935, avant d'apparaître dans le film Le Schpountz tourné par Pagnol en 1937.
L’invention de Georges Paulin sera reprise dans les années cinquante par Ford Etats-Unis sur la Fairlane 500 Skyliner de 1957. Avant que Mercedes ne la redécouvre en 1996 avec le SLK et que, grâce à Stuttgart, Peugeot retrouve ses racines en proposant cette excellente technique sur la 206 CC. On connaît la suite.
Peugeot 601 Eclipse
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La saga ALPINA :Lorsqu'il commence à bricoler sa Fiat 1500 dans le garage d'un ami, Burkhard Bovensiepen est sans doute loin d'imaginer jusqu'où le mènera cette passion. D'ailleurs, les premiers pas ne sont guère convaincants : avec son gros carbu, ses cames au profil plus pointu et son échappement libéré, la Fiat 1500 a certes gagné en performances (de 67 à 75 ch !), mais elle s'est également mise à cracher une fumée bleue peu rassurante. Bovensiepen abandonne les Fiat.
En 1963, BMW lance la 1800 au grand dam des propriétaires de BMW 1500, qui se sentent quelque peu floués : la nouvelle venue est plus performante, pour un tarif similaire. Bovensiepen flaire le bon coup. Le bloc de la 1500 étant alimenté par un malheureux carburateur simple corps, Bovensiepen bricole un kit permettant de monter deux double carbus Weber sur des tubulures d'admission plus courtes. La puissance passe de 80 à 92 ch, en échange de la modique somme de 980 marks, pose comprise. La première préparation Alpina est née !
Niki Lauda et Burkhard Bovensiepen
© D.RPeut-être aurait-elle été la dernière, si les bonnes fées de BMW ne s'étaient pas penchées sur le berceau d'Alpina : intrigués par le kit, les ingénieurs de Munich se procurent une 1500 préparée et sont admiratifs devant la qualité du travail. Ils apportent donc leur soutien à Bovensiepen, qui devient le premier préparateur officiellement reconnu par un constructeur. Un cadeau d'une valeur inestimable pour le petit artisan : en effet, grâce à cette bénédiction, les propriétaires de BMW peuvent profiter des bonnes uvres d'Alpina sans pour autant annuler la garantie du constructeur.
Parallèlement, Bovensiepen prépare des voitures pour la compétition et finit par faire d'Alpina le département compétition de BMW, qui ne conserve la main que sur la Formule 1. Pour le reste, les BMW-Alpina sont partout : courses d'endurance, rallyes, courses de côte A leur volant, des pilotes parmi les meilleurs du plateau (comme Jacky Ickx, James Hunt, Hans Stuck ou Niki Lauda) font des étincelles. En 1973, les BMW-Alpina 3.0 CSL remporteront même le Championnat d'Europe des voitures de tourisme mais n'allons pas trop vite.A la fin des années 60, BMW lance la 2002, modèle mythique de la marque. Alpina retravaille le moteur, et parvient à sortir 165 ch au lieu des 130 de la 2002 tii d'origine ! C'est presque autant que la 2002 Turbo qui sortira un an plus tard (1974), mais pour 1500 marks de moins, et sans le turbo lag si apte à rompre le fragile équilibre du châssis. En outre, l'Alpina 2002 consomme beaucoup moins, un atout de poids à la veille du premier choc pétrolier.
BMW Alpina 2002 tii© D.RDécidément très impressionné par le travail rigoureux et efficace du préparateur, BMW lui confie le développement d'un modèle particulièrement important en termes d'image de marque : le coupé 3.0 CSL, évolution ultime de la série des CS apparue fin 1968. Le " L " supplémentaire signifie " leicht " (léger). Grâce à sa carrosserie fabriquée par Karmann, utilisant de nombreuses pièces en alliage léger, et des vitrages en plexiglas, la BMW 3.0 CSL affiche un poids réduit de 200 kg. Avec sa suspension raffermie, la 3.0 CSL est une merveille d'efficacité Mais la discrétion n'est pas son fort : les contraintes de l'aérodynamique ont poussé les ingénieurs d'Alpina à la doter d'un kit carrosserie particulièrement voyant. Seule signature du préparateur (dont le nom n'apparaît nulle par sur la carrosserie) : les jantes aluminium reprennent le dessin à bâtons cher à Burkhard Bovensiepen. Dans la foulée, Alpina commercialise également une version préparée du coupé CSL, dont le six cylindres voit sa puissance portée à 250 ch. La BMW-Alpina 3.0 CSL affiche des performances extraordinaires pour l'époque : 243 km/h, 6,7 s sur le 0 à 100 km/h, 0 à 200 km/h en 27,1 s. Pour trouver aussi performant, il faut chercher du côté des grosses GT produites par Ferrari ou Aston-Martin mais c'est beaucoup plus cher !
Niki Lauda sur BMW Alpina 3.0 CSL 1973
© D.RAprès une dernière victoire en Championnat d'Europe des voitures de tourisme en 1977 (Dieter Quester au volant d'une BMW-Alpina 3.5 CSL), le préparateur se retire de la compétition pour se recentrer sur les voitures de tourisme. Et pendant que Bovensiepen se découvre une passion pour l'nologie (Alpina importe des vins, activité qui occupe aujourd'hui une quinzaine d'employés de la société), la marque entame une petite révolution.
En 1978, Alpina présente une gamme complète : B6 (une BMW Série 3 à moteur six cylindres, quand les versions de série se contentent de quatre cylindres), B7 Turbo (une Série 5 suralimentée de 300 ch, qui devient la berline la plus rapide du monde) et B7 Turbo Coupé (un coupé Série 6 de 300 ch). Ces trois modèles inaugurent en première mondiale une gestion entièrement électronique de l'alimentation et de l'allumage. Cinq ans plus tard, Alpina est reconnu par l'administration allemande comme un vrai constructeur.
Alpina © D.RAprès un bref retour à la compétition en 1987 et 1988, dans le championnat supertourisme allemand, Alpina dévoile la plus folle de ses réalisations : la B10 Biturbo. Une BMW 535i dont le six cylindres, dopé par deux turbocompresseurs, délivre la bagatelle de 360 ch et 520 Nm de couple ! Malgré un poids de limousine (1695 kg), la B10 Biturbo atteint 290 km/h, passe de 0 à 100 km/h en 5,2 secondes et effectue le kilomètre départ arrêté en 24,7 s. Des performances que n'atteint pas l'actuelle BMW M5 ! En conditions d'adhérence délicates, il est même possible de limiter la fougue du moteur : une molette sur la console centrale permet de moduler la pression de suralimentation. La B10 Biturbo marque l'apogée du préparateur. Entre début 1989 et fin 1993, 507 exemplaires sortiront des chaînes d'Alpina.
Alpina © D.RPendant ce temps, le département Motorsport de BMW propose des produits de plus en plus aboutis : la deuxième génération de M3, performante, extrêmement homogène et placée à un tarif très compétitif, rencontre un grand succès. La M5 voit ses performances progresser de façon continue. Chez Alpina, c'est l'heure du doute.
Alpina B12 Coupé
© D.RMais le géant de Munich n'oublie pas le nain de Buchloe. Fin 1996, BMW confie à Alpina le développement d'un moteur diesel à hautes performances. Deux ans et demi plus tard, la D10 Biturbo - sur base de BMW Série 5 - est dévoilée au salon de Genève. Son six cylindres de 2,9 litres suralimenté par deux turbocompresseurs à géométrie variable développe 245 ch et 500 Nm de couple, et fait de la D10 Biturbo la plus rapide des berlines diesel Un vrai laboratoire roulant pour BMW.
Alpina semble aujourd'hui avoir retrouvé son équilibre. Après les démonstrations de force des années 80, la gamme actuelle affiche des ambitions plus modestes : occuper les niches laissées vacantes par le géant BMW. Des débouchés qui suffisent à faire le bonheur de la petite marque, pour laquelle l'exclusivité - 850 voitures sortent des chaînes chaque année - est un argument de vente.
Alpina D10
© D.RFaites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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