• CISITALIA 360 Grand Prix:

    La Cisitalia 360 de Grand Prix représente le rêve de Piero Dusio. Après avoir réussi avec la petite D 46, il entend maintenant jouer dans la cour des grands. Le projet est des plus ambitieux. Dusio met la barre très haut, il veut le meilleur. La voiture devra être exceptionnelle, originale et différente de toutes les autres monoplaces de la classe supérieure. Et elle devra les battre.

    Pour réussir ce pari, Giovanni Savonuzzi suggère à Piero Dusio de se mettre en contact avec les auteurs des Mercedes et Auto Union d’avant guerre : « Personne ne sera en mesure de faire mieux ». Savonuzzi prend langue avec le bureau Porsche en Autriche, et le 3 février 1947, deux conventions sont signées entre Piero Dusio et Ferry Porsche, sa sœur Louise Piëch et l’ingénieur Karl Rabe, fidèle collaborateur de Ferdinand. La famille Porsche a obtenu des conditions financières très favorables, qui lui permettront de payer aux Alliés le tribut nécessaire à la libération du « Professeur » emprisonné en France et de démarrer la construction des premières Porsche à Gmünd, en Autriche.
    CISITALIA 360 Grand Prix
    © D.R.

    Une prestigieuse équipe entre chez Cisitalia, corso Peschiera à Turin : Karl Rabe, directeur technique du projet, l’ingénieur Rudolf Hruska, ancien de chez Porsche, Robert Eberan Eberhorst, auteur de l’Auto Union Type D de 1938, conseiller technique, Erwin Komenda, responsable des carrosseries Auto Union, auteur de la ligne de la 360, et Carlo Abarth promu directeur sportif de Cisitalia. Quant au pilote désigné pour maîtriser la machine, il n’est rien moins que le grand champion Tazio Nuvolari.

    La 360 présente de nombreux points communs avec la Flèche d’argent Auto Union Type D (12 cylindres trois litres suralimenté). Très sophistiquée, elle a recours à des alliages et métaux spéciaux (et fort coûteux) : le magnésium pour le groupe motopropulseur, le nickel chrome molybdène pour le châssis tubulaire.
    CISITALIA 360 Grand PrixCISITALIA 360 Grand Prix
    © D.R.

    Le moteur, un douze cylindres boxer à quatre arbres à cames en tête de 1492 cm3, est disposé en position centrale arrière. Super carré (cotes de 56 mm x 50,6 mm), il est équipé d’un vilebrequin entièrement démontable. Alimenté par deux carburateurs Weber double corps et boosté par deux compresseurs volumétriques, il développe théoriquement 400 ch à 12 000 tr/mn. Une cavalerie qui doit permettre à la 360 d’atteindre les 300 km/h. La transmission à quatre roues motrices est débrayable à l’avant au choix du pilote et la boîte de vitesses possède cinq rapports.

    La suspension à quatre roues indépendantes fait appel à des barres de torsion transversales à l’avant et longitudinales à l’arrière — une technique chère à Porche. Les freins reçoivent quatre mâchoires et deux pistons. Quant aux réservoirs de carburant, ils prennent place dans les flancs.
    CISITALIA 360 Grand PrixCISITALIA 360 Grand Prix
    © D.R.

    Mais la conception et la construction de la 360 se révèlent extrêmement onéreuses, d’autant que le projet accuse beaucoup de retard. Le chantier est poursuivi contre toute raison, débouchant sur un gouffre financier. La voiture engloutit les ressources de l’entreprise et en janvier 1949 la crise financière éclate. Le tribunal accorde toutefois la poursuite du projet, la 360 étant à peu près montée. Sinon prête à courir…

    On s’affère. Au banc, le moteur atteint 511 ch ! On prépare deux autres moteurs et deux châssis. Mais lucide, Rudolf Hruska insiste auprès de Piero Dusio pour qu’il mette fin à l’aventure. La réponse est imparable : « Je me ruine, mais je fais la Grand Prix ! »
    CISITALIA 360 Grand PrixCISITALIA 360 Grand Prix
    Tazio Nuvolari au volant de la 360
    © D.R.

    Le financement nécessaire pour aller plus loin ne pourra toutefois être trouvé et la 360 ne parviendra jamais au terme de son développement. De toute manière, il était bien tard puisqu’en 1952, la réglementation du championnat du monde de Formule 1 allait être modifiée (deux litres atmosphérique).

    Après avoir été exposée au salon de Turin de 1950, la 360 part en janvier 1951 en Argentine, où Piero Dusio s’est installé et a créé Autoar. Ce n’est qu’en 1953, au terme d’une mise au point complexe et d’essais difficiles, qu’elle fera ses premiers tours de roues lors d’une présentation au public argentin sur l’autodrome de Buenos Aires. Le travail sur la voiture se poursuivra jusqu’en juin pour une interminable série d’essais consécutifs à de nombreuses défaillances techniques : grippage récurrent des pistons du banc de cylindres gauche, perte du capot arrière dû à une aérodynamique imparfaite, etc. Les techniciens argentins ne parviendront jamais à régler le problème de perforation des pistons.
    CISITALIA 360 Grand Prix
    La boite de vitesse et le pont arrière
    © D.R.

    Dès lors, la voiture sera abandonnée dans un coin d’atelier chez Autoar. En 1958, elle sera acquise par un pompiste de Buenos Aires. Retrouvée par hasard deux ans plus tard, elle sera aussitôt achetée par Porsche grâce à l’intervention de Huschke von Hanstein, le directeur sportif de la marque. Elle est aujourd’hui l’une des perles du musée de Zuffenhausen. Un second exemplaire, jamais terminé mais resté en Italie, a rejoint le musée de Donington en Angleterre.

    Singulier destin que celui de cette machine extraordinaire conçue pour écraser la concurrence, mais qui ne participa jamais à la moindre course. Un terrible échec ? Non, un sublime échec.
    CISITALIA 360 Grand PrixCISITALIA 360 Grand Prix
    La 360 au salon de Turin 1950
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  • La saga de CISITALIA
     
    Cisitalia est le rêve réalisé d’un riche industriel passionné d’automobiles, Piero Dusio. Créateur il y a cinquante ans de la célèbre 202, Dusio, sportif, footballeur et pilote de talent, investit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale une part de sa fortune dans la création de Cisitalia. Fondée en 1946 à Turin, Corso Peschiera, la marque, dont le nom est la contraction de « Consorzio Industriale Sportiva Italia », s’attire la compétence de Dante Giacosa, le grand ingénieur Fiat disponible en raison de la destruction des usines de Turin par les bombardements.
     Historique Cisitalia
    Cisitalia 202
    © D.R.
     
    Giacosa crée la D 46, une petite monoplace fabriquée à partir des éléments mécaniques de la Fiat 1100 Balilla, tandis que le champion transalpin Piero Taruffi assume le rôle le conseiller de Dusio pour la compétition et celui de pilote d’essai.

    Légère et agile, la D 46 est simple et économique, des qualités en phase avant la difficile période de l’après-guerre. Elle va connaître un succès considérable, s’imposant dans un nombre incalculable d’épreuves en Italie comme à l’étranger. Elle contribuera à la résurrection du sport automobile dans une Italie qui commence à sortir de l’effondrement consécutif à la guerre.
     Historique Cisitalia
    Cisitalia D46
    © D.R.
     
    Habile, Piero Dusio organise des courses réservées à la D 46, qu’il gère pour son compte. En 1947, une tournée, de suite baptisée « Croisière Cisitalia », prend le chemin de l’Egypte, où vingt-deux D46 sont expédiées. Trois courses sont prévues. Dusio entraîne avec lui, outre Taruffi, le jeune Alberto Ascari, alors débutant, et des pilotes confirmés comme Louis Chiron, Antonio Brivio, ou Tadini, le roi du Stelvio. Franco Cortese s’impose au Caire en présence du roi Farouk, qui lui remet une coupe en or. Mais la course n’a pas été une réussite populaire et les deux autres épreuves programmées à Heliopolis et à Alexandrie seront annulées.
     Historique Cisitalia
    Piero Dusio en 1946 au volant de la D46
    © D.R.
     
    Mais quand on pense Cisitalia, on songe d’abord à la 202. Ce chef-d’œuvre du design signé Pinin Farina a connu le privilège d’être exposé au MOMA (il l’est toujours), le musée d’art moderne de New York. Un exemple à méditer pour les musées français… Ce modèle mythique de la seconde moitié du XXe siècle dérive de la D 46. Dante Giacosa
 en initia l'étude sur les mêmes bases. Dotée d’un châssis élargi, la voiture sera ensuite développée par Giovanni Savonuzzi, autre ingénieur de grand talent, après le retour de Giacosa chez Fiat. En course, la 202 s’illustrera notamment aux Mille Milles de 1947, où le spider de Nuvolari manquera de peu la victoire malgré la très faible puissance de la machine. Sa deuxième place constituera néanmoins un triomphe pour Cisitalia.

    Ces années brillantes vont être suivies d’une période de déclin fatal. Si la production de la 202 ne s’avère guère rentable malgré son prix élevé, c’est le coût exorbitant du développement et de la construction de la Formule 1 type 360 qui va conduire à la ruine. Conçue par Ferdinand Porsche, cette magnifique machine à quatre roues motrices et moteur central suralimenté de 1,5 litre sera obsolète avant d’avoir pu prendre part à la moindre course en raison du changement de formule opéré en 1952 (deux litres atmosphérique).
     Historique Cisitalia
    Cisitalia Type 360
    © D.R.
     
    A la fin de 1948, les ouvriers occupent l’usine et un fournisseur demande une mise sous séquestre. L’entreprise survit malgré tout. Tandis que son fils Carlo lui succède à la tête de la firme au début des années cinquante, Piero Dusio s’installe en Argentine, où il fonde l'Autoar. Avec la bénédiction de Peron, quelques milliers d’exemplaires d’un break baptisé PWO (Proyecto Willys Overland) seront produits avec une mécanique dérivée de la Jeep Willys.

    Non avare d’idées, Piero Dusio souhaiterait construire une voiture de gabarit supérieur à la 202 à partir d’organes mécaniques Ford, qu’il diffuserait aux Etats-Unis. Rendez-vous est pris avec Henry Ford II, qui apprécie la 202 qu’il possède. Intéressé, l’Américain envoie à Racconigi, près de Turin où Cisitalia a migré, moteurs, boîtes de vitesses, transmissions et suspensions. Savonuzzi conçoit le châssis. Appelée 808 XF, cette voiture élégante équipée d’un V8 de 4,2 litres et 145 ch restera à l’état de prototype.
     Historique Cisitalia
    © D.R.
    Savonuzzi travaille également pour faire évoluer la 202 et la relancer. La voiture reçoit un deux litres (130 ch), et même un 2,8 litres (165 ch) d’origine BPM (Botta & Puricelli - Milano), entreprise qui fabrique des moteurs marins. Baptisée 202 D, elle est présentée au salon de Genève 1952, parallèlement à une version à quatre places de la 202. Elle fait aussi une brève apparition aux Mille Milles. Environ cinq exemplaires seront construits dont un spider.

    La marque perdra le peu de lustre qui lui reste en produisant des dérivés de Fiat. A l’image de la 505 DF, extrapolée en 1953 de la 808 XF mais dotée du moteur de la Fiat 1900 accouplé à une boîte hydraulique. Ou du séduisant coupé 33 DF Volaradente motorisé en 1954 par le groupe de la Fiat 1100. Les derniers modèles Cisitalia seront les 750 GT et 850 GT dérivés de la Fiat 600, jusqu’à la fin de la marque en 1965. On était loin de la 202…
     Historique Cisitalia
    Fiat Cisitalia 750 GT et 850 GT
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