• ROLLS ROYCE Silver Shadow :

    Avec la Silver Shadow, Rolls-Royce est sorti des écuries royales. En abandonnant l'aristocratique et très britannique forme de la Silver Cloud, la marque a perdu de sa superbe. Après un temps de gestation pachidermique — dix ans de conception et de mise au point —, cette voiture inaugure, en octobre 1965, une ère nouvelle pour la marque. Elle en battra du reste tous les records de production au cours d'une carrière longue de quinze ans.

    Plus qu'une étape, la Silver Shadow représente pour le constructeur de Crewe une rupture historique et un véritable aggiornamento technique. Abandonnant le châssis séparé, la voiture se présente comme la première monocoque autoportante de la marque. Tout comme elle est la première Rolls-Royce équipée de quatre roues indépendantes. La nouvelle suspension arrière se voit épaulée par un correcteur d'assiette hydraulique, qui utilise le brevet Citroën.
    ROLLS ROYCE Silver ShadowROLLS ROYCE Silver Shadow
    Silver Shadow I
    © D.R. / Rolls-Royce

    Mais ce qui apparaît comme une révolution chez Rolls-Royce ne représente qu'une tardive actualisation. Car ce recours à des solutions techniques modernes a été depuis longtemps consacré par tous les constructeurs : la structure monocoque par Vauxhall en 1937 et par Ford Dagenham en 1950. Crewe apparaît bien comme une citadelle du conservatisme.

    Avec sa silhouette abaissée et anguleuse, la Silver Shadow consacre également le passage de Rolls-Royce à la ligne ponton. Certes, on parlera de banalisation et l'on objectera que la voiture perd sa spécificité britannique. Il n'empêche, la forme très homogène est emprunte d'une noble élégance et le profil révèle un remarquable équilibre des proportions.
    ROLLS ROYCE Silver ShadowROLLS ROYCE Silver Shadow
    Silver Shadow I
    © D.R. / Rolls-Royce

    Son gabarit réduit fait de la Silver Shadow la plus petite des Rolls-Royce avec une longueur de 5,17 mètres. Surtout elle perd dix centimètres en largeur par rapport à sa devancière. Moins spacieuse, elle prend ainsi les traits d'une simple berline quatre places. Nous sommes loin du carrosse royal… Cette révolution "démocratique" est révélatrice de notre époque. La majorité des Silver Shadow seront désormais conduites non par un chauffeur mais par leur propriétaire… devenu "owner driver".

    Première Rolls-Royce à recevoir des freins à disques, la Silver Shadow en est dotée sur les quatre roues. Son système de freinage apparaît du reste comme un modèle de sophistication, avec un triple circuit assisté. Autre nouveauté, une direction assistée et équipée d'un amortisseur est livrée en série.
    ROLLS ROYCE Silver ShadowROLLS ROYCE Silver Shadow
    Silver Shadow I
    © D.R. / Rolls-Royce

    Le V8 de 6,2 litres est identique à celui de la Silver Cloud III. Les voitures destinées au marché intérieur reçoivent la transmission GM Hydramatic à quatre vitesses, tandis que celles construites pour l'exportation, donc à conduite à gauche, bénéficient de la nouvelle Hydramatic Turbo à trois rapports — elle équipera tous les modèles à partir de 1968. Modifié en 1970, le moteur voit sa cylindrée passer à 6750 cm3.

    Le passage à la carrosserie autoportante a donné le coup de grâce aux carrossiers. Park Ward et H. J. Mulliner sont repris par Rolls-Royce, avec pour conséquence une certaine standardisation de la production, également nouvelle pour la marque. Ils réaliseront en 1966 un très élégant coupé. Seul demeure James Young, qui transforme en coupé une cinquantaine de berlines fournies par l'usine. Une version à châssis long fait son apparition en 1969.
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    Silver Shadow I                                                                                                    ISilver Shadow coupé
    © D.R. / Rolls-Royce / Gilles Bonnafous

    Pour faire face à la concurrence et en attendant la sortie d'un nouveau modèle, la Silver Shadow subit un lifting en 1977. Présentée au Salon de Genève, cette Silver Shadow II reçoit, sous une carrosserie identique, un certain nombre d'améliorations mécaniques, comme (enfin) une direction à crémaillère. Elle est identifiable à la forme modifiée des pare-chocs et à la présence d'un bouclier, qui réduit la hauteur de la calandre. La version longue de la Silver Shadow II devient Silver Wraith II, une appellation qui la distingue du modèle normal.

    C'est sous cette forme que prend fin, en 1980, la carrière du modèle, qui a conforté sa position sur le marché américain et, signe des temps, a connu une forte expansion au Moyen-Orient.
    ROLLS ROYCE Silver ShadowROLLS ROYCE Silver Shadow
    Silver Shadow II
    © D.R. / Rolls-Royce

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  • ROLLS-ROYCE Silver Cloud :
     
    D’une grande élégance, ses lignes fluides font de la Silver Cloud la plus belle de toutes les Rolls-Royce à carrosserie usine. Malgré des proportions imposantes, aucune lourdeur. Que de la majesté et de la distinction. Les créations spéciales des carrossiers n’égaleront que rarement la parfaite réussite de la voiture d’usine.

    La Silver Cloud succède à la Silver Dawn en 1955. Elle est toujours construite sur un châssis séparé, une technique archaïque qui permet toutefois aux clients qui le souhaitent de faire réaliser la carrosserie par une grande maison, à l’image de James Young, Hooper ou Mulliner. Mais dans leur grande majorité, les Silver Cloud seront dotées d’une carrosserie usine. Deux versions d’empattement sont disponibles, 3,12 mètres et 3,22 mètres.
    ROLLS ROYCE Silver CloudROLLS ROYCE Silver Cloud
    Silver Cloud I                                                                                Silver Cloud II cabriolet Mulliner
    © D.R. / Rolls-Royce
     
    Le moteur dérive de celui de la Silver Wraith, un six cylindres en ligne à soupapes opposées — en tête à l’admission, latérales à l’échappement. D’origine fort ancienne, ce 4,9 litres bénéficie sur la Cloud d’une nouvelle culasse en alliage léger. Deux carburateurs SU remplacent l’unique carburateur des Wraith et Dawn. La voiture atteint ainsi les 160 km/h et court le 0 à 100 km/h en 13 secondes, un chiffre flatteur pour une limousine de grand luxe de l’époque. Le tout dans un silence de cathédrale. Construite sous licence par Rolls-Royce, la transmission automatique General Motors Hydramatic à quatre vitesses est désormais montée en série. Le reste relève de la dotation traditionnelle avec une suspension arrière à pont rigide (ressorts à lames) et quatre freins à tambours.

    S’il a beaucoup évolué au fil des décennies, le six cylindres Rolls-Royce en fonte arrive en bout de développement — sa conception remonte à 1922 avec le lancement de la Twenty. La Silver Cloud I sera la dernière six cylindres de Crewe. Le modèle connaît en 1959 sa première évolution en recevant un tout nouveau groupe. Ainsi naît la Silver Cloud II, qui consacre le passage de Rolls-Royce au V8. Un aggiornamento dicté par le marché d’outre-Atlantique, qui constitue le principal débouché commercial de la marque avec le Royaume-Uni. D’ailleurs l’avant-projet du moteur a été réalisé par la General Motors.
    ROLLS ROYCE Silver CloudROLLS ROYCE Silver Cloud
    Silver Cloud II châssis long                                                                                   Silver Cloud III
    © D.R. / Rolls-Royce

     

    L’imposant V8 de 6,2 litres à course courte et vilebrequin monté sur cinq paliers est réalisé en aluminium, bloc et culasses (interchangeables). Il est également équipé de poussoirs de soupapes hydrauliques. On évalue sa puissance à une valeur proche de 200 ch à 4500 tr/mn. Malgré ses 1820 kilos, la vitesse approche les 180 km/h. En conduite soutenue, la consommation flirte avec les trente litres aux cent kilomètres…

    Si les freins sont toujours à tambours (!), la direction reçoit une assistance en série. Nouveauté, la caisse est montée sur des silentblocs qui l’isolent du châssis. Ceci a pour effet d’améliorer encore le silence proverbial de la Rolls. De l’extérieur, la voiture est strictement identique à sa devancière. Par contre, l’habitacle est gratifié d’un tableau de bord entièrement nouveau, dont les instruments sont groupés derrière le volant (au centre de la planche de bord sur la Silver Dawn).

    Est-ce pour contrer la concurrence de la Mercedes 600 annoncée pour l’année suivante que Rolls-Royce présente à la fin de 1962 la Silver Cloud III ? Techniquement, l’allemande va se révéler très supérieure : freins à disques, suspension à quatre roues indépendantes avec amortisseurs pneumatiques, moteur à injection. Pourtant, la voiture de Stuttgart ne parviendra jamais à inquiéter commercialement la Silver Cloud, pas plus que la Silver Shadow.
    ROLLS ROYCE Silver CloudROLLS ROYCE Silver Cloud
    Silver Cloud III
     
    Quoi de neuf sur la Silver Cloud III ? Quelques perfectionnements qui concernent le moteur légèrement plus puissant, un système de freinage à deux circuits et une face avant qui cède à la mode des quatre phares. Ceux-ci sont, avec la disparition des feux de position sur les ailes avant, le seul élément extérieur d’identification de la voiture. La transmission est confiée à la version à trois rapports de l’Hydramatic General Motors.

    Outre la berline, la Silver Cloud a, au cours de ses dix ans d’existence, reçu quelques carrosseries de coupés et de cabriolets — Mulliner a ainsi réalisé 107 cabriolets sur la Cloud II. Quant aux versions longues, elles ont surtout été carrossées par James Young. Ce sont des limousines d’apparat destinées à de riches personnalités ou à des têtes couronnées, à l’image de celle commandée au concessionnaire parisien par le roi Hassan II du Maroc (une version à deux portes).

    Dernière Rolls-Royce à châssis séparé, la Silver Cloud s’efface au profit de la Silver Shadow lancée en 1965. Au cours de sa brillante carrière, elle a battu, avec près de 7500 exemplaires construits, tous les records de production de la firme. Elle est aujourd’hui « la » Rolls-Royce aux yeux des collectionneurs.
    ROLLS ROYCE Silver Cloud
    Silver Cloud III Cabriolet Park Ward
    © D.R. / Rolls-Royce
     
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