•  La R8 Gordini en course :

    En France, la R8 Gordini a constitué une révolution dans le monde du sport automobile. Avant elle, les pilotes amateurs devaient, pour avoir une chance de figurer à une place de choix, acquérir un matériel sophistiqué, trop cher pour la majorité d’entre eux. Or, pour un prix défiant toute concurrence, la «Gorde» leur a permis de disputer la victoire à des modèles beaucoup plus onéreux. Elle fut ainsi l’école de toute une génération et nombreux sont les pilotes qui ont débuté leur carrière à son volant, dont plusieurs futurs as de la Formule 1. On citera à titre d’exemples Jean-Pierre Jarier, Bernard Darniche, Alain Cudini, Jean-Pierre Jabouille et Jean-Luc Thérier.
     La R8 Gordini en course
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    La R8 Gordini entame son palmarès dès 1964 au Tour de Corse, où, Vinatier, dans des conditions atmosphériques dantesques, signe la première victoire de la «Gorde». Un succès complété par une réussite d’ensemble puisque quatre Gordini figurent parmi les huit rescapées de l’épreuve. Dès lors, les qualités d’agilité et de maniabilité de la voiture trouveront sur les routes escarpées de l’île de beauté leur terrain d’élection. Nouveau succès en 1965, où deux prototypes motorisés par un 1296 cm3 sont engagés, la victoire revenant à Orsini. Et l’édition 1966 du Tour de Corse offre à la Gordini, équipée d’un moteur 1440 cm3, l’une de ses plus belles victoires : Jean-François Piot devance Jean Rolland associé à Augias sur Alfa Romeo GTA et Vic Elford sur Porsche 911.
     La R8 Gordini en course
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    Pour ses clients sportifs, Renault propose un kit homologué en groupe 2, dont la réglementation autorise l’augmentation de la cylindrée par réalésage dans la limite de 1,2 millimètre. Le kit est constitué de quatre pistons et quatre chemises, d’un arbre à cames spécial et d’un jeu de ressorts de soupapes. La cylindrée passe à 1296 cm3 par l’alésage porté à 75,7 mm et, avec un rapport volumétrique de 11,5 à 1, la puissance grimpe à 125 ch à 7400 tr/mn. La transmission bénéficie d’une boîte à rapports courts et d’un différentiel autobloquant. Un pot d’échappement Abarth, une direction Ferry plus directe et des pneumatiques de 165 x 13 complètent l’équipement. La vitesse annoncée est de 190 km/h.
     La R8 Gordini en course
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    En six ans de carrière, la Gordini va se forger un remarquable palmarès. Grâce à elle, des noms sortent de l’anonymat dès la première année de compétition : Jean-Pierre Nicolas au rallye Mistral, Vinatier dans le Lyon-Charbonnières, puis Piot dans la Coupe des Alpes et Gérard Larrousse au Critérium des Cévennes. La Gordini s’imposera également au rallye des Fleurs et au rallye des trois villes Munich-Vienne-Budapest. Homologuée en groupe 1 en fin de saison 1967, elle remportera d’innombrables victoires de catégorie, notamment au Critérium des Cévennes et dans le Lyon-Charbonnières en 1968, au rallye de Monte-Carlo et au critérium Neige et Glace l’année suivante.
     La R8 Gordini en course
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    Tout naturellement, la R8 Gordini s’est attiré la faveur des jeunes notamment à travers la célèbre coupe Gordini. Organisée à partir de 1966 à l’initiative de la revue Moteurs, la Coupe de France des R8 Gordini concerne d’abord toutes les disciplines, course de côtes, rallyes et circuits. Son règlement évoluera dès l’année suivante, limitant les épreuves aux circuits.
     La R8 Gordini en course
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    La Coupe provoque l’enthousiasme des foules grâce au caractère spectaculaire des célèbres glissades de la voiture. Celle-ci acquiert une immense popularité et toute une génération de jeunes pilotes, formée à son volant, lui conservera un attachement profond. Les exemplaires préparés pour la Coupe affichent une vitesse de pointe et des accélérations à peine améliorées par rapport au modèle de série, conséquence de la sévérité du règlement qui interdit notamment de toucher aux réglages de carburation. Par contre, leur tenue de route nettement amendée leur permet de boucler le circuit routier de Montlhéry à la remarquable moyenne de 120 km/h.

    De plus, à travers la Formule France, la Coupe Gordini jouera le rôle de tremplin pour les futurs grands champions. Motorisée par le moteur de la Gordini, cette nouvelle compétition constitue le point de départ d’une filière dont l’aboutissement est la Formule 1. A partir de 1968, Renault offrira une monoplace de Formule France au vainqueur de la Coupe Gordini, point de départ vers les sommets.
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  • R8 Gordini 1500 :

    La construction de la R8 Gordini 1500 tient à une initiative personnelle d’Amédée Gordini, prise en dehors de toute commande de Renault. Une audace dont le sorcier était coutumier. En effet, il existait déjà une version compétition de 1,5 litre (1440 cm3) mais à arbre à cames latéral. Or pour un passionné de belle mécanique, rien ne vaut un double arbre à cames en tête.

    La conception du moteur R8 Gordini offrait la possibilité de jouer avec la hauteur du carter cylindres, ce qui facilitait l’extrapolation de plusieurs cylindrées. La différence se faisait à la fois par l’alésage et la course. Après le 1100 cm3 et le 1300 cm3, le 1500 cm3 a été réalisé grâce à une augmentation de l’alésage porté à 75,7 millimètres, la cylindrée exacte étant de 1470 cm3.
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    Le moteur monté sur la Gordini est le sixième d’une petite série. Il s’agit d’un type 58 C. La lettre C — pour carburateurs — permet de distinguer cette mécanique d’une version équipée de l’injection Kugelfischer qui fournissait 150 ch. Gavé par deux Weber double corps 40 DCOE, le 1500 double arbre développe une puissance estimée entre 130 ch et 140 ch. Doté d’un carter sec, il reçoit une boîte à huile d’une contenance de six litres qui prend place sur la partie gauche du compartiment moteur. Deux radiateurs d'huile complètent l’équipement.

    Les rapports de la boîte de vitesses ont été modifiés pour rattraper la différence de régime entre le 1500 cm3, qui monte à 8000 tr/mn, et le 1300 de série qui plafonne à 6750 tr/mn. L’embrayage est également spécifique. Quant à la transmission, elle bénéficie d’une pignonnerie renforcée avec des cardans et des arbres de roues plus largement dimensionnés.

    Autre particularité, le radiateur d’eau de la Gordini 1500 a été déplacé vers l’avant, où sa grille prend place sous le pare-chocs. Si, à l’instar de la Gordini de production, la voiture possède deux réservoirs d'essence, elle bénéficie pour celui disposé à l’arrière d’un orifice de remplissage extérieur. Une pompe électrique est installée sous la voiture au niveau de la porte arrière droite.
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    Pour parer à l’augmentation des performances, le système de freinage a été renforcé et deux servofreins ont élu domicile dans le coffre avant. De même, les bras de suspension antérieurs ont été consolidés à l'aide d'une tôle. Et pour rigidifier la caisse à l’avant, un étai en forme de T est fixé dans le coffre sous la roue de secours.

    L’habitacle s’avère pratiquement identique à celui de la Gordini de production : sellerie en skaï noir et grand levier de vitesses voisinant avec le robinet des réservoirs placé sur le plancher. Sept cadrans habillent la planche de bord : thermomètre d'eau, compte-tours gradué jusqu'à 8000 tr/mn et tachymètre jusqu’à 200 km/h. A la droite du tableau de bord, deux petits cadrans abritent la jauge d'essence et l’ampèremètre, alors que le manomètre de pression d'huile et le thermomètre d'huile sont placés dans le vide-poche.

    L’installation du moteur 1500 double arbre dans la R8 Gordini correspondait à la volonté d’aligner la voiture en rallyes. Bien qu’elle ait participé au Tour de Corse en 1967, le projet ne connut pas de suite. Conçue pour la compétition, la voiture n’avait pas vocation à être commercialisée. Et le développement du moteur était loin d’être abouti.

    Nous avons eu le privilège de prendre le volant de la R8 Gordini 1500, qui se trouve aujourd’hui au musée de l’Automobile de Lohéac. A l’image de toute mécanique sophistiquée, le fauve exige un réveil en douceur. La mise en route nécessite une période de préchauffe au régime de 2000 tr/mn. Au terme de cette attente, le ralenti parvient à se stabiliser aux alentours de 900 tr/mn. Quelques coups d’accélérateur libèrent alors les cris rageurs du double arbre tandis que l’échappement crache le feu.

    Lancée sur la piste, la voiture révèle sa personnalité de bête de course. A savoir un caractère très pointu, qui lui vaut une totale absence de souplesse. Il est impératif de toujours conduire dans les tours, c'est-à-dire au-delà du seuil des 4000 tr/mn. En dessous de ce régime, il ne se passe pas grand-chose. La puissance brille par son absente et le quatre cylindres ratatouille joyeusement. La barrière des 4000 tr/mn franchie, le double arbre Gordini commence à s’éveiller et les montées en régime se révèlent franches jusqu’à 8000 tr/mn. Pour le reste, le comportement routier de la voiture s’avère proche de celui de la R8 Gordini 1300.
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  • R8 Gordini 1300 :

    Inhérents au développement d’une voiture nouvelle, quelques pêchés de jeunesse affectent la R8 Gordini à ses débuts, à l’instar du mécanisme d’assistance de freinage. Il est vrai que c’est la première fois que l’Hydrovac Bendix est monté sur une Renault. La parade sera rapidement trouvée, contrairement au blocage de la boîte de vitesses, qui mettra longtemps — environ deux ans — à être solutionné. Celui-ci se manifeste lorsqu’un pilote abordant un virage à trop grande vitesse se voit contraint de rétrograder rapidement de troisième en deuxième. La voiture se retrouve alors sans aucune vitesse engagée et le conducteur découvre une situation peu enviable, due au fait que les axes de fourchettes ont quitté la position normale du point mort. La solution consistera en la réduction drastique du jeu de l’extrémité du doigt de sélection dans les encoches des axes de fourchette.
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    La R8 Gordini remporte un vif succès qui dépasse largement les attentes de Billancourt. Fort de cet engouement, Renault décide d’aller plus loin en dotant la voiture d’une mécanique plus puissante et mieux armée en compétition. En novembre 1965, un prototype motorisé par un 1296 cm3 remporte le Tour de Corse. Après cette victoire, la Régie décide de commercialiser une version légèrement dégonflée à 1255 cm3. Apparue en juillet 1966, la nouvelle R8 Gordini de série dérive donc de ce proto. Outre la réduction de la cylindrée, le moteur (type 812) subit quelques modifications propres à en assurer la fiabilité. Avec un alésage de 74,5 mm pour une course inchangée de 72 mm, il prend le caractère d’une mécanique super carrée. Toujours alimenté par deux carburateurs double corps (mais des Weber ont remplacé les Solex), il développe 110 ch SAE à 6750 tr/mn — 103 ch selon les nouvelles normes entrées en vigueur. Quant au couple, il se trouve sensiblement amélioré avec 12,7 mkg à 5000 tr/mn. On note parmi les autres modifications le montage d’un alternateur.

    A cet apport de vitamines s’ajoute une boîte de vitesses à cinq rapports. Un changement important qui permet de tirer le meilleur parti du moteur tout en améliorant l’agrément de conduite. Auteur de cette nouvelle transmission, Amédée Gordini, qui avait le génie de transformer des organes mécaniques, a trouvé le moyen de loger une cinquième vitesse dans la boîte existante. Par ailleurs et pour faire face à l’accroissement des performances, la voiture bénéficie de nombreux renforts. Ils concernent l’embrayage, les freins, la suspension qui est durcie, ainsi que la carrosserie. De plus, un second réservoir de 26 litres prend place dans le coffre avant, assurant à la voiture une capacité de 66 litres.
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    La R8 Gordini 1300 est reconnaissable extérieurement à sa calandre à quatre phares, équipée de deux nouveaux projecteurs à iode, ainsi qu’à ses roues élargies à 4,5 pouces — chaussées de pneus Dunlop SP Sport. L’intérieur reçoit un tableau de bord plus complet, ainsi qu’un nouveau volant à trois branches, spécifique au modèle et qui remplace le volant emprunté à la Major de la version 100.

    La voiture s’enorgueillit de performances dignes de modèles très supérieurs. Sa vitesse de pointe avoisine les 178 km/h, tandis que les 400 mètres départ arrêté sont parcourus en 17,3 secondes et le kilomètre en 32 secondes. Mais ce sont surtout le couple et l’agrément de conduite qui profitent de l’augmentation de la cylindrée et que tous les conducteurs de la Gordini se plaisent à souligner. La moyenne de 115 km/h obtenue sur le circuit routier de Montlhéry classe la Gordini 1300 au niveau de la DS 21, de la Mercedes 250 SE et de la BMW 1800 TI. Le marché des berlines n’offre aucun modèle à quatre vraies places comparable. Le rapport prix-performances se révèle unique et la voiture est souveraine dans son créneau.
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    On connaît la tenue de route de la R8 Gordini et son exceptionnelle agilité, qui requiert des talents d’équilibriste lorsque la voiture est conduite à sa limite. Sujette à un fort roulis, elle paie sans doute son confort. Le carrossage négatif des roues arrière arrive à être annulé, la roue intérieure au virage perdant alors son adhérence. Sous-vireuse en virages à court rayon, elle se transforme en survireuse dans les courbes. Et la direction manque sensiblement de précision pour corriger au mieux les comportements de danseuse de la belle bleue… Grâce à sa suspension durcie et à ses roues élargies, la Gordini 1300 bénéficie toutefois d’une meilleure stabilité.

    Contrairement à la 1100 qui a été construite en rafales, la R8 Gordini 1300 est produite en petite série au rythme de 25 exemplaires par jour. Cette cadence permet d’atteindre le cap des 1000 voitures autorisant l’homologation en catégorie Tourisme et Spéciales dès janvier 1967. Dans ce groupe 2, cependant, la Gordini affronte des voitures le plus souvent conçues spécialement pour la compétition. La décision est donc prise par la Régie de poursuivre la fabrication pour atteindre au début du second semestre 1967 le chiffre de 5000 unités ouvrant droit à la catégorie Tourisme de série (groupe 1).
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    La production se poursuivra jusqu’en juin 1970, date à laquelle la voiture s’effacera au profit de la R12 Gordini. Mais avec cette dernière, ce sera le monde à l’envers en passant du tout à l’arrière au tout à l’avant ! Choisie pour des raisons commerciales par Renault, cette lourde sous-vireuse sera motorisée par le quatre cylindres 1565 cm3 de la R16 TS.

    Au total, 8981 Gordini 1300 sont sorties des chaînes de la Régie, qui s’ajoutent aux 2626 exemplaires de la version 1100 cm3. La voiture n’a subi aucun changement notable. Tout au plus doit-on signaler l’apparition de nouvelles teintes de carrosserie au salon de Paris de 1968. Le bleu perd son exclusivité au profit du blanc, du jaune et du rouge, couleurs suivies pour le dernier millésime du modèle par les coloris gris Sauge, bleu moyen (une nuance moins soutenue) et vert foncé. Mais elles seront peu prisées par la clientèle, qui restera fidèle au célèbre bleu de la « Gorde »…
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  • R8 Gordini 1100 :

    Le sorcier Amédée Gordini a d’abord ensorcelé des mécaniques Fiat avant de se pencher, dans les années trente, sur les Simca qu’il transforme en bêtes de course pour les 24 Heures du Mans. Après la guerre, il construit de manière artisanale des monoplaces à mécaniques Simca dans son atelier du boulevard Victor. Jusqu’en 1956, des Gordini de Formule 1 et Formule 2 se battent contre les grandes écuries, offrant leur volant notamment à Jean Behra. Mais le combat est inégal compte tenu des maigres ressources financières dont dispose l’entreprise. Confronté à d’inextricables problèmes d’argent, Amédée Gordini jette l’éponge en 1957 et décide de mettre son talent au service de la Régie Renault.

    Le nom d’Amédée Gordini est associé pour la première fois à Renault avec la Dauphine Gordini présentée au salon de Paris de 1957. Mais il ne faut pas s’emballer. Avec seulement 7 ch supplémentaires, puis dix, par rapport au modèle standard, soit 40 ch et 125 km/h, il ne s’agit pas un foudre de guerre ! Les choses sont un peu plus sérieuses avec la Dauphine 1093, qu’il convient d’évoquer bien qu’elle ne porte pas le nom de Gordini. Le 845 cm3 de 55 ch entraîne la sympathique petite voiture blanche à bandes bleues à 140 km/h. Elle sera produite de décembre 1961 à 1964.
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    Avec la R8 Gordini, c’est d’une tout autre histoire dont il s’agit. Avec elle, on change de catégorie. Présentée en mai 1962 et réellement diffusée à partir de septembre, la R8 a pour vocation de remplacer la Dauphine, dont elle reprend l'architecture générale. Grâce au traitement Gordini, voici la très ordinaire berline métamorphosée par une mécanique de feu.

    C’est Georges Dalboussière qui, après avoir participé à la mise au point du prototype de la R8, se voit confier la coordination d’une version sportive de cette dernière — qui ne s’appelle pas encore Gordini. Le projet initial de la Direction générale de la Régie est de lancer une R8 aux performances améliorées, avec pour objectif une vitesse de pointe de 155 km/h, soit 20 km/h de plus que le modèle de base.
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    Amédée Gordini se penche sur le moteur de la R8, tout en développant parallèlement et de sa propre initiative une seconde version plus élaborée. Equipée d’une culasse hémisphérique en aluminium avec soupapes en V, cette dernière reçoit non pas un, mais deux carburateurs double corps Solex de 40 mm. Naturellement plus puissante, cette mécanique offre par ailleurs de plus larges possibilités quant à des développements ultérieurs. L’appétit venant en mangeant, c’est cette version qui est finalement retenue par les responsables de Renault. Et afin de profiter de la notoriété dont jouit le sorcier dans le milieu de la course, elle est baptisée Gordini.
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    La tâche consiste maintenant à monter le moteur Gordini dans la R8. L’adaptation a déjà été réalisée par le Centre technique de Rueil sur la R8 alignée au rallye Liège-Sofia-Liège de 1963. Toutefois, il est nécessaire de valider les solutions adoptées de manière artisanale avant de les industrialiser. Encore à l’état de prototype, le moteur passe par la direction des études de la Régie, où il subit quelques modifications en vue d’une production en petite série. De la même manière, tous les organes mécaniques de la voiture sont contrôlés par les différentes sections du bureau d’études : freins, suspensions, circuit électrique, etc. Deux prototypes sont réalisés, qui dans un premier temps tournent à Montlhéry où Georges Dalboussière procède à des essais de mise au point. Puis en juin 1964, ils sont conduits pour des tests d’endurance sur une partie de l’itinéraire du Liège-Sofia-Liège, essentiellement sur les terribles routes et pistes de Yougoslavie. Là, sur les chaussées défoncées, l’épreuve est rude et des pièces cassent, notamment les attaches d’amortisseurs.

    La R8 Gordini est dévoilée au public dans le cadre du salon de Paris de 1964. Elle se veut un compromis entre voiture sportive et modèle familial utilisable quotidiennement. A ce titre, elle conserve l’excellent confort de la R8. Extérieurement, elle se distingue de cette dernière par ses gros projecteurs de 200 millimètres et ses deux bandes blanches longitudinales. Inspirées de la Dauphine 1093, celles-ci ont été voulues par les stylistes de Rueil soucieux de donner un peu de piment et d’agressivité à un design qui en est cruellement dépourvu ! Dans le même esprit, elles sont placées sur le côté gauche de la carrosserie pour rompre la symétrique monotonie d’une banale caisse carrée. Elles sont également positionnées de manière à ce que l’espace qui les sépare se trouve dans l’axe de vision du conducteur. Quant à la couleur bleu, elle était incontournable. Deux projets avaient vu le jour : l’un retenant une nuance très proche du bleu des voitures françaises de compétition, l’autre d’une couleur plus soutenue, qui sera finalement adoptée sous la référence 418.
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    Le moteur est donc le 1108 ccm3 cinq paliers en fonte de la R8 Major — lancée en février 1964 —, un excellent bloc monté également sur l'Estafette et la Caravelle 1100 et qui sera encore utilisé sur la SuperCinq dans les années 90. Signé Gordini, le haut moteur se prévaut d’une culasse en aluminium à chambres de combustion hémisphériques. Avec un rapport de compression de 10,4 à 1 et deux carburateurs double corps, la puissance atteint 95 ch SAE à 6500 tr/mn — contre 50 ch à 4600 tr/mn pour la R8. Les conduits d’admission et d’échappement sont séparés et un radiateur d’huile fait son apparition — la voiture conserve un carter humide.
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    Empruntée à la R8 Major, la boîte de vitesses à quatre rapports synchronisés ne subit pas de modifications notoires. Quant aux quatre freins à disque, ils sont équipés d’un maître-cylindre de plus fort diamètre et surtout, ils reçoivent un servo à dépression Bendix Hydrovac installé dans le coffre avant. La direction à crémaillère voit sa démultiplication légèrement réduite, tandis que la suspension arrière bénéficie de quatre amortisseurs.

    Avec 170 km/h en pointe et le kilomètre départ arrêté en 33 secondes, Renault a fait très fort. Des performances énormes à l’époque pour une voiture de cette cylindrée, qui la placent aux côtés de l’Alfa Romeo Giulia TI et de la Mini Cooper S. Le tout pour un rapport prix-performances inégalable (11 500 francs à l'époque).

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  • Présentation :

    Voiture mythique, la R8 Gordini fut à sa manière une idole de l’époque yéyé, dont les photos concurrençaient dans certaines chambres d’adolescents les posters des chanteurs à la mode. La R8 Gordini ? Un sacré tube des sixties !
     Présentation de la R8 Gordini
    R8 Gordini 1300 1967
    © D.R
    Pour les passionnés, la R8 Gordini évoque une époque révolue, où les jeunes s’adonnaient avec gourmandise aux joies indicibles des glissades et des contre-braquages acrobatiques. Plaisirs politiquement incorrects, voire interdits de nos jours.

    Ces jeunes, ceux de la génération du baby boom, ont aujourd’hui quarante ans de plus, l’âge de la R8 Gordini. Ils ont la nostalgie de ces années soixante, qui les ont vus se former à la conduite automobile sur les «tout à l’arrière», voitures vivantes voire espiègles, dont la tenue de route bien assimilée réservait des sensations que les tractions d’aujourd’hui sont bien incapables de procurer. Ces formidables instruments d’apprentissage s’appelaient Dauphine et R8, les populaires de la Régie, mais aussi Simca 1000, et pour les étrangères, NSU Prinz, Fiat 850, Coccinelle et autre Hillman Imp.
     Présentation de la R8 Gordini Présentation de la R8 Gordini
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    De cet aréopage émergent quelques brillantissimes versions sportives, la R8 Gordini, la Simca 1000 Rallye et la NSU Prinz, sans oublier les Fiat Abarth. Mais seule la première a atteint en France l’extraordinaire popularité qui fut, et qui demeure encore la sienne. Conduire, que dis-je, piloter une R8 Gordini, c’était à l’époque appartenir à un clan uni par une chaleureuse complicité. Quand deux Gord se croisaient sur la route, elles ne manquaient pas de se saluer d’un appel de phares en signe de reconnaissance.
     Présentation de la R8 Gordini Présentation de la R8 Gordini
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    La R8 Gordini, qui a apporté à Amédée Gordini une large popularité, s’inscrit dans la lignée des petites bombes Renault inaugurée par la 4 CV 1063. Alignée au rallye de Monte-Carlo et aux Mille Milles, la puce de Billancourt s’illustra également aux 24 Heures du Mans de 1949 à 1952. Une aventure qui s’est poursuivie avec la Dauphine 1093 avant de connaître son apothéose avec la «Gorde».

    Dévoilée en 1964 au salon de Paris en cylindrée 1100, la Gordini atteindra sa pleine maturité deux ans plus tard avec l’évolution en 1300 cm3. Et nous n’avons pas oublié dans cet hommage la très exclusive double arbre d’Amédée Gordini dont le 1500 cm3 chante jusqu’à 8000 tr/mn.
     Présentation de la R8 Gordini
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     Présentation de la R8 Gordini Présentation de la R8 Gordini
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    C’est peu dire que la «Gorde» est vivante : passionnante, survireuse, danseuse mais loyale, tous qualificatifs qui expliquent l’incroyable capital de sympathie dont elle jouit. Ce sont des souvenirs de folies qu’elle évoque pour ceux qui ont eu la chance de la piloter en course, où elle a mis le feu aux circuits de la célèbre coupe Gordini. Qui ne se souvient des pelotons chauds bouillants de R8G, de ces furieux embouteillages au sein desquels la voiture faisaient admirer ses déhanchements et ses positions invraisemblables où les roues étaient toujours braquées dans le mauvais sens du virage… Elle fut ainsi l’école de conduite de toute une génération et nombreux sont les pilotes qui ont débuté leur carrière à son volant, dont plusieurs futurs as de la Formule 1.

    Dernière des Renault survitaminées à mécanique en porte-à-faux arrière, la R8 Gordini s’effacera en 1970. C’est peu dire que celle qui lui a succédé, la R12 Gordini, l’ait remplacée dans le cœur de ses nombreux aficionados. L’héritage sera repris plus tard par la R5 Turbo...
     Présentation de la R8 Gordini Présentation de la R8 Gordini
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