• SIMCA ARONDE P60 :
    P60. Quelle est donc la signification de cette mystérieuse appellation ? Il y en a plusieurs. L’officielle est la suivante : P est l’initiale de Personnalisée et 60 annonce que la voiture sera l’Aronde des années soixante. La « personnalisation » insiste sur le fait que la P60 sera fabriquée selon le goût du client à partir de 17 harmonies possibles de couleurs de caisse. Mais de l’aveu même d’Henri Pigozzi, la lettre P renvoie aussi à l’usine de Poissy, qu’il présente comme la plus moderne d’Europe.

    Il existe une autre explication, plus malicieuse. En 1958, au moment du lancement de la voiture, Henri Pigozzi fête ses 60 ans. La réussite de Simca est son œuvre et à défaut de porter son nom, la dernière des Aronde, immense succès de la marque et source de son rayonnement, arborerait son initiale accolée à son âge…
    SIMCA Aronde P60SIMCA Aronde P60
    La Simca P60

    La P60 fait ses grands débuts au salon de Paris 1958 après avoir été présentée à la presse au mois d’août. Homme de communication, Henri Pigozzi a invité des vedettes à faire la promotion de la voiture, à l’image de Claude Bessy, danseuse étoile de l’Opéra de Paris. On verra aussi Annie Girardot au volant de la P60.

    La quatrième génération de l’Aronde se caractérise par un profond remodelage esthétique. Modernisée, la ligne de la P60 a gagné en élégance. La grande calandre concave en forme de gueule vorace, qui domine un pare-chocs doté de butoirs en caoutchouc, fait partie des traits majeurs de la nouvelle robe. Tout comme le nouveau pavillon, plus haut et au toit presque plat, qui favorise l’habitabilité et offre à l’habitacle une belle luminosité. Nettement agrandie, la lunette arrière déploie son profil panoramique sous un surplomb du toit. A l’intérieur, la planche de bord entièrement redessinée possède un tachymètre à ruban, une formule très en vogue à l’époque et adoptée également par Mercedes sur la génération W 110 et 111.
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    Petula Clark présente la P60 Rush à Enghien en juin 1961
    © D.R.
    Fréquente chez les constructeurs américains, la multiplication de l’offre de couleurs de caisse, et leurs combinaisons, constitue une nouveauté en France. Elle permet aussi de généraliser la bichromie déjà mise en place sur les Vedette. En un temps où le parc automobile français fait grise mine avec ses teintes tristement sombres, les harmonies de couleurs vives font grosse impression auprès de la clientèle. « Simca apporte de la couleur dans votre vie », vante la pub.

    La « personnalisation » a nécessité l’adaptation de l’outil de production pour que cadences et modèles puissent être rapidement modifiés. On parlerait aujourd’hui de flexibilité… Les nouvelles chaînes de Poissy sont contrôlées par un cerveau électronique, qui permet de suivre le parcours de chaque carrosserie et de la personnaliser dans la phase de peinture. En somme, la préhistoire de la programmation informatique, clé de voûte du processus de production aujourd’hui.
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    Simca P60 Grand Large, 1959                                           Simca P60 Monaco, 1959
    © D.R
    Fidèle à sa politique, Pigozzi a développé autour de la P60 tout un éventail de modèles — les équivalents de la génération Aronde 1956. L’Elysée et la Grand Large, une berline deux portes sans montants, reçoivent le 1300 cm3 Flash de 48 ch, tandis que la Montlhéry, au tempérament un tantinet sportif, est dotée du Flash Special de 57 ch. Par rapport à la génération précédente, les performances apparaissent en léger recul en raison d’une aérodynamique moins fine et d’un poids plus important.

    Quant à la Monaco, une très élégante berline deux portes sans montants, c’est une Grand Large de haut de gamme équipée, comme la Rue de la Paix de la génération précédente, du moteur de la Montlhéry. La première Monaco a été offerte à la princesse Grace, qui ne s’en est jamais servie… En plus de la bichromie, les carrosseries reçoivent une décoration latérale sous la forme d’une flèche guillochée et argentée sur l’Elysée et la Grand Large, cannelée et argentée sur la Montlhéry, cannelée et dorée sur l’exclusive Monaco.
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    Simca P60 Montlhéry, 1959                         Simca P60 Montlhéry Flash Spécial, 1962
    © D.R

    Au salon 1959, Simca lance un nouveau bas de gamme, qui se substitue à l’Aronde Deluxe maintenue en production l’année précédente avec la ligne Océane 1956. C’est l'Etoile 6 (pour 6 CV fiscaux), une voiture dévitaminée et déchromée motorisée par le 1090 cm3 de sa devancière (40 ch). Apparaît également une Etoile 7 dotée du 1300 cm3. En même temps, pour favoriser la souplesse de la suspension, toutes les P60 reçoivent des ressorts hélicoïdaux à l’arrière. Et nouvel extra pour l’ensemble de la gamme, l’option Grand-Air offre un toit ouvrant souple en toile plastifiée, licence allemande Webasto. C’est également à fin 1959, donc avec un an de retard, que les utilitaires (Messagère, Artisanale, Châtelaine) bénéficient de la ligne P60. Quant au break Ranch, luxueusement traité et seul « utilitaire » profitant de la bichromie, il est dopé par le Flash Special de la Montlhéry.
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    Simca P60 Etoile 6                                               Simca P60 Elysée Grand Air, 1961
    © D.R
    Après le plumage, Simca s’occupe du ramage de la P60. Le nouveau quatre cylindres à cinq paliers arrive à la fin 1960 et équipe toute la gamme dans diverses versions de puissance : 1090 cm3 de 42 ch (Etoile 6), 1300 cm3 de 52 ch (Etoile 7 et Elysée), Rush Super de 62 ch (Montlhéry, Monaco et Ranch) et Rush Service de 48 ch pour les utilitaires. L’année suivante, le Rush Super sera porté à 70 ch (devenant Rush Super M) et équipera la Montlhéry Spéciale et la Monaco Spéciale, deux modèles pouvant recevoir en option, et pour la première fois sur une Simca quatre places, une peinture métallisée.

    Mais la base de la P60, qui remonte au début des années cinquante, a beaucoup vieilli. Dépassée, l'Aronde est à bout de souffle et le renouvellement de la gamme s'impose. La dernière P60 quitte la chaîne de montage le 22 mai 1963. Depuis 1951, plus d’un million d’Aronde ont été produites, toutes générations confondues. En 1963, Simca lancera deux berlines à la ligne séduisante, la 1300 et la 1500. Elles seront suivies de nombreuses évolutions, y compris sous la marque Talbot.
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    Simca P60 Messagère, 1960                                               Simca P60 Ranch, 1960
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    Fiche collection

    Un nom d'oiseau...


    Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit le proverbe. L'Aronde (hirondelle en vieux français) né en avril 1951 fit en revanche celui de Simca. Peu sophistiquée mais élégante et bénéficiant d'une présentation soignée, elle survola avec succès le paysage automobile pendant treize ans.

    Lorsqu'en novembre 1934, un groupe d'industriels et de financiers décide de créer la S.I.M.C.A. (Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Industrielle), il ne s'agit encore que d'assembler en France des modèles Fiat conçus à Turin. Si la marque connait d'abord la notoriété avec la Simca 5 (une copie de la célèbre 500 Topolino), puis à la Libération avec une Simca 8, dérivée de la Fiat 1100, elle souhaite cependant se démarquer de la maison-mère. Henri-Theodore Pigozzi, son bouillant administrateur nourrit, en effet, d'autres ambitions et veut faire de Simca une marque française à part entière. Dès 1948, il lance l'étude d'un nouveau modèle destiné non seulement à prendre la succession de la vieillissante Simca 8, mais aussi à capable de répliquer à la berline Peugeot 203. Premier modèle entièrement conçu par le bureau d'études de la firme à Nanterre, la Simca 9, qui prendra rapidement le nom d'Aronde, joue résolument la carte de la séduction.

    Elaborée à l'issue d'une vaste enquête auprès du public (une première en France), elle est taillée sur mesure pour répondre aux goûts du moment: une élégance inspirée des Italiennes avec une silhouette faite de courbes sensuelles (rondelette diront certains!) et un modernisme emprunté aux Américaines très en vogues alors. De ces dernières, l'Aronde reprend une carrosserie moderne, style pont, avec les ailes totalement intégrés à la carrosserie, une coque autoporteuse, mais aussi une foule de petits détails: une planche de bord habillée de plastique, un levier de vitesses au volant, une profusion de chromes et raffinement suprême, une trappe à essence dissimulée derrière le feu arrière gauche! Elle se veut également accueillante avec un système de chauffage efficace pour l'époque, deux boîtes à gants à couvercle escamotable, un plafonnier à allumage automatique lors de l'ouverture des portes et un siège conducteur réglable... Autant d'éléments de conforts alors inconnus à ce niveau de gamme sur des petites berlines familiales.

    Fille de pub !

    A la limite de la berline luxueuse, l'Aronde reste cependant très classique sur le plan mécanique. Dérivé de la Simca 8, le rustique quatre cylindres se montre toutefois plutôt alerte, tandis que freinage et tenue de route se révèlent satisfaisants. Rien de révolutionnaire donc, mais une bonne voiture pour l'époque, robuste et dynamique. Dotée de réelles qualités, pleine de charme avec sa silhouette moderne arborant des coloris vifs qui tranchent avec la grisaille de l'époque, l'Aronde va rencontrer immédiatement sa clientèle. Un succès d'autant plus grand que Simca réussit très rapidement à livrer ses Aronde pratiquement sans délai alors qu'il fallait compter plus de 18 mois pour se rendre acquéreur d'une Peugeot 203! Elletiendra le haut de l'affiche pendant treize ans et permettra ainsi à Simca de devenir le second constructeur français derrière la Régie Renault. Pourtant, pendant toute cette période, elle n'évoluera que fort peu. Seule une habile publicité fera croire à l'événement permanent et à de constantes évolutions.

    La seule modification notable sur le plan mécanique consiste, en effet, au montage d'un nouveau moteur 1300 baptisé d'abord "Flash", puis "Rush" en 1955. Simca, mettra en revanche beaucoup plus de zèle à produire de multiples versions, elles mêmes déclinées en de nombreuses finitions. L'ensemble des modèles étant bien sûr restylé et rebaptisé à un rythme soutenu pour brouiller judicieusement les pistes! Ainsi, de la première Aronde rondouillarde de 1951 à l'ultime version P 60 de 1963 aux ailes effilées, il faudrait presque un annuaire pour recenser toute la gamme! Un véritable produit à "l'américaine", hautement standardisé et remarquablement bien vendu qui reste aujourd'hui très attachant dans le paysage des "anciennes".

    En bref

    Moteur : 4 cyl. en ligne
    Cylindrée : 1221 puis 1280 cm3
    Puissance : 45 et 48 ch
    Vitesse maxi : 125 et 131 km/h
    Production : + de 1,4 millions d'ex.

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