• Fritz SCHLUMPF

     

    Les secrets de l'automobile

    Fritz Schlumpf, l’homme qui aimait trop les Bugatti

    Fritz Schlumpf, l’homme qui aimait trop les Bugatti


    C’est l’histoire d’une passion folle. Celle de Fritz Schlumpf, un homme qui se serait damné pour les plus belles autos du monde. Et qui, pour cela a sacrifié son entreprise. Ce fut le prix à payer pour ce qui est aujourd’hui l’un des plus extraordinaires musées du monde

     

    L’histoire des frères Schlumpf débute près de Milan. Hans naît en 1904. Deux ans plus tard apparaît le cadet, Fritz. Très vite privés de leur père, négociant en textile décédé en 1919, ils suivent leur mère Jeanne en Alsace. C’est là qu’ils feront leurs premiers pas dans la finance.
    Fritz devient un expert et un habile spéculateur. A la fin de la crise économique des années 30, il fait partie de l’élite de la finance française. L’argent amassé va servir à l’achat d’une filature. Pour gagner de l’argent Fritz est prêt à tout. Jusqu’à faire installer sur le toit de l’usine, pendant la guerre, un drapeau à croix gammée... N’étant jamais à court l’idée, il saura, le moment venu, faire allégeance aux Anglais.
    Le groupe Schlumpf s’agrandit, il englobe à présent les filatures Erstein, Gluck & Cie de Mulhouse, les tissages Deffrenne & Cie de la région de Roubaix. Les Schlumpf possèdent également des caves à champagne, l’Hôtel du Parc à Mulhouse et plusieurs autres affaires immobilières. Maintenant que les industries Schlumpf sont prospères, Fritz peut laisser la garde de l’ensemble à son frère, pendant qu’il s’adonne à son passe-temps favori : la collection automobile.
    Ce sont les Bugatti qui ont les primeurs de Fritz. Inconditionnel du créateur de la marque, Ettore Bugatti, qu’il a côtoyé vers 1930. Fritz est bien décidé à ramener les automobiles de Molsheim dans leur patrie d’origine.

    Le fou de Bugatti

    Il se met en quête et achète toutes les Bugatti qu’il peut se procurer et à n’importe quel prix. C’est ce qui est très mal vu des autres collectionneurs, qui n’apprécient pas que sa passion aveugle fasse monter ainsi les cours.
    Fritz est partout, courant les ventes de par le monde, achetant toute collection qui posséderait ne serait-ce qu’une œuvre de Molsheim. Avec la vente des biens mobiliers de Bugatti, en 1963, la collection prend un nouvel essor. Etaux, outils divers et variés portant la griffe Bugatti changent de propriétaire, ainsi qu’une vingtaine de voitures plus ou moins complètes dont plusieurs prototypes, et la voiture personnelle d’Ettore Bugatti : une Royale (le Coupé Napoléon).
    Moins d’un an plus tard, Fritz Schlumpf achète la collection américaine Shakespeare. Un train spécial chargé de trente Bugatti, dont un autre exemplaire des six Royale construites, arrive à Mulhouse.

    Le sanctuaire des trésors

    Dorénavant, Fritz et Hans Schlumpf possèdent la plus grande collection de Bugatti au monde.
    Cependant, il faut un endroit pour ranger ces merveilles. C’est une ancienne filature désaffectée de Mulhouse qui servira de sanctuaire. On recrute jusqu’à trente ouvriers pour s’occuper de la restauration des modèles. Ils sont tenus de garder le silence sur leur activité.
    Pour faire bonne figure, l’intérieur du musée à été aménagé. Cinq cents candélabres – répliques de ceux du pont Alexandre III – éclairent l’ensemble de la collection. Dans le hall d’entrée trône la photo de Jeanne Schlumpf, plus loin un monumental orgue d’aspect baroque donne le ton de l’ensemble de l’établissement. Les voitures, bien soigneusement rangées sur des plates-formes recouvertes de fin gravier, forment un ensemble impressionnant par la quantité.
    En 1965, les Schlumpf organisent l’unique opération portes ouvertes. Le public est composé d’une douzaine de personnalités. Fritz autorise même la présence de la presse…mais le seigneur des lieux interdira la publication des photographies.

    La descente aux enfers

    Face à toutes ces dépenses, l’équilibre financier du groupe Schlumpf devient précaire. Hans doit user de son influence pour faire comprendre à son cadet que sa marotte peut les conduire tout droit à la faillite. Mais Fritz ne veut rien entendre. Dans sa folie, il retire tout investissement à ses usines pour le reporter sur sa monstrueuse collection qui se compose maintenant de plus de 400 véhicules dont 122 Bugatti.
    Quand vient l’heure des bilans, les pertes sont considérables. Ce qui n’empêche pourtant pas Fritz de continuer ses achats. Cependant, sans doute lassé par les incessantes remontrances de son aîné, ou lassé de faire rentrer de l’argent pour sa collection, au printemps 1976 Fritz Schlumpf prend la décision d’ouvrir dans un avenir proche le musée. Malheureusement, il est déjà trop tard...

    Les premières journées d’octobre 1976 marquent le début de la révolte des ouvriers des filatures. Cinq cents d’entre eux prennent alors position devant la villa de Schlumpf, ils coupent l’eau et l’électricité.
    Des cris fusent : "Schlumpf en prison, Schlumpf en prison !". C’est l’arrivée de 120 policiers qui fera sortir les frères Schlumpf. Ayant toujours conservé la nationalité helvétique, ils prennent le train pour Bâle et laissent derrière eux le chaos.

    Car l’effondrement de l’empire Schlumpf provoque 6000 licenciements. La collection devient la seule garantie des créanciers. D’une valeur de 80 millions de francs, elle peut servir de monnaie d’échange. C’est donc le gouvernement français qui prend en charge la dette du musée.

    Après les émeutes, vient le temps de l’incertitude. Que va faire l’Empire français ? Les collectionneurs s’interrogent : vendra, vendra pas. Exaspérés par la lenteur de leurs dirigeants, les syndicalistes investissent le musée le 7 mars 1977. Ils ouvrent les portes à plusieurs centaines de curieux ravis de l’aubaine.

    Dans sa chambre en Suisse, Fritz Schlumpf le sait : il ne reverra plus ses chères automobiles.

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  • Commentaires

    1
    Philou
    Mardi 7 Juillet 2009 à 12:15
    Le commentaire est bien document?ais avec un parti pris certain ... En tant que passionn?e voitures anciennes, personnellement, je respecte beaucoup Fritz SCHLUMPF collectionneur avant tout le monde ?ne ?que o?rsonne ne s'int?ssait aux vieilles "ferrailles".
    L'auteur de l'article aurait peut ?e pr?r?ue toutes ces Bugattis aient ? d?uites ?0%, les 10% restant ?nt cach?dans les garages de milliardaires am?cains ou japonais ? Gr? ?ui le p?in moyen que je suis peut admirer aujourd'hui une vraie Bugatti 35

    On pourrait ?loguer des heures sur cette affaire mais, surtout, les passionn?que nous sommes ne doivent pas tomber dans le politiquement correct; il est en effet plus facile de tirer ?oulets rouges sur cet homme aujourd'hui disparu, que de s'interroger sur la carri? fulgurante de Jean Kaspar, pourfandeur des "m?ants patrons"...
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