• WILLYS OVERLAND Jeepster :

    Véhicule insolite par son design, le Jeepster apparaît également très original dans son concept. Comment un véhicule de loisirs aussi moderne témoignant de l'état d'avancement économique de la société qui l'a engendrée, cette singulière voiture ne pouvait naître qu'aux Etats-Unis.
    WILLYS OVERLAND JeepsterWILLYS OVERLAND Jeepster

    Après la guerre, les dirigeants de Willys-Overland souhaitent réintégrer au plus vite le marché de la voiture de tourisme. Mais la marque n'a pas les moyens de sa politique, car elle ne dispose plus des équipements nécessaires à la production de modèles de ce type. Aussi, en attendant de lancer une berline conventionnelle, décide-t-on à Toledo, de poursuivre la production de la Jeep sous une forme civile, la CJ, ainsi que de proposer un break deux portes à caractère familial et utilitaire, le Station Wagon.

    Extrapolé du break, le Jeepster est lancé en mai 1948. Baptisé Jeepster Sports Phaeton, il s'agit d'un véhicule de loisirs disponible uniquement en décapotable, qui emprunte à la Jeep sa ligne sportive. Conçue pendant la guerre par Brooks Stevens, cette voiture séduisante et originale, qui évoque les phaétons d'avant guerre, constitue l'un des derniers vrais roadsters construits aux Etats-Unis.

    Si le Jeepster reprend au break le châssis et l'ensemble de ses organes mécaniques, il se présente comme une propulsion classique —il n’existera jamais en quatre roues motrices. La suspension avant indépendante, dite Planadyne, est constituée d'un ressort à lames transversal inférieur et de bras supérieurs, tandis qu'on trouve à l'arrière un essieu rigide.

    Dans son genre, le Jeepster apparaît comme fort réussi. Très typé, il avait fière allure en 1948. Brooks Stevens a su le doter d'habiles récurrences à la forme de la Jeep, vedette de la guerre et héroïne de la liberté. On pense notamment à la forme anguleuse des ailes. Et dans une face avant assez haute, la calandre reprend le légendaire motif de la Jeep, rehaussé en son centre d'un motif chromé en forme de T, dont la forme évoque celle d'une colonne antique. Sa carrosserie à deux portes est équipée, comme tout roadster, de volets latéraux en matière plastique. Bien entendu, le maniement de la capote se fait manuellement. Celle-ci se révèle d'ailleurs très inesthétique, et la voiture gagne beaucoup à être décapotée. Par contre, la roue de secours montée sur la poupe apparaît comme un sympathique clin d'œil aux années trente.
    WILLYS OVERLAND JeepsterWILLYS OVERLAND Jeepster
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    La voiture subit en 1950 un heureux remodelage de sa face avant, commun du reste au break et au pick-up. La calandre, désormais à profil en V, se voit ajouter cinq barres horizontales chromées, tandis que les ailes avant se voient dotées de formes galbées. Aujourd'hui, l'ensemble paraît chargé d'un parfum assez kitsch, surtout avec les flancs blancs, mais le Jeepster est, d'une certaine manière, une voiture à prendre au second degré.
    La partie mécanique ne saurait constituer l'aspect le plus convaincant de la voiture. Elle reçoit en effet le valeureux, mais peu brillant Go Devil de la Jeep, un quatre cylindres latéral de 2,2 litres porté à 63 ch. Celui-ci est accouplé à une boîte de vitesses à trois rapports (première non synchronisée), équipée en option d'un overdrive. Ainsi gréé, le Jeepster atteint la vitesse de 100 km/h. A partir de 1949 cependant, il bénéficie en option du six cylindres Lightning de 2434 cm3, également latéral, qui développe quelque 72 ch. Les versions dotées du six cylindres se distinguent alors par le chiffre 6 qu'elles arborent sur le capot.

    WILLYS OVERLAND JeepsterWILLYS OVERLAND Jeepster

    WILLYS OVERLAND JeepsterWILLYS OVERLAND Jeepster
    © D.R

    L’aura du Jeepster et le souvenir qu'il a laissé dans le cœur des amateurs paraissent très supérieurs à son succès commercial. Car seulement 19 131 voitures auront été produites au cours d'une carrière qui n'aura duré que trois ans (dont plus de la moitié pour la première année). Plus que son prix assez élevé, le caractère marginal de ce type de voiture en explique sans doute la faible diffusion. Arrivé trop tôt, ce modèle précurseur possédait sur son temps une avance qui la commercialement pénalisé.

    Très prisé par les collectionneurs américains, le Jeepster jouit d'une cote flatteuse outre-Atlantique. Et les six cylindres, dont seulement 653 exemplaires ont été produits en 1949 et 1778 en 1950, apparaissent comme les plus recherchés. Au chapitre des curiosités, signalons que la Gendarmerie belge a possédé un Jeepster qu'elle utilisa comme véhicule de parade…

    Ancêtre, tout comme le Wagon, des tout-terrain d’aujourd’hui, le Jeepster apparaît surtout comme une voiture branchée avant la lettre. Du reste, on l'imagine volontiers dans un cadre tropézien. Et bien qu'il ne s'agisse pas d'un 4 x 4, on peut le considérer comme le pionnier des véhicules de loisirs contemporains, dont il a devancé la mode d’une quarantaine d’années.

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  • VOLVO P1900 :

    La P 1900 constitue un épisode singulier de l’histoire Volvo. Si la voiture fut un échec, elle représente une aventure non dépourvue d’intérêt. Constructeur de voitures fiables et sérieuses, Volvo surprend quand la marque annonce en 1954 son intention de produire une voiture de sport. Assar Gabrielsson, le patron de la firme a ses raisons. Voyageant fréquemment aux Etats-Unis, il a remarqué l’intérêt que portent les Américains aux roadsters européens comme les MG et Triumph.

    Gabrielsson compte également se servir de ce modèle comme outil promotionnel pour le lancement de la PV 444 aux Etats-Unis. Il prend en exemple la Chevrolet Corvette lancée en 1953 et équipée d’une carrosserie fabriquée en polyester renforcé de fibre de verre. Il se rend en Californie chez Glasspar, entreprise pionnière dans l’utilisation du plastique pour les voitures et les bateaux, qui accepte de construire une carrosserie de ce type pour la future Volvo.
    VOLVO P 1900VOLVO P 1900
    © Volvo

    Les choses sont menées rondement. Glasspar dessine rapidement la carrosserie, qui ne sera retouchée par Volvo que sur quelques détails. Après quoi, vingt carrosseries sont fabriquées en Californie et livrées en Suède comme le prévoit le contrat. Pour la suite de la fabrication, Volvo prendra le relais.
    La P 1900 reprend la base mécanique de la PV 444. Mais cette dernière étant une monocoque, il faut fabriquer un châssis spécifique pour la nouvelle voiture. Ce sera une structure en tubes d’acier et entretoises. L’empattement de la PV 444 est ramené de 2,60 mètres à 2,40 mètres.

    VOLVO P 1900VOLVO P 1900

    © Volvo

    Sous le capot prend place le nouveau moteur type B 14A, évolution plus musclée du quatre cylindres de 1,4 litre de la PV 444. Le taux de compression a été augmenté, l’arbre à cames modifié et les soupapes d’admission agrandies. Gavé par deux carburateurs SU, ce groupe délivre la puissance de 70 ch à 5500 tr/mn. Les autres éléments mécaniques proviennent de la PV 444, dont la triste boîte de vitesses à trois rapports, à première non synchronisée, tout à fait inadaptée à une voiture de sport. Un moment envisagé, le projet d’une boîte ZF à cinq rapports a finalement été abandonné. Ainsi gréée, la P 1900 file à 150 km/h.
    VOLVO P 1900VOLVO P 1900
    © Volvo

    Le tout premier prototype, équipé d’un pare-brise panoramique à l’américaine, ne sera jamais présenté au public. Les trois exemplaires suivants, dotés d’un pare-brise plat, sont présentés à grand renfort de publicité en juin 1954 sur l’aéroport de Torslanda, à Göteborg. Suit une tournée promotionnelle en Suède dans les concessions Volvo. Installée sur un podium dans le centre des villes étapes, la P 1900 est également livrée à la curiosité des Suédois.

    Les premières P 1900 sont dépourvues de capote, seul un hard-top est disponible, et les vitres latérales sont fixes. Dans le courant 1955, ces prototypes subissent des tests en Suède, qui conduisent à de nombreuses modifications. En 1956, la production peut démarrer. Les voitures sont maintenant dotées d’une capote et de vitres latérales escamotables dans les portières. La poupe a également été redessinée, la ligne du coffre en particulier.
    VOLVO P 1900VOLVO P 1900
    © Volvo

    La P 1900 est présentée au salon de Bruxelles en janvier 1955. Mais les premières livraisons n’interviendront qu’au printemps 1956. En mars, une P 1900 effectue un essai de 16 000 kilomètres en Europe et Afrique du Nord. Les résultats ne sont pas fameux. Le châssis manque de rigidité et la carrosserie prend du jeu par la faute d’un montage défectueux. Nous sommes très loin de la qualité de fabrication chère à Volvo.
    VOLVO P 1900VOLVO P 1900
    © Volvo

    Les clients ne se précipitent pas. La fin est proche. Gunnar Engellau, le nouveau patron de Volvo, prend une P 1900 pour rouler tout un week-end. Au terme du voyage, il aurait déclaré : « J’ai cru qu’elle allait tomber en morceaux ! ». De retour à son bureau, il décide d’arrêter les frais !

    Seulement 44 voitures sont construites en 1956, 23 l’année suivante. Soit un total de 67 unités, auquel il faut ajouter les prototypes (quatre ou cinq). Volvo saura tirer les leçons de cet échec quand la marque concevra son nouveau modèle sportif, la P 1800.
    VOLVO P 1900VOLVO P 1900
    © Volvo

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  • Histoire Alejandro DE TOMASO :

    Riche hidalgo argentin installé à Modène, Alejandro De Tomaso est un personnage de roman. Héritier d’une immense fortune, il s’en détourne pour se consacrer à sa passion : l’automobile. L’homme n’en est pas moins un industriel avisé et un businessman engagé dans des domaines divers.

    D’origine italienne par ses grands parents paternels, Alejandro De Tomaso naît à Buenos Aires le 10 juillet 1928. Son père, un homme politique connu, fut ministre de l’agriculture dans les années trente. Quant à sa mère, elle appartient à l’une des plus anciennes et plus influentes familles d’origine espagnole (XVIe siècle), propriétaire de plus de 100 000 hectares dans la province de San Luis, au pied des Andes.
    Etudiant, Alejandro De Tomaso fait partie de groupes anti-péronistes, où il côtoie un certain Ernesto Guevara… Son père étant décédé prématurément, il est promis à la gestion du domaine familial et de la fortune considérable qu’il représente. Mais ça ne l’intéresse pas. C’est un fou de voitures et il rêve de suivre l’exemple des deux grands pilotes argentins que sont alors Juan-Manuel Fangio et Froilan Gonzales.

    Alejandro entame une carrière de pilote au milieu des années cinquante, courant sur une Ferrari quatre cylindres et surtout sur des Maserati. En 1956, il termine quatrième des 1000 Kilomètres de Buenos Aires sur une 150 S, qu’il pilote avec Carlos Tomasi. C’est là qu’il rencontre Elizabeth Haskell, une richissime Américaine venue prendre part à la course sur la Maserati qu’elle possède. C’est le coup de foudre ! L’année suivante, ils se marient (pour lui, il s’agit de secondes noces) et partagent le volant d’une Osca 1500 dans la même course.

    oujours en 1957, le couple émigre en Italie et s’installe à Modène, La Mecque du sport automobile, fief de Maserati et Ferrari. Alejandro devient pilote d’usine Osca avec celle qui est devenue Isabelle De Tomaso. On ne saurait dire que le pilote manifeste un très grand talent, mais le petit Argentin au bras de la grande blonde et riche Américaine fait parler de lui et attire l’attention des médias…

    Les meilleurs résultats d’Alejandro De Tomaso sont trois victoires à l’indice de performance aux 12 Heures de Sebring 1958 (avec sa femme et Bob Ferguson), aux 24 Heures du Mans 1958 (avec Colin Davies) et à nouveau à Sebring en 1959 (avec sa femme et Bob Ferguson). A chaque fois sur une Osca 750 cm3.
    Mais Alejandro de Tomaso s’oppose aux frères Maserati qu’il estime conservateurs en matière de châssis. Il les pousse à adopter l’architecture à moteur central, dont il est convaincu de la supériorité. Son action aboutit à la création de l’Osca-De Tomaso, un prototype de barquette à châssis tubulaire construite en vue des 12 Heures de Sebring. Mais la voiture ne sera pas prête à temps. Pas plus d’ailleurs que pour les 24 Heures du Mans suivantes. L’affaire en restera là.

    En fait, Alejandro de Tomaso veut construire ses propres voitures. En 1959, il fonde sa propre entreprise avec une ambition en tête : égaler Enzo Ferrari… Fidèle à son pays et à ses origines, il dessine pour sa marque un logo très symbolique représentant, sur un fond aux couleurs du drapeau argentin, le fer utilisé pour marquer les animaux dans l’"estancia" de sa grand-mère.

    Atteint par la maladie en 1993, Alejandro de Tomaso se séparera de Maserati et de Guzzi au moment où sortira la Guara. Il s’éteindra dix ans plus tard, le 21 mai 2003.

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  • VW Coccinelle :

    Modèle mythique, best seller de l'histoire de l'automobile, machine increvable à la bouille craquante, la Coccinelle est tout cela à la fois. C'est aussi une voiture controversée, bourrée de défauts et totalement dépassée au moment où elle connaîtra sa plus grande diffusion. A ce titre, elle constitue un cas unique, celui d'un miracle commercial soigneusement entretenu par un marketing exceptionnel, qui sut convertir ses faiblesses en arguments de vente pour faire d'un véhicule obsolète un objet de culte.

    Un parrain encombrant

    La Coccinelle doit son existence à la volonté d'Adolf Hitler de doter le III eme Reich d'une voiture populaire. En vérité, le dictateur rêve de donner aux Allemands la version germanique de la Ford T. Conçue par Ferdinand Porsche, la voiture sera l'instrument de la motorisation de masse de l'Allemagne.

    C'est à l'automne 1933, à Berlin, que Porsche rencontre Hitler pour la deuxième fois (la première rencontre avait pour objet la construction de l'Auto Union de course). Hitler demande à l'ingénieur, auquel il porte une grande estime, de concevoir une voiture simple, pouvant transporter quatre personnes à 100 km/h sur les futures autoroutes du Reich, consommant 7 litres aux cent kilomètres et dont le prix de vente devra être inférieur à mille Reichsmark. Une gageure !
    VOLKSWAGEN Coccinelle
    © D.R.

    Ferdinand Porsche se met au travail et s'inspire de projets précédents réalisés par son bureau d'études pour Zündapp (Type 12) et NSU (Type 32). Transmise à la chancellerie le 17 janvier 1934, sa proposition est acceptée. Trois prototypes devront être fabriqués. Pour des raisons d'économie (car le budget est serré), ils seront réalisés artisanalement dans le garage privé de la maison de Ferdinand Porsche transformé en atelier.

    Dans la perspective d'une production de masse et pour parvenir au prix très bas exigé par Hitler, Porsche part aux Etats-Unis pendant l'été 1936. Il va y apprendre les techniques industrielles de fabrication à grande échelle, que seule l'Amérique connaît alors. Il effectue des visites studieuses aux usines Packard, Ford et General Motors, ainsi que chez le carrossier Budd, le spécialiste du tout acier. Il en revient convaincu que la hauteur des investissements nécessaires requiert la garantie de l'Etat allemand, les capitaux privés ne pouvant seuls faire face à l'ampleur du financement.

    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle

    © D.R.

    La construction des prototypes s'éternise. Ils sont finalement prêts en octobre 1936 et aussitôt soumis à de rudes tests. Côté motorisation et après avoir longuement hésité, Ferdinand Porsche a fixé son choix sur un quatre cylindres à quatre temps d'un litre - évidemment refroidi par air s'agissant d'un moteur Porsche. Le moteur boxer est placé en porte-à-faux arrière et les suspensions sont à barres de torsion. Ainsi gréée, la voiture du peuple (Volkswagen en allemand) apparaît comme une voiture de conception très moderne, dont la carrosserie aérodynamique a été testée en soufflerie. Techniquement, et même d'un point de vue esthétique, la parenté avec le prototype Tatra V 570 réalisé en 1933 est évidente.

    Destinée à intensifier les tests, une série de trente véhicules de présérie (baptisés VW 30) est fabriquée en 1937, sur ordre de la chancellerie, par Mercedes dans son usine de Sindelfingen. Placés sous la responsabilité de Ferry Porsche, le fils de Ferdinand, les essais sont réalisés par 200 membres des S.S., qui se relaient jour et nuit au volant des voitures. Une seconde série de trente Volkswagen est mise en chantier (Série 60).
    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle
    Prototype VW 30
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    Hitler décide de construire une usine ex nihilo, spécifiquement dédiée à la Volkswagen. Dans un premier temps, elle devra produire au moins 400 000 unités, un million à terme. Des chiffres totalement inédits en Europe. Pour faire face à un tel défi, Porsche, accompagné d'une délégation, retourne à Detroit en 1937, où il rencontre notamment Henry Ford. Il en revient avec une escouade d'ingénieurs américains d'origine allemande, qu'il a recrutés pour mettre en œuvre les méthodes de production d'outre-Atlantique dans la future usine Volkswagen. Celle-ci sera implantée à Wolfsburg en Basse-Saxe.

    Quant à la distribution de la voiture, elle est organisée par le régime nazi (le Front du Travail) selon un système de carnets d'épargne avec timbres. Au terme du quatrième carnet, le travailleur aura acquis 198 timbres, soit un versement de 990 Reichsmark. Plus de 300 000 commandes seront ainsi enregistrées avec leurs versements (soit plus de 300 millions de Reichsmark), qui ne seront bien sûr jamais honorées… Toutefois, un compromis sera trouvé après la guerre entre Volkswagen et les cotisants spoliés, mais au terme de douze ans de procès.
    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle
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    Après la guerre, l'usine de Wolfsburg, qui a été détruite à 60% par les bombardements, se trouve en zone d'occupation anglaise. Grâce à l'action du major Ivan Hirst, officier britannique et homme clé du destin de Volkswagen, la voiture sera sauvée et la production pourra reprendre. Commence alors la carrière civile de la Coccinelle, en même temps que son histoire moderne.

    Le 1er janvier 1948, Heinrich Nordhoff prend la direction de l'usine, qui passe l'année suivante sous le contrôle du Land de Basse-Saxe. Nordhoff sera le quatrième homme de la Volkswagen, dont l'action s'avérera décisive pour la carrière du modèle. Il sera le responsable de sa grande qualité de construction et mettra en œuvre un réseau et un service après-vente, dont l'excellence sera l'un des éléments décisifs du succès de la Coccinelle.

    La production quadruple en trois ans, passant de moins de 20 000 unités en 1948 à plus de 80 000 deux années plus tard. Dès lors, et contre l'avis de ses conseillers qui appellent au lancement d'un nouveau modèle, surtout lorsqu'apparaissent des concurrentes (Fiat 1100, Renault Dauphine, Ford 12 M, Opel Kadett), Nordhoff tiendra le cap et sera un défenseur inconditionnel du maintien de la Coccinelle.
    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle
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    L'année 1949 constitue une date charnière, qui voit le lancement du modèle Export. Mieux fini, il va permettre le départ d'une vigoureuse politique d'exportation. Diffusée dans de nombreux pays d'Europe, la Coccinelle va prendre également le chemin du Brésil et de l'Afrique du Sud. Dès 1952, les marchés extérieurs représentent 41% de la production. L'année suivante, la voiture est assemblée au Brésil.

    C'est au cours de la seconde moitié des années cinquante que la courbe des ventes s'envole. Si la millionième Volkswagen sort en 1955, la production dépasse les 600 000 unités en 1959, un million en 1963 et chaque année suivante jusqu'au début de la décennie 70.

    A partir du modèle de l'après-guerre, motorisé par un 1131 cm3 développant 25 ch, l'évolution technique de la Coccinelle va se faire sous la forme d'augmentations répétées, mais prudentes, de la cylindrée dans le but de trouver les chevaux qui manquent cruellement : 1192 cm3 et 30 ch en 1954, puis 34 ch en 1960, 1285 cm3 et 40 ch en 1965, 1493 cm3 et 44 ch en 1966, 1584 cm3 et 50 ch en 1972. Du point de vue esthétique, des remodelages successifs tenteront de moderniser la ligne en lui donnant des volumes, tout en sauvegardant le look traditionnel de la voiture.

    Le cabriolet Coccinelle est apparu dès 1949, carrossé par Hebmüller (deux places, le plus élégant) et Karmann (quatre places). Le succès de ce dernier sera considérable et il sera produit jusqu'en 1980.

    Autre dérivé équipé des éléments mécaniques de la Coccinelle, le premier utilitaire Volkswagen sort en 1950. C'est le célèbre Combi, un véhicule de légende qui s'illustrera sur tous les chemins d'aventure de la génération hippie. Cinq ans plus tard est présenté le coupé Karmann-Ghia, dessiné par Ghia et fabriqué chez Karmann. Il sera suivi en 1957 de la version cabriolet.
    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle
    Cabriolet Hebmüller 1949                                                    Cabriolet Karmann 1962
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    Increvable machine à rouler, la Coccinelle est une amie sûre. Démarrant en toutes saisons et d'une fiabilité à toute épreuve, elle est la complice dévouée des voyages au long cours. Mais pour essentielle qu'elle soit, cette vertu a un prix. Car la Coccinelle a les défauts de ses qualités. Gage de fiabilité, la cylindrée relativement élevée et un régime de rotation lent génèrent des performances faibles pour une consommation élevée.

    Si le refroidissement par air du moteur simplifie les opérations d'entretien et garantit un fonctionnement régulier de la mécanique, il a pour conséquence un habitacle bruyant par la faute de la turbine. Quant à la position du moteur en porte-à-faux arrière, qui évite le recours à des organes de transmission longs ou de joints complexes (cardans pour une traction), elle est la cause d'une tenue de route aléatoire. Et ne parlons pas du réservoir d'essence disposé à l'avant, impensable aujourd'hui pour des raisons de sécurité.

    Très réussi dans les années trente, le design de la Volkswagen et son profil de scarabée sont rapidement devenus obsolètes, notamment en raison du caractère non ponton de la carrosserie. Or c'est précisément ce style désuet qui sera à l'origine du formidable capital de sympathie que s'attirera la voiture. Une bouille certes craquante mais qui obère l'habitabilité, fort médiocre vu les cotes du véhicule.
    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle
    Modèle 1950                                                                     Modèle Etats-Unis 1959
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    Construite ou montée dans vingt pays et exportée dans plus de 150, dont l'URSS, la Coccinelle a connu un succès universel.

    Ce n'est qu'en 1978 que sa production cessera en Europe - elle se poursuivra au Brésil, au Mexique, en Afrique du Sud et en Egypte (usine de montage). Mais le plus surprenant est le triomphe que lui ont réservé les Etats-Unis, où, comparé aux imposantes et surpuissantes voitures d'outre-Atlantique, elle prenait des allures de gadget.

    La performance est largement redevable à la remarquable organisation du réseau et à la qualité du service après-vente - contrairement à Renault avec sa Dauphine. Ce succès fut aussi favorisé par le cinéma et l'apport des studios Disney, qui produisirent quatre films à la gloire de " Herbie ", devenue " Choupette " dans la version française.

    Volkswagen reztire définitivement la Coccinelle en 2003, qui était encore produite (à petite cadence) dans son usine mexicaine de Puebla - et ce depuis 1967. Mais il y a bien longtemps que la voiture avait battu le record historique de production établi par la Ford T (16,5 millions de voitures fabriquées, dont 15 millions aux Etats-Unis). Avec plus de 21 millions d'exemplaires diffusés, la performance de la Coccinelle n'est pas près d'être dépassée. Certes, la Golf a fait mieux (21,5 millions en juillet 2002), mais avec quatre générations de modèles.
    VOLKSWAGEN CoccinelleVOLKSWAGEN Coccinelle
    VW Coccinelle Ultima Edicion 2003
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  • TVR Grantura :

    Premier modèle TVR construit à un nombre d’exemplaires significatif, la TVR Grantura possède une genèse singulière. Son origine tient à une commande passée à TVR par un Américain du New Hampshire, Ray Saidel. Ce dernier demande à Trevor Wilkinson de lui construire un châssis de voiture de sport motorisée par un Coventry Climax FWA et qui sera commercialisée aux Etats-Unis.

    Wilkinson dessine en 1955 un châssis tubulaire qu’il dote d’une suspension à quatre roues indépendantes. En réalité, il fait son marché sur la Volkswagen Coccinelle, dont il prend le train avant à barres de torsion pour l’installer à l’avant et à l’arrière de la voiture. Les freins et les roues sont également empruntés à l’Allemande. Ancêtre de la TVR Grantura, ce coupé, qui reçoit sa carrosserie outre-Atlantique, est baptisé Jomar (d’après les prénoms des enfants de Saidel, JOhn et MARgaret).
    TVR Grantura
    La Grantura Mk I
    © D.R.

    C’est de ce châssis que dérivent en 1957 les premiers « Coupés » TVR (pré-Grantura), des voitures sportives construites à six exemplaires, dont trois roadsters. A la différence des Jomar, elles sont équipées de freins Girling et de roues Dunlop. Les moteurs sont des Coventry Climax accolés à une boîte de vitesses de MGA.

    La TVR Grantura proprement dite est présentée en 1958. Elle est construite sur le châssis tubulaire de la Jomar, dont la caractéristique est une suspension particulièrement raide peu adaptée à un usage routier. La voiture reçoit plusieurs moteurs au choix : Coventry Climax FWE de 1,2 litre avec boîte de MGA (il peut être gonflé par un kit de niveau 2 et même 3), Ford 100 E à soupapes latérales de 1,2 litre équipé ou non d’un compresseur Shorrock, 1,5 litre de la MGA. De nombreux éléments sont empruntés à des modèles de série : différentiel BMC Série B, boîtier de direction Ford, pare-brise de Ford Consul.

    Le design de la carrosserie en polyester de la Grantura n’est pas sa qualité première. Même si elle évoluera, cette forme curieuse demeurera la base des TVR jusqu’aux années 70. Il faut dire que l’exercice de style n’est pas favorisé par l’empattement très court de la voiture et ses porte-à-faux réduits au strict minimum (la voiture ne dépasse pas 3,50 mètres), d’où un profil râblé et un surprenant croupion. La Grantura se singularise encore par sa lunette arrière panoramique en Perspex (plastique transparent) et sa poupe fastback fermée — la roue de secours n’étant accessible que de l’intérieur ! L’étroitesse des portes rend également l’accès à bord plutôt délicat.

    TVR GranturaTVR Grantura

    La Grantura Mk II
    © D.R.

    La TVR Grantura jouit d’un excellent comportement routier, qu’elle doit notamment à sa suspension sèche, à son poids plume de 660 kilos et à sa garde au sol des plus limitées. Elle est équipée de freins à tambour Girling largement dimensionnés (ceux montés sur l’Austin Healey 100-Six) et de roues à rayons Dunlop également identiques à celles de l’Healey. Fabriquée à la main, elle peut être pratiquement construite sur mesure. Toutefois, la production ne pourra suivre la demande (d’où des problèmes financiers pour TVR) et seulement cent exemplaires de la Mk I seront réalisés.

    La Grantura évolue quelque peu en 1960, devenant Mk II. Les modifications concernent surtout la mécanique, la plupart des voitures recevant le 1588 cm3 de 80 ch de la MGA. La carrosserie subit aussi de petites retouches avec les ailes arrière redessinées.
    TVR GranturaTVR Grantura
    Le moteur de la Grantura Mk II
    © D.R.

    Au début 1961, la Mk II A correspond à de nouvelles améliorations, dont la principale consiste en le montage en série de freins à disques Girling. Les moteurs proposés sont le Ford Classic de 1,3 litre, le Coventry Climax FWE de 1,2 litre et 83 ch, ou le 1622 cm3 de la MGA Mk II, ce dernier pouvant recevoir la culasse « cross-flow » HRG-Derrington en aluminium. La voiture atteint les 160 km/h. Plus important succès commercial de la génération Grantura, les Mk II et Mk IIA seront vendues à 400 exemplaires.

    Conçue en 1955, la structure de la TVR Grantura a fait son temps et en 1962 elle est remplacée par un châssis entièrement nouveau, toujours tubulaire mais plus sophistiqué. Allongé afin d’offrir un espace intérieur légèrement plus spacieux, il s’avère plus rigide et plus polyvalent. Il équipera les TVR pour les dix années suivantes. Ainsi se définit la Grantura Mk 3, qui reçoit également une suspension à ressorts hélicoïdaux et amortisseurs télescopiques. La voiture accueille plusieurs moteurs, dont le 1800 cm3 de la MGB. En raison des graves difficultés financières que connaît la marque, la Mk III ne sera construite qu’à 90 unités. En fonction des rentrées de liquidités…

    La 1800 S succède à la Mk III en 1964 avec une carrosserie partiellement redessinée (poupe type « Manx » et lunette arrière agrandie). Sous la houlette du nouveau propriétaire de TVR, Martin Lilley, la voiture sera rebaptisée 1800 S Mk IV en 1966. Avec des retouches d’importance secondaire, essentiellement cosmétiques, elle représentera le dernier avatar de la Grantura avant le lancement de la nouvelle Vixen.
    TVR Grantura
    La Grantura Mk III
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