• RENAULT projet 108:
    RENAULT Projet 108RENAULT Projet 108
    © G. Bonnafous
    Pour Pierre Lefaucheux, qui s’est déjà affranchi des contraintes du plan Pons en lançant la 4 CV, la vocation de Renault ne saurait se borner à la production d’un petit modèle populaire. Sa volonté est de s’attaquer à Citroën, notamment à la Traction. A la fin de 1947, il met à l’étude une berline haut de gamme, une grande routière confortable de six places. Directeur des Etudes de la Régie depuis 1946, Fernand Picard a de suite l’idée d’extrapoler la voiture de la 4 CV, qu’il a portée sur les fonts baptismaux et dont le succès s’affirme.

    Baptisé projet 108, le prototype apparaît sous les traits d’une grosse 4 CV. Il a aussi de furieuses allures de Tatraplan, la voiture tchèque dévoilée à la fin 1947. Avec elle, il partage des similitudes majeures : cylindrée de deux litres, implantation du moteur en porte-à-faux arrière et parenté stylistique, bien que la Renault affiche une ligne moins élégante et des proportions moins équilibrées.
    RENAULT Projet 108
    © Renault
    La 108 reçoit un quatre cylindres à soupapes en tête de 1997 cm3 monté comme le 747 cm3 de la 4 CV (radiateur à l’avant). Etudié dès 1943, ce moteur, qui développe 55 ch à 3500 tr/mn, a déjà équipé le prototype 107 E dit Primalégère. Dépourvu de brio, il s’avère mal à l’aise dans les régimes élevés en raison de tiges de culbuteurs exagérément longues. La 108 se rattrape grâce à sa suspension sophistiquée, constituée à l’arrière de roues tirées par des bras articulés perpendiculairement à l’axe de la voiture. Ce dispositif vaut à la 108 une remarquable tenue de route, héritant même d’un comportement sous-vireur malgré l’implantation de la mécanique en porte-à-faux.

    Les résultats des premiers essais effectués en septembre 1949 dans la vallée de Chevreuse s’avèrent positifs. Aérodynamique et légère avec 930 kilos (dont 512 kilos à l’avant), la voiture atteint près de 130 km/h pour une consommation satisfaisante (9,5 litres à 100 km/h). Pour améliorer les accélérations, on monte un couple de 7 x 32, qui permet de gagner 2,5 secondes sur le kilomètre départ arrêté (46 secondes). Dotée d’une direction légère (à crémaillère), le prototype bénéficie également de réelles qualités de maniabilité.
    La 108 pâtit toutefois de plusieurs défauts graves, comme le dessin de la partie arrière dont le hublot est à l’origine d’une mauvaise visibilité. Mais deux sont rédhibitoires. Le premier tient à l’habitabilité. Nécessaire pour une bonne répartition des charges sur les deux essieux, la position avancée de la banquette antérieure génère des passages de roues encombrants, qui excluent la possibilité d’asseoir trois passagers. La 108 est en réalité une quatre/cinq places.

    Les ingénieurs rencontrent également de grosses difficultés avec le refroidissement du moteur. Ils s’avèrent incapables de canaliser un flux d’air suffisant sans trop nuire à l’esthétique. Déjà agrandies à l’extrême en forme d’oreilles disgracieuses, les prises d’air latérales ne permettent pas un refroidissement satisfaisant. Aller plus loin aboutirait à faire de la voiture un monstre.
    RENAULT Projet 108RENAULT Projet 108
    © Renault
    A l’automne 1949, Pierre Lefaucheux donne l’ordre de reprendre entièrement le projet sur des bases plus conventionnelles. Sans toutefois allonger les délais, car la voiture doit être prête pour le début 1952 — le lancement de la Frégate sera même avancé d’un an, ce dont la voiture ne se remettra pas.

    A-t-on perdu près de deux ans avec le projet 108 ? Pas tout à fait. Car sa remarquable suspension va passer à la postérité. Reprise sur la Frégate, elle va conférer à cette dernière un remarquable comportement routier, qui lui vaudra d’apparaître, dans ce domaine, comme l’une des plus brillantes voitures européennes.
    RENAULT Projet 108
    © Renault
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  • PORSCHE 550 RS Spyder :

    Plus connu sous l'appellation de " spyder 550 ", le spider 1500 RS est une machine de compétition à moteur central arrière, dont la carrosserie en aluminium est réalisée par Weinsberg. Il dérive du spider Porsche-Glöckner à moteur 1500 S de série (culbuté), dont deux exemplaires remportèrent leur classe (moins de 1500 cm3) aux 24 Heures du Mans de 1953. Contrairement à ce dernier, il est animé par la première mécanique conçue par Porsche pour Porsche, et dont la paternité revient essentiellement à Ernst Fuhrmann. La concurrence des Borgward et Osca 1500 n'est pas étrangère à la conception de ce nouveau moteur mis à l'étude au cours de l'année 1952. Il s'agit d'un quatre cylindres de 1500 cm3 (type 547) à quatre arbres à cames en tête entraînés par arbres et double allumage. Alimenté par deux carburateurs double corps Solex, il développe 110 ch.
    PORSCHE 550 RS SpiderPORSCHE 550 RS Spider
    © Porsche

    En 1954, après avoir fait ses débuts officiels en compétition lors des Mille Milles, où Hans Herrmann et Herbert Linge se classent sixièmes, le spyder 550 RS est commercialisé en fin d'année. Construits par Wender à Reutlingen, en pays souabe, les exemplaires destinés à une clientèle sportive sont pratiquement identiques aux voitures d'usine. Vendu 24 600 DM, le spyder 550 sera produit à un peu plus de cent exemplaires, dont la plupart prendront le chemin des Etats-Unis. Au nombre de ses illustres clients figure bien sûr James Dean, qui trouvera la mort à son volant en 1955.

    Tandis que Zuffenhausen engage la voiture en compétition pour son propre compte, de nombreux pilotes privés la feront courir jusqu'au début des années soixante. Porsche glanera de multiples places d'honneur et victoires de classe en catégorie 1500 cm3, seuls lauriers possibles compte tenu de la cylindrée relativement modeste - même si le spyder 550 RS jouit d'un rapport poids-puissance très favorable vu sa légèreté (moins de 600 kilos). La voiture s'illustre ainsi aux 24 Heures du Mans, aux Mille Milles, aux 1000 kilomètres du Nürburgring et dans la Course Panaméricaine, où Hans Herrmann prend la troisième place en 1954. La même année, lors de la course de l'Avus courue à Berlin, les 550 RS se révèlent presque aussi rapides que les monoplaces de F2, passant la célèbre Steilkurve à près de 190 km/h. Et après avoir été battus en 1955 par les EMW d'Allemagne de l'Est dans la course de l'Eifel (au Nürburgring), ils se rattrapent aux 24 Heures du Mans, où ils terminent aux quatrième, cinquième et sixième places, Polensky et von Frankenberg remportant leur classe.
    PORSCHE 550 RS Spider
    Porsche 550RS au Nurbürgring, 1956
    © Porsche

    Le spyder 550 RS cède la place en 1956 au 550 A, dont la nouveauté majeure réside dans le châssis tubulaire plus rigide et plus léger que le châssis plat du RS (43 kilos, soit seize kilos de moins). La carrosserie progresse dans le même sens (63 kilos, soit une réduction de 27 kilos). La puissance passe, quant à elle, à 135 ch, les vitamines supplémentaires étant apportées par l'augmentation du taux de compression (9,8 à 1) et par les deux carburateurs Weber qui se substituent aux Solex. La vitesse maximum est de l'ordre de 240 km/h et le kilomètre départ arrêté est couru en 26,6 secondes, une performance de premier plan. Le nouveau châssis a entraîné quelques retouches à l'essieu arrière et les tambours ont vu leur taille augmenter. En 1956, la boîte de vitesses reçoit un cinquième rapport, en fait une première non synchronisée. Piloté par Umberto Maglioli, le spyder 550 A connaîtra sa première grande victoire à la Targa Florio de 1956, malgré le caractère précipité de son engagement.
    PORSCHE 550 RS Spider
    Porsche 550 spider à la Carrera Panamerica, 1954
    © Porsche

    Avec un moteur porté à 140 ch, puis à 148 ch, le 718 RSK succède au 550 A à la fin de 1957. Il bénéficie d'une nouvelle carrosserie plus légère et dont l'aérodynamique a été affinée, la proue étant notamment plus fine - des ailerons verticaux seront utilisés sur les circuits rapides. Le poids de la voiture est encore abaissé (à 530 kilos) grâce au châssis allégé et les trains roulants sont perfectionnés. Le 718 RSK va dominer les courses de côte, Wolfgang von Trips remportant le Championnat d'Europe de la montagne en 1958. La même année, la voiture s'illustre au 24 Heures du Mans en gagnant sa classe. Elle évoluera ensuite en RS 60 et RS 61, cette dernière version de 1600 cm3 développant jusqu'à 180 ch.
    PORSCHE 550 RS Spider
    Porsche 718 RSK
    © Porsche

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  • René BONNET :

    René Bonnet a été pendant une quinzaine d'années le promoteur le plus actif du sport automobile en France.

    C'est principalement dans les années cinquante, qu'il se fit connaitre du grand public français et international, alors que les voitures qu'il produisait avec Charles Deutsch sous la marque D-B remportaient dans leur catégorie de nombreuses épreuves.

    Par la suite, il entreprit, seul, pendant quelques années la production de modèles « sport » et tenta l'aventure de la formule 2.

    René Bonnet, né en 1904, aborda le sport automobile en 1932, alors qu'il était agent Citroën direct à Champigny, près de Paris. Il participa, cette année-là, à son premier rallye au volant d'un roadster Citroën C 4 G.

    Il développa à cette époque sa propre affaire de commerce et de réparations automobiles dans des locaux loués à la famille de Charles Deutsch.
     René Bonnet
    1ère Bonnet-Deutsch 1938 159 km/h
    © D.R.

    Attiré de plus en plus par la compétition, René Bonnet s'inscrivit à l'école Georges Boillot à Montlhéry où, pendant les années 1934-1935, il se perfectionna en pilotant, entre autres voitures célèbres, la 3 1 Peugeot d'Indianapolis- Ses aptitudes le firent sélectionner en 1936 pour participer au Grand Prix de l'A-C-F couru en formule Sport.

    Il devait piloter la 2,5 l Amilcar Pégase, dont la mise au point s'avéra si laborieuse qu'elle ne prit pas le départ. Contraint d'assister en spectateur passif à la course (première grande victoire de la Bugatti 57 à caisse profilée), il décida son ami Charles Deutsch, alors étudiant, à tenter la construction avec lui d'une voiture de course en utilisant les éléments de la Citroën traction avant, et notamment le moteur 2 l.

    Par suite des difficultés de financement, il fallut deux années pour mener à bien ce projet. Grâce au concours de quelques amis, la première DB tourna en 1938.

    C'était une traction avant dont le châssis spécial avait été habillé d'une caisse aérodynamique très influencée par les conceptions très en avance de l'ingénieur Andreau. René Bonnet prit part avec cette voiture aux Douze Heures de Paris de 1938, aux Indépendants en 1939 (dont il remporta la catégorie 2 l) et au Grand Prix des Frontières à Chimay.. où il prit la deuxième place derrière la très rapide BMW 328.

    Engagé à la course du Bol d'Or de 1939. René Bonnet, dont la voiture avait été rééquipée d'un moteur de 1 100 cm3 y fut accidenté à la suite d'une sortie de route causée par un concurrent maladroit, ce qui lui enleva toute chance de remporter l'épreuve.

     René Bonnet René Bonnet

    © D.R.

    En 1945, René Bonnet fut prêt à reprendre la compétition avec une 2 l et une 1500 cm3 préparées malgré les difficultés de l'occupation, et qui apparurent au Grand Prix du Bois de Boulogne.

    Avec ces voitures, René Bonnet devait courir au Grand Prix de Saint-Cloud (disputé en 1946 sur l'autoroute de l'Ouest), à Nice, où sa barquette 2l fut accidentée, au challenge J.-P. Wimille, etc. En 1949, il exposait le projet d'une voiture de grand tourisme à mécanique Citroën II améliorée, comprenant notamment les transformations mécaniques vendues sous la marque EPAF qu'il avait créée (culasse modifiée, tubulure spéciale, roues en alliage léger, boite à quatre vitesses).

    Cette voiture, qui pouvait atteindre 150 km/h, alors que la « II » plafonnait à 110, ne put être produite en raison de l'opposition des dirigeants de Citroën. René Bonnet dut alors se tourner vers Panhard et ce fut le début d'une fructueuse collaboration, qui permit une longue série de victoires et de records.

    En 1961, l'association Bonnet-Deutsch étant rompue. René Bonnet lança sous son nom une nouvelle société de construction de voitures de sport et de compétition en utilisant cette fois des moteurs Renault. Bien que souffrant des séquelles d'un très grave accident de la route, survenu alors qu'il assurait l'assistance de ses voitures lors du Tour de France 1958, il entreprit, dès le début de 1962, la préparation des voitures destinées aux 24 Heures du Mans, épreuve dans laquelle il espérait renouveler les succès des DB, mais avec des voitures fondamentalement différentes.
     René Bonnet René Bonnet
    Barquette à moteur Citroën 1946Djet
    © D.R.

    Le prototype, piloté par Laureau et Vinatier, devait s'illustrer au Nürburgring, en mai 1962, en remportant sa classe. Ces nouvelles voitures avaient un châssis tubulaire construit autour d'une poutre centrale, elle-même composée d'un assemblage de tubes de faible section. Très légère, cette structure recevait un moteur arrière central et des suspensions indépendantes à bras inégaux constituées par un ensemble ressort hélicoidal-amortisseur à flexibilité variable.

    René Bonnet avait délibérément choisi pour ces voitures les caractéristiques les plus avancées, et une étude très poussée des formes devait permettre des performances remarquables malgré le choix d'un moteur à deux arbres à cames en tête réduit à 700 cm3 et étudié par Gordini pour la Régie Renault. Pour les premiers essais, un moteur culbuté d'une puissance sensiblement équivalente au moteur prévu avait emmené la voiture à près de 190 km/h sur l'anneau de Montlhéry.

    Trois toitures furent prêtes pour Le Mans. L'équipage Consten-Rosinski disposait d'une berlinette Djet de 1000 cm3, à moteur 5 paliers et 2 arbres à cames en tête. Mais il connut de nombreux ennuis de boite de vitesses notamment l'impossibilité de passer le quatrième rapport. Néanmoins, la voiture termina en dépit du régime imposé au moteur.

    L'équipage Vinatier-Vidilles, sur une berlinette 700 cm3, dut abandonner au cinquième tour pour surchauffe du moteur (celui-ci ayant été prélevé sur une barquette accidentée aux essais et monté hâtivement). Enfin, la barquette 700 cm3 de Laureau et Armagnac aurait pu remporter l'indice si le ressoudage d'une pédale de frein n'avait pas immobilisé la voiture pendant une demi-heure au stand.

    Cependant, les voitures avaient montré leurs qualités, notamment en matière de tenue de route, mais les nouveaux moteurs Renault 5 paliers semblaient difficilement commercialisables en raison de quelques problèmes posés par l'adaptation de la culasse à deux arbres à cames en tête soit dans la version 704 cm3 (64.5 x 54 mm) qui délivrait 70 ch à 8000 tr/ mn, soit dans la version 998 cm3 (64.5 x 70 mm) qui en donnait 95 à 7500 tr/mn.

    Les versions cataloguées en 1962 étaient toutes à moteur culbuté :

    - Cabriolet " Le Mans ", moteur 5 paliers, 1 107 cm3 (70 x 72 mm). 72 ch environ, carrosserie plastique 2 + 2. 720 kg, vitesse 170 km/h environ. Pour un prix de 18 500 F. cette voiture visait une clientèle à tendance sportive, mais désireuse d'un confort certain.

    - La berlinette Djet dérivée étroitement des voitures du Mans était proposée en deux versions : GT et Rallye. Toutes deux à caisse plastique enrobant une structure multitubulaire. Elles étaient à moteur arrière central avec une culasse hémisphérique en version rallye.

    - Enfin, le cabriolet Missile était prévu pour une clientèle jeune et, de ce fait, son prix de revient avait été très serré. La base était constituée par une plate-forme de R 4 Renault dont les éléments de suspension étaient conservés. Cette traction avant recevait un moteur Dauphine Gordini, 3 paliers (58 x 80 mm) amélioré par René Bonnet pour en tirer plus de 50 ch. Une boite à quatre vitesses, des freins à disque à l'avant seulement, et un poids total d'environ 500 kg, donnaient à cette petite voiture un comportement assez sportif, qui devait, avec un prix de vente inférieur à 13 000 F, lui assurer un certain succès.

    En compétition, René Bonnet aligna trois voitures en septembre 1962, pour les Trophées d'Auvergne : une barquette du Mans et deux coupés Djet. Les trois voitures terminèrent en 12e, 16e et 18e positions, respectivement aux mains de Laureau, Vinatier et Armagnac, qui affrontèrent en l'occurrence des Lotus Abarth. Porsche, etc., sans décevoir.

    Au début de 1963, René Bonnet devait engager un nouveau volant, alors champion de France motocycliste : Jean-Pierre Beltoise qui fit ses débuts au Rallye des Routes du Nord en pilotant avec brio, surtout lors de l'épreuve de vitesse sur le circuit de Reims, une « Missile » ; malgré son élimination provoquée par un retard trop important sur la route, il devait démontrer ses qualités de pilote et se retrouver, quelque temps tard, à la Targa Florio.
     René Bonnet
    © D.R.

    Quatre voitures dues à René Bonnet étaient engagées : une Djet, à moteur à deux arbres à cames en tête et trois «hémisphériques». Si la première fut la plus rapide malgré ses 1 000 cm3, c'est la 1100 de Vinatier-Basini qui prit la meilleure place au classement général. Charriére-Beltoise et Carpentier-Laureau furent contraints à l'abandon dès les premiers tours, les uns pour rupture de support-moteur. les autres pour serrage du moteur. En vue des 24 Heures du Mans.

    René Bonnet prépara quatre voitures, tandis qu'une cinquième était inscrite par l'écurie Méditerranée. Les berlinettes, cette année-là, présentaient une caisse dont le profilage arrière avait été amélioré, alors que le spider 1962 avait été doté lui aussi d'un toit destiné à réduire la trainée aérodynamique. La seule voiture rescapée, celle de Claude Bobrowski et de Beltoise, devait enlever le classement à l'indice énergétique. Les autres furent éliminés soit sur incident mécanique, soit sur accident, comme « l'Aérodjet » 996 cm3 à deux arbres à cames en tête, de Monneret-Masson, ou celle de Manzon-Rolland.

    Quelque temps auparavant, les résultats des Mille Kilomètres du Nürburgring avaient été décevants : Beltoise-Basini, partis très vite, avaient grippé leur moteur. Laureau eut de nombreux ennuis d'embrayage et de boite de vitesses, deux autres voitures quittèrent la piste. Une seule voiture termina la course, celle de Bouharde-Charrière équipée du moteur 1100 culbuté.

    Au sixième circuit de montagne d'Auvergne, René Bonnet eut la malchance de voir sa plus rapide voiture endommagée par une collision au départ en raison de la maladresse d'un concurrent, tandis que les autres Djet chauffaient et s'arrêtaient souvent.

    Parallèlement, il construisait une F2 dont deux exemplaires apparurent au Grand Prix de Pau 1964. Beltoise, pour éviter un concurrent parti en tête-à-queue, heurtait le trottoir et endommageait sa suspension, tandis que Gérard Laureau, victime d'un incident mécanique qui le retardait, terminait à dix tours. Si les voitures, qui expérimentaient une suspension arrière originale (l'ensemble ressort-amortisseur était reporté au centre du châssis), se révélèrent compétitives, les moteurs Renault ne laissaient aucune chance face aux Cosworth.

    On parlait beaucoup, à cette époque, du renouveau du sport automobile en France et d'une aide gouvernementale qui aurait entraîné une action parallèle de toutes les firmes intéressées. Pour René Bonnet, il était déjà trop tard. Ses voitures n'ayant pas eu le succès commercial qu'elles avaient connu outre-Manche, lui-même n'ayant pas reçu une aide suffisante couvrant les frais énormes entraînés par toutes ses participations, la Société des Automobiles René Bonnet fut absorbée par Matra en 1964.

    Pendant quelque temps, les « Djet » furent vendues sous la marque Matra-Bonnet, puis le nom de leur créateur disparut bientôt. Il reste le souvenir d'une carrière sportive sans équivalent en France, au cours de laquelle René Bonnet et ses collaborateurs accumulèrent victoires et records dans des conditions qui, bien souvent, auraient fait fléchir des caractères moins trempés.
     René Bonnet René Bonnet
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  • PONTIAC GTO :

    PONTIAC GTOPONTIAC GTO

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    Au début des années 60, le Championnat Nascar connaît une grande notoriété aux Etats Unis. Au point d'inciter les trois grands groupes américains à s'y affronter par écuries interposées. Ce championnat disputé sur plus d'une quarantaine d'épreuves (toutes organisées sur circuit) met aux prises des voitures de série dont la préparation se limite à l'utilisation d'options mécaniques figurant dans le catalogue du constructeur. Lorsqu'une Ford Galaxie triomphe sur la piste du circuit de Daytona Beach, "Monsieur Jones" (le Dupont Américain) peut ainsi croire que c'est sa voiture de tous les jours qui l'a emporté. En pratique, les modifications tolérées par le règlement transfigurent complètement les performances de ces modèles qui n'ont plus grand' chose en commun avec les séries de production courante dont ils sont théoriquement issus. Pour faciliter l'homologation au championnat, Ford, Chrysler, Chevrolet et Pontiac vont même commercialiser en petite série plusieurs V8 à haut rendement (disponibles en option) dont la puissance dépasse sensiblement les 400 chevaux.
    PONTIAC GTOPONTIAC GTO
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    Pendant plusieurs saisons, le Ford "406", le Chevrolet "409" et le Chrysler "413" (ces chiffres correspondant à leur volume en "cubic inches") tiendront ainsi le haut du pavé dans les principales épreuves Nascar avant d'être supplantés par le V8 Chrysler "426 Hemi" réservé intitialement aux Dodge et aux Plymouth. Quelques milliers de modèles commercialisés presque tous sur commande spéciale profiteront également de ces moteurs conçus expressément pour la compétition et tarifés à un prix plutôt dissuasif. Ces versions très spéciales (cf. la Chevrolet Impala SS 409 ou la Ford Galaxie XL 406), vendues quasiment sous le manteau peuvent elles aussi prétendre figurer dans la famille "préliminaire" des muscle cars en raison de leur vocation sportive affirmée.
    PONTIAC GTOPONTIAC GTO
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    De Lorean a une meilleure idée...

    Mais c'est bien la Pontiac Tempest "GTO", lancée au début de l'année 1964, qui va transformer durablement le "paysage" automobile américain. Née de l'inspiration féconde de John Zacchary De Lorean (tête dirigeante de la division Pontiac depuis le milieu des années 50), cette série aura pour vocation première de défrayer la chronique en prétendant égaler les temps d'accélération de la déjà mythique Ferrari 250 GTO (d'où sa désignation plutôt provocante...). Prétention confirmée par les premiers essais de la presse automobile qui manifestera un enthousiasme débridé à l'égard de ce "cocktail explosif" affichant 348 chevaux dans son exécution la plus puissante pour un poids à vide inférieur à 1500 kilos...

    La formule apparaît néanmoins d'une évidence biblique : John De Lorean a simplement eu l'idée lumineuse d'installer un gros V8 (en l'occurrence un 389 ci) dans la caisse relativement légère de la Tempest de catégorie "intermédiaire". A cette greffe miraculeuse s'est ajoutée une multitude d'équipements "sport" (boite manuelle avec commande au plancher, freins et suspensions renforcés, sièges séparés à l'avant façon "baquet", etc...) destinés à parfaire le comportement routier et l'agrément de conduite du modèle. Proposé initialement comme un "pack" optionnel sur les coupés et cabriolets Tempest, le label "GTO" connaîtra un succès tel qu'il incitera la direction de Pontiac à le réserver à une série distincte du reste de la gamme.
    PONTIAC GTOPONTIAC GTO
    © D.R

    Il faut bien l'avouer, les performances proprement exceptionnelles de la première Pontiac GTO (les meilleurs temps réalisés font état de 6 secondes à peine pour atteindre les 100 km/h depuis l'arrêt, le cap des 160 km/h étant franchi en 14 secondes à peine...) ont beaucoup surpris, à l'époque. De fait, elles dépassent le potentiel des meilleures voitures de sport européennes du moment vendues trois voire quatre fois plus cher sur le marché américain... Mais surtout, la "GTO" (conforme en cela aux exigences initiales de John De Lorean) apparaît comme un "concept" tout à fait cohérent, sa maniabilité et ses prestations routières s'avérant en rapport avec ses insolentes performances.
    L' année 1964 peut donc être considérée comme une date-charnière, une étape décisive dans l'histoire des muscle-cars. D'autant qu'elle correspond au lancement en fanfare de la Ford Mustang qui va elle aussi provoquer un séisme de forte amplitude sur le marché américain. Pour de tout autres raisons, toutefois...
    PONTIAC GTOPONTIAC GTO
    © D.R

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  • PEUGEOT 504 :

    Prenant la succession de la 404 en 1968, la Peugeot 504 offre une cylindrée supérieure : 1,8 litre, puis 2 litres contre 1,6 litre. Qu'on ne s'y trompe pas, ces 200 cm3, puis 400 cm3 traduisent beaucoup plus qu'il n'y paraît. C'est d’un changement de catégorie dont il s’agit. De proportions plus importantes, cette grande berline illustre la montée en gamme des modèles de classe moyenne passés depuis la 203 de 1,3 litre à deux litres.

    L'accouchement de la Peugeot 504 aura été mouvementé. Programmé au printemps 1968, son lancement sera différé pour cause de crise sociale et Sochaux connaîtra une grève de plus d'un mois avec occupation des usines. La voiture sera finalement présentée en septembre, à la veille du salon de Paris.
    PEUGEOT 504PEUGEOT 504
    © D.R.

    On ne peut dire que la Peugeot 504 ressemble à son millésime, car sa personnalité apparaît aux antipodes de cette année folle. Berline aux formes lourdes, elle incarne parfaitement les valeurs traditionnelles de sérieux et de robustesse de la marque, dont elle porte l'image bourgeoise.

    Dérivant techniquement de la 404, la Peugeot 504 assure la continuité au million de possesseurs de sa devancière. Son quatre cylindres super carré de 1796 cm3 est de suite proposé en deux versions à carburateur (87 ch SAE) et à injection (103 ch SAE). La vitesse est affichée respectivement à 156 km/h et 168 km/h. La boîte de vitesses possède quatre rapports et, en option, la voiture est équipée d’une transmission automatique ZF sensiblement différente de celle de la 404.
    PEUGEOT 504
    Intérieur dun premier modèle 504
    © D.R.

    Si la Peugeot 504 s’inscrit globalement dans le sillage de celle qui l’a précédée, tel n’est pas le cas de sa suspension à quatre roues indépendantes qui s’avère inédite chez Peugeot. Et relativement peu courante sur les berlines de grande diffusion de ce type. Elle assure à la voiture un excellent comportement routier. De plus, les quatre freins disques assistés confèrent à la 504 un freinage sans reproche.
    PEUGEOT 504PEUGEOT 504
    Peugeot 504 cabriolet                                                                                          Peugeot 504 coupé
    © Peugeot

    Sur le plan esthétique, le bilan est moins positif. Pininfarina a dessiné une proue assez massive porteuse de gros phares trapézoïdaux. Surtout, le plan incliné de son coffre à bagages apparaît d'une regrettable incongruité.

    Au printemps 1969, soit six mois après la berline, sont lancés les coupé et cabriolet Peugeot 504. Là, le décor change du tout au tout et l'art transalpin en a fait de séduisantes italiennes. Les deux voitures n'ont rien de commun avec la berline : l'empattement a été réduit de 19 centimètres et la voie arrière élargie de cinq centimètres. Par contre, la mécanique est strictement empruntée à celle de la berline, mais elle est uniquement disponible en version à injection. Grâce à un pont légèrement plus long, la vitesse de pointe est améliorée (173 km/h). Nous sommes en présence de nouveaux modèles dotés d'un comportement routier qui leur est propre. Ils bénéficieront du V6 de la Peugeot 604.
    PEUGEOT 504PEUGEOT 504
    © D.R.
    PEUGEOT 504PEUGEOT 504
    Peugeot 504 familliale                                                                                          Peugeot 504 Pickup
    © Peugeot

    Le salon de Paris de 1970 voit le développement tous azimuts de la Peugeot 504. La berline comme les cabriolet et coupé héritent d’un moteur réalésé à deux litres. Il développe 98 ch SAE dans sa version à carburateur (162 km/h) et 110 ch SAE avec l’injection (173 km/h). Parallèlement, la berline est déclinée en variante diesel motorisée par un 2,1 litres Indénor XD 90 emprunté à l’utilitaire J7 (75 ch SAE et 135 km/h). Et l’année suivante, trois nouveaux dérivés complètent la gamme, le break, la familiale et la commerciale construits sur un empattement allongé de seize centimètres mais dotés d’un essieu arrière rigide.

    En 1973, Peugeot propose une 504 économique équipée du 1,8 litre des débuts. Dénommée L, elle se contente d’un essieu arrière rigide et de freins à tambour à l’arrière. La Peugeot 504 à carburateur est désormais baptisée GL et la version injection TI. Quatre ans plus tard, la berline GLD (haut de gamme diesel) bénéficie d’un moteur de 2,3 litres développant 70 ch DIN (140 km/h).
    PEUGEOT 504
    Peugeot 504 2.0l, 1971
    © D.R.

    L’année 1980 voit la suppression de la berline essence à moteur deux litres suite au lancement de la 505 un an auparavant. Ne subsiste alors que la version L rebaptisée GR ou SR selon le niveau de finition.

    La Peugeot 504 sera produite en Europe jusqu’en 1983 (le pick-up jusqu’en 1987). Mais sa fabrication se poursuivra en Argentine et au Nigéria jusqu’en 2003. Son succès et sa longévité lui vaudront une diffusion exceptionnelle avec près de 3,7 millions d’exemplaires construits, toutes versions confondues. Sa fiabilité inaltérable, soulignée par les succès sportifs remportés dans les rallyes africains, aura entretenu l'image de sérieux attachée à la marque.

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