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PORSCHE 550 Spyder :Les fantômes de James Dean
Hans Herrmann au volant (1954)
© PorscheL’acteur se rendait sur le circuit de Salinas par la route, au volant de la voiture avec laquelle il devait courir. La piste et la route, déjà mêlées ; une singulière polyvalence qui allait caractériser les Porsche de compétition jusqu’à aujourd’hui, une confusion des genres qui a toujours été entretenue par la firme de Stuttgart, entre sport et grand tourisme, entre amateur et professionnel, entre prototype et production.
Porsche 550 Spyder aux Mille Miglia de 1955
© Porsche
Hans Herrmann (gauche) au volant de la Porsche 550 Spyder à la Carrera Panamericana (1954)
© PorscheLe modeste coupé 356 s’est vite jeté dans le grand bain de la compétition internationale : dès 1951, quatre ans après sa création, un exemplaire prit le départ des 24 Heures du Mans et remporta sa classe. L’année suivante, la même voiture réitéra son succès. Mais pour sa troisième participation, Porsche passait à la vitesse supérieure en inscrivant deux berlinettes de compétition, les 550 RS qui différaient des 356 par leur châssis, constitué de tubes soudés, et par la disposition de leur moteur, placé au centre et non plus en porte-à-faux à l’arrière. Ces prototypes servirent de base à une lignée de sportives que Porsche allait proposer à sa clientèle.
Tout en s’engageant aussi en son nom, Porsche offrait l’opportunité à ses clients de défendre ses couleurs. C’était le début d’une tradition qui se perpétue aujourd’hui avec la RS Spyder créée en 2005 ; son appellation n’est pas fortuite.
La RS Spyder de 2005
© PorscheLa version définitive de la 550 RS Spyder apparut au Salon de Paris 1953, avec une caisse en aluminium s’inspirant d’un prototype conçu par Walter Glöckler, concessionnaire de la marque, mais fabriquée chez le carrossier Wendler. Vue sa cylindrée limitée à 1,5 litre et une puissance de 110 chevaux, la 550 RS se contentait de briller dans sa catégorie, mais elle devint de plus en plus incisive au fil des ans. Avec le type 550 A, et son vrai châssis tubulaire, elle devint plus légère.
Aux 1000 kilomètres du Nürburgring 1957, Porsche engagea la RSK, une évolution encore allégée et mieux profilée de la 550 RS avec une face avant plus effilée dans laquelle étaient profilés les phares. Et deux ans plus tard, vint un premier succès au classement général d’une course du Championnat du monde…
Porsche 550 A
© PorscheFaites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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MONICA 560 :La Monica doit son existence à l’initiative d’un industriel français spécialisé dans le matériel ferroviaire, Jean Tastevin, qui souhaite construire la berline dont il rêve.
Son projet ? Une voiture somptueuse dotée d’une ligne italienne, sorte de Ferrari quatre portes, mais mieux finie et moins bruyante. Un modèle silencieux équipé d’une boîte automatique et doté d’un gros couple. Assez proche en somme de la Facel Véga Excellence, mais sans son design américanisé, ni son moteur américain qui est, aux yeux de Jean Tastevin, son gros défaut. La Monica s’adressera à une clientèle très élitiste, des happy few capables de payer un prix très élevé.
Premier prototype de la Monica
© D.R.Jean Tastevin se lance dans l’aventure en 1966 et décide de donner à son futur modèle le prénom de son épouse Monica. Il en confie la conception à l’Anglais Chris Lawrence, qui dessine le châssis et propose d’y installer un V8 réalisé par un ingénieur britannique, Ted Martin. Porté à 3,4 litres, ce moteur offre 240 ch DIN. Non emprunté à un véhicule préexistant, il constitue un avantage déterminant pour cette berline hors normes en lui donnant une vraie originalité mécanique.
Au terme d’un long travail préparatoire et après cinq prototypes construits, la Monica est révélée au salon de Paris de 1972. Elle reçoit l’appellation de Monica 350 par référence à la cylindrée du moteur Martin. Le rythme de production envisagé est de 200 à 300 exemplaires par an.
Poupe du troisième prototype Poupe de la Monica
© D.R.Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Jean Tastevin se tourne alors vers Chrysler comme l'a fait Jean Daninos 19 ans plus tôt. Mais le recours au V8 américain a pour lui le goût amer d’un ersatz. Et le 5,6 litres d’outre-Atlantique va devoir subir une cure de vitamines car son régime d’utilisation ne dépasse pas les 4000 tr/mn — un niveau normal pour un moteur de Detroit.
Pour porter le régime à 5000 tr/mn, les améliorations portent notamment sur les pistons et l’augmentation de la capacité du carter. On parvient à extraire 285 ch DIN, une puissance qui offre à la Monica 560 (par référence à sa cylindrée) 230 km/h en pointe et 28 secondes au kilomètre départ arrêté. Le moteur est accouplé au choix à la transmission automatique Torqueflite à trois vitesses ou à la boîte manuelle ZF à cinq rapports. A deux ou trois exceptions près, toutes les voitures seront équipées de la boîte automatique.
Le troisième prototype
© D.R.La Monica 560 est présentée pour la première fois au salon de Genève de 1973. La commercialisation est annoncée pour le début de l’année suivante. Une échéance qui ne pourra être tenue en raison des difficultés rencontrées dans la mise au point du moteur. Celui-ci connaît en effet d’importants problèmes de refroidissement par manque d’espace.
Conçu pour le Martin très compact, le compartiment avant se révèle trop exigu pour le gros V8. Un remède est imaginé sous la forme de deux ventilateurs disposés à l’intérieur des ailes. Sur les derniers exemplaires, deux grilles supplémentaires seront même aménagées sur le capot.
Salon de Genève en 1973 Monica 560
© D.R.
Bagages sur mesure
© D.R.Lorsqu’elle est exposée au salon de Paris de 1974, la Monica 560 est enfin prête. Grâce à sa conception moderne et aux qualités de son châssis, elle jouit d’une excellente tenue de route. Et le V8 Chrysler offre les qualités souhaitées de puissance et de souplesse.
L'habitacle apparaît sous la forme d’un écrin entièrement revêtu de peausseries. La suédine recouvre le tableau de bord orné de loupe d'orme, tandis que les sièges, les contre-portes et la console sont tendus de cuir Connolly. L’équipement de série comprend la climatisation, les bagages sur mesure et même l'ouverture électromagnétique des portes.
Hélas, le lancement de la Monica va tomber en pleines retombées du choc pétrolier de 1973. La voiture arrive donc sur le marché dans la pire des conjonctures. En 1975, Jean Tastevin se résoudra à mettre un terme à cette aventure industrielle naissante. Elle ne manquait pourtant pas d’ambition, comme l’attestent les projets d’un cabriolet et d’un coupé engagés en 1974. Au total, 17 voitures ont été construites, auxquelles s’ajoutent cinq prototypes.
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MG génération T :Depuis la première Midget type M 8/33 de 1928, toutes les petites MG étaient motorisées par des mécaniques à arbre à cames en tête. Il s’agissait de voitures pointues à la diffusion confidentielle et destinées à des amateurs avertis. Avec la génération «T», inaugurée par la TA en 1936, la marque entre dans une ère nouvelle, celle de modèles sportifs équipés de moteurs issus de la grande série.
De la TA à la TF, tous les modèles de la génération T seront baptisés Midget, une appellation qui disparaîtra avec la MGA avant d’être reprise sur le modèle de 1961 dérivé de l’Austin-Healey Sprite. Par ailleurs, il convient de noter que toutes les T possèdent le même empattement de 2,39 mètres.
MG TA 1936
© D.REn 1936, le lancement d’une nouvelle Midget suit de peu la définition de la nouvelle stratégie du groupe Nuffield. Désormais, les MG seront des voitures dérivées des berlines Morris et Wolseley, ce qui signifie l’abandon des moteurs à arbre à cames en tête. Pour autant et malgré le handicap d’une mécanique prosaïque, la nouvelle Midget devra entretenir la renommée sportive de la marque. La TA reçoit un moteur culbuté de 1,3 litre issu de la Morris Ten, dont la cylindrée et la puissance (50 ch) s’avèrent toutefois supérieures à celles de la Midget précédente, la PB (939 cm3 et 43 ch). Si la TA est construite sur le même châssis que sa devancière, elle bénéficie de freins hydrauliques (Lockheed) en lieu et place de ceux à câbles de la PB. Un progrès important.
Evolution majeure de la TA, la TB apparaît en avril 1939. Le changement principal se trouve sous le capot où prend place un nouveau quatre cylindres de 1250 cm2. Bien que de cylindrée légèrement inférieure, ce moteur (appellation XPAG) se révèle plus puissant (54 ch) grâce à un régime supérieur (5200 tr/mn) rendu possible par une course réduite (90 millimètres au lieu de 102 millimètres). Il se veut également plus robuste. La TB reçoit par ailleurs un embrayage à sec et sa carrosserie a été élargie. La carrière de la voiture sera interrompue par la guerre et sa production se limitera à 379 exemplaires. La TB sera aussi la dernière MG construite du temps de Cecil Kimber, qui disparaîtra en 1945.Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie automobile britannique se lance dans la chasse aux dollars. Pour MG, la TC, lancée en octobre 1945, sera la première voiture exportée en quantités significatives. Et c’est avec elle que s’ouvriront à partir de 1947 les portes du marché d'outre-Atlantique, lequel deviendra au cours des années suivantes le principal débouché de la marque. Au total, 10 000 TC seront produites jusqu’en 1949, dont plus de 1800 vendues aux Etats-Unis. Un succès qui, dans le contexte américain, peut paraître insolite compte tenu du caractère archaïque du modèle. Car la TC n’est qu’une TB ayant gagné une lettre dans l’alphabet : même moteur entraînant la voiture à 120 km/h, essieu avant rigide, direction à droite, absence de chauffage, etc. C’est précisément ce caractère marqué, celui du roadster britannique sans concession, qui a valu à la TC la faveur des acheteurs américains.
MG TC Midget 1945
© D.RLa TD, quant à elle, n’a pas rechigné sur les « concessions ». Prenant la suite en 1949, elle subit une cure de modernité au grand dam des traditionalistes de la marque, qui accusent MG d’avoir vendu son âme aux Américains. La nouvelle Midget bénéficie en effet de nombreuses modifications : suspension avant indépendante, présence de pare-chocs à l’avant comme à l’arrière, roues en tôle remplaçant celles à rayons (des trous ont été ajoutés par rapport au prototype de 1948 pour un meilleur refroidissement des freins).
La TD est réalisée sur le châssis de la berline type Y, lancée en 1947, dont l’empattement a été raccourci de treize centimètres. Elle reçoit donc la suspension avant à roues indépendantes conçue avant la guerre par un jeune ingénieur nommé Alec Issigonis… Un progrès qui s’avérait indispensable ! Plus rigide, mieux suspendue, la TD gagne en tenue de route, confort et fiabilité. Tout en conservant le moteur et le look de la TC, elle jouit ainsi d’une technique actualisée. Construite jusqu’en 1953, la TD sera produite à plus de 30 000 exemplaires, dont 80% exportés outre-Atlantique.
MG TD
© D.RLifting de la TD réalisé en attendant le lancement de la MGA, la TF est mal accueillie lors de sa présentation en 1953. Elle reprend à sa devancière l’ensemble de son châssis et de sa mécanique (le 1250 cm2 XPAG). La ligne modernisée offre un capot abaissé et des phares semi-intégrés à la caisse entourant une calandre inclinée — mais les roues à rayons sont à nouveau disponibles en option. L’habitacle subit également un traitement du même ordre. Avec 57 ch et 120 km/h, la TF est dépassée par la concurrence des Triumph TR 2 et Austin-Healey, dont les performances (160 km/h) la surclassent pour un prix sensiblement équivalent.
MG TF Midget 1953
© D.RPour trouver les chevaux qui manquent, MG réalèse le moteur à 66,5 millimètres. Avec 1466 cm3 et 63 ch, le niveau est nettement amélioré (140 km/h). Mais on est encore loin des modèles concurrents. Reconnaissable à la mention TF 1500 sur le capot, la voiture est construite à partir de juillet 1954 (3400 exemplaires seulement) jusqu’à l’apparition de la MGA.Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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La Berlinette 1961-1972 :
La BerlinetteDévoilée au salon 1962, la Berlinette A110 (son chiffre ne fait plus référence au type-moteur Renault) Tour de France possède 4 freins à disques, une surface vitrée agrandie et un arrière modifié pour accueillir l'ensemble moteur/radiateur.
La Berlinette A 110 de 1963 La GT 4 de 1964
© D.R.Si elle reprend de nombreux éléments de la Berlinette A108, elle hérite du tout nouveau moteur 956 cm3 à 5 paliers de la R8, en configuration 55 ch, qui équipe aussi le coach René Bonnet...
En octobre 1962 on peut déjà, sur demande, commander une A110 1100 cm3 à moteur Gordini. Alpine propose aussi une version "80" ainsi que de nombreuses options: boîte 5, suspension Mille Miles, direction directe, antibrouillards, etc. Le coupé GT4 n'est autre que le "2+2" doté d'un arrière moins carré, plus élégant.L'A110 débutera sa carrière en 1963. Une date à retenir. La saison 1963 débute en fanfare avec la victoire "scratch" au rallye des Lions de José Rosinski, nouveau directeur du Service Course Alpine. En parallèle, Grandsire court les 1000 km du Nürburgring sur une Berlinette 1100 cm3 "hémisphérique". Devant le formidable potentiel de ce moteur, la Régie le monte dans une R8. La R8 Gordini 1100 est née. Au Tour de France, sur les six Alpine au départ, Jacques Cheinisse, jeune vendeur Alpine à Dieppe, remporte la classe 1000 cm3 sur son A110 personnelle. Un exploit.
Jacques Cheinisse au tour de France 1963 Fangio au pub Renault en 1964
© D.R.L'affrontement des Alpine "usine" et "privées" durera toute la saison 1963 et Féret finira 2ème au championnat de France GT. On parle de plus en plus d'Alpine, tant en rallye que sur circuit (avec les prototypes du Mans). Et, sur la route, on commence maintenant à les croiser.
C'est la fin de l'anonymat pour les Dieppoises dont le succès traverse les frontières. Le Brésil en produit 1000 par an. Baptisées Interlagos, elles y accumulent les succès en compétition. A l'époque, tiraillé entre René Bonnet et Jean Rédélé Renault choisit ce dernier…
L'année 1964 commence sous les meilleurs auspices. Après une participation à la Targa Florio, deux M64 enlèvent l'indice énergétique aux 24 Heures du Mans. En rallye, Cheinisse continue à faire des étincelles, ce qui lui vaut quelques volants "usine". Hélàs le règlement émanant de la CSI classe désormais l'A108 en GT , ce qui lui ôte toute chance de succès.
Rallye des Cévennes 1966
© D.R.La berlinette Tour Auto de 1964La Berlinette a déjà évolué. Celle de Cheinisse au Tour Auto 1964 est une authentique "usine". Son moteur 1108 cm3 à culasse hémisphérique, alimenté par deux Weber double corps Ø 40, développe 92 ch. Le radiateur d'huile arrière est refroidi par une écope sur l'aile, et le radiateur d'eau est à l'avant.
La capacité du carter d'huile (exclusivement Shell Super M ricinée) a été augmentée, ce qui favorise le refroidissement. L'essence est répartie en 2 réservoirs, avant et arrière, et un robinet permet de passer de l'un à l'autre. La boîte 4 (R8 Gordini) reçoit un embrayage Ferodo à diaphragme.
Les suspensions proviennent également de la R8 G : 4 roues indépendantes à triangles superposés à l'AV et "essieu brisé" à l'AR. On trouve aussi une direction à crémaillère, des jantes 15" en acier chaussées de Dunlop Racing (450 x 15 AV et 500 x 15 AR) et 4 freins à disque Bendix. Des résistances de pare-brise éliminent la buée, talon d'Achille des Berlinettes.
© D.R.En décembre 1964, Sport Auto chronomètre l'A110 à 196 km/h en pointe et réalise 31,2 sec. au kilomètre DA. En 1964, Mignotet se penche sur les moteurs. A partir du 956 cm3 de la R8, il développe 4 évolutions : 998 cm3, 1100 cm3, 1149 cm et 1296 cm3. En 1964, Alpine remporte 2 titres de Champion de France, l'un en protos & l'autre en F3, sans compter les multiples victoires en rallye, aux mains des "bons clients" comme des pilotes d'usine.1965 : un seul modèle et quatre versionsEn 1965, la version de base (40 ch) de l'A108 disparaît du catalogue, ainsi que le Coupé Sport et le Coupé 2+2. L'Alpine A110 est déclinée en 4 versions. D'abord, 2 configurations de base :
- 956 cm3 boîte 4, 55 ch (Berlinette)
- 1108 cm3 boîte 4, 66 ch, (cabriolet, Berlinette, GT4)
La Coupe de Paris en 1965
© D.R.Ensuite, 2 versions poussées:
- "85", 1108 cm3 boîte 4, 85 ch (cabriolet, Berlinette, GT4), avec culasse grandes soupapes et double carburateur.
- "100" Compétition, 1108 cm3, boîte 5, 95 ch (cabriolet, Berlinette, GT4). C'est à dire la mécanique de la R8 G avec 5 ch de plus, grâce à ses 2 double corps horizontaux.
Au salon de Turin, Osi dévoile une Berlinette sans chromes ni moulures, avec des feux AR de Fiat 850. Elle préfigure la future A110 1300. Aux Cévennes 1965, apparaît une version 1440 cm3 Mignotet, élaborée sur base de 1300 cm3.Ils se battent pour la piloterL'année1966 démarre avec la victoire d'Hanrioud au Neige & Glace, suivie par de nombreux succès : Lyon-Charbonnières, Limousin, etc. A la Targa Florio, Rosinski-Delageneste remportent la catégorie 1300 devant Vinatier-Orsini et surtout une meute d'Abarth. A la fin de la saison 1966, l'Alpine A110 (1108 cm3), est enfin homologuée en Groupe 3 (500 exemplaires construits). Mais en Groupe 4, elle se montrera bien plus redoutable encore, grâce aux nombreuses variantes du moteur Gordini.
Rallye des Cévennes 1967
© D.R.Tout ce que la France compte de rallyes vient récompenser les efforts de Dieppe et les plus grands noms de l'automobile se battent pour piloter la Berlinette. Comme Gérard Larrousse qui débute chez Alpine en 1967, Mauro Bianchi, Jean-Claude Andruet, Piot, Fiorentino, Vinatier, Nicolas, Thérier et tant d'autres, sans oublier les privés : Marnat, Nusbaumer, Neyret, Henry, Laurent, etc.Le moteur de la R 16Côté production, la grande nouveauté de 1967 est la commercialisation de la Berlinette 1500, à moteur de R16 modifié par Lotus, aussi monté dans la Lotus Europe. En raison des dimensions du bloc, le radiateur d'eau passe à l'AV, comme sur les Berlinettes de course, ce qui équilibre les masses et améliore le refroidissement. Le 1470 cm3 délivre 78 ch au lieu de 55 dans la R16. La boîte est à 4 rapports mais le 5ème est livrable en option. L'A110 1500 ne sera construite qu'à 42 exemplaires ! Mais elle servira de base à la future 1600.
L'Alpine remportera sa première victoire internationale au Lyon-Charbonnières 1968, avec Andruet. Durant toute la saison, elle volera de succès en succès et, consécration suprême, Vinatier lui offrira la Coupe des Alpes 1968.
Jean-Claude Killy visite les ateliers Alpine Châssis entièrement équipé de l'A110 1300S
© D.R.En fin d'année, au salon de Paris, le moteur 1500 Renault-Lotus fait place à celui de la R16 TS modifié à 1565 cm3 et 92 ch. L'Alpine 1600 est née. Elle garde son châssis à poutre centrale tubulaire, sa suspension indépendante et se chausse en Dunlop SP Sport 155 x 13 à l'AR. Le réservoir contient 38 litres. Le tout pour 25 600 Francs. Toujours au millésime 1969, la 1108 "100" disparaît du catalogue, puis le cabriolet et enfin la GT4 dont la production était devenue marginale. Tout est désormais concentré sur la Berlinette.
En 1968, un accord est passé avec Renault, qui distribue désormais la Berlinette dans son réseau, qui passe de 10 points de vente à 135.
Autre avantage : Alpine hérite du budget compétition de la Régie. Jacques Cheinisse change de casquette et devient chef du Service Compétition d'Alpine Renault. Avec des moyens limités, il réalisera des prouesses.
La berlinette A 110 millésime 1968 La berlinette A110 1300 de 1969
© D.R.
1969 : premier titre de Champion de France
Jean Vinatier Champion de France des Rallyes en 1969.
© D.R.En 1969, la guerre fait rage entre Alpine et Porsche, d'autant que Larrousse vient de passer dans le camp allemand.
En début de saison, les forces s'équilibrent, puis arrive la Coupe des Alpes et le triplé sans précédent des Alpine avec Vinatier, Andruet et Lusenius.
Au Tour de Corse, l'Alpine s'incline devant la 911. Après sa victoire aux Cévennes, Vinatier sera finalement sacré Champion de France, juste devant Larrousse.
La coupe des Alpes de 1969. Service d'assistance au rallye de Monte Carlo 1969.
© D.R.
De l'artisanat...
La chaîne de montage de l'A110 1969 : Fangio au volant d'une A110 chez Alpine
© D.R.La Berlinette se vend bien. Avec deux fois plus de commandes que de voitures, Rédélé est obligé de passer de l'artisanat à la série. Il triple la superficie de production dans une usine de 20 000 m2 construite à Rouxmesnil, près de Dieppe, qui emploie 350 personnes.
En 1969 la production totale atteint 636 unités, le double de l'année précédente! Mais il faut déjà préparer la future GT. Depuis l'abandon du cabriolet et de la GT4, Alpine ne propose plus que la Berlinette Tour de France Type A110. Pour remplacer la "70" 1108 cm3 qui disparaît du catalogue au millésime 1970, Dieppe présente l'économique "85", mue par le bloc 1289 cm3 de la R12 TS (81 ch), avec une boîte 4.
La gendarmerie s'équipe en 1969 d'Alpine 1970 : L'A110 exposée sur les champs Elysées
© D.R.Les 1300 et 1300 Super deviennent 1300 G et 1300 S en gardant les mêmes caractéristiques. De son côté, la 1600 passe de 92 à 102 ch et se voit adjoindre au salon 1969 une version 1600 S, rivale des 911, reines de la catégorie GT. Le moteur dérivé du R16 1565 cm3 est proche de celui de la R12 Gordini, mais avec arbre à cames remodelé, soupapes plus grosses et rapport volumétrique plus élevé. Il délivre 125 ch et hérite d'une boîte 5. Excepté la "85", toutes les Berlinettes ont désormais le radiateur d'eau à l'AV, d'où leur prise d'air sous le pare-chocs.
Aux Routes du Nord 1970, Andruet étrenne le nouveau 1798 cm3 Mignotet, extrapolé du 1605 cm3, un moteur qui fera parler de lui dans les années à venir. Le début d'année sportive cafouille: au Monte-Carlo, puis en Suède c'est la débâcle. Dieppe renoue avec la victoire à l'Acropole et en Corse.
Le stand Alpine au salon de Paris en 1970 Féret, Thérier et Cheinisse vainqueur de l'Acropole 1970
© D.R.
... à l'industriel
Tour de Corse 1970
© D.R.A l'aube de 1971, l'usine produit l'A110-1300 en différentes versions, plus la 1600 S, soit maintenant 1300 voitures par an. Les Alpine sont aussi fabriquées au Brésil, au Mexique, en Espagne et en Bulgarie. Cheinisse et son service compétition assurent les victoires et le prestige. Jean Rédélé voit la vie en rose. Il espère atteindre le cap des 2000 unités annuelles en 1971. En parallèle, il place tous ses espoirs dans le projet A310, à ses yeux la Porsche française. Du coup, on relègue la fabrication des A110 à Thiron-Gardais, Dieppe se consacrant aux nouvelles A310.
Alpine en profite pour épurer sa gamme. La 1600 disparaît au profit de la seule 1600 S. Excepté la "85", tous les modèles sont chaussés en jantes larges (Delta Mics) et les clignotants avant quittent le pare-chocs pour se loger sur l'aile. L'usine propose aux clients sportifs une 1600 S groupe 4, 155 ch, chaussée en 7 et 9 pouces, avec réservoir de 80 litres et allégée à 685 kg.
Coup d'envoi de la saison 1971 au Monte-Carlo. Profitant de l'absence des 911 S officielles, la Berlinette s'adjuge les 2 premières places avec Anderson et Thérier.
Cette victoire aura un effet retentissant pour les ventes. Rédélé doit copier l'Alpine victorieuse en plusieurs exemplaires afin de pouvoir l'exposer un peu partout.
La berlinette A 110 1600 S groupe 4 Rallye de Monte Carlo 1971
© D.R.En Italie et en Grèce, Alpine s'impose à nouveau et Anderson apporte à Alpine le titre de Champion du Monde 1971 des rallyes par marques. Désormais, la supériorité des Dieppoises est internationale
L'usine ne peut courir officiellement partout. Des A110 préparées "usine" sont donc livrées aux clients sportifs, dans le seul but de faire triompher les couleurs d'Alpine ! Au millésime 1972, la gamme se simplife. Renault ayant cessé la fabrication de la R8 Gordini, Alpine est contraint de supprimer les versions 1300 G & S. Ne restent au catalogue que 3 modèles : la "85" (81 ch), la 1600 S (138 ch) et la 1600 S Groupe 4 (155 ch).
En 1972, la puissance des moteurs a tellement augmenté que la boîte ne tient plus le choc. Il faudra attendre le Tour de Corse pour que les mécanos trouvent la parade : ils montent de gros pignons sur les 4 premiers rapports et juste un embryon de 5ème, pour être conforme à la fiche d'homologation. La victoire sera remportée par Andruet et Biche.
L'évènement de la saison 1972 se produit aux Cévennes. Cheinisse a demandé à Dudot et Mignotet d'installer un turbo "Hoflet" sur une Berlinette. Mais il est très brutal et son temps de réponse excède 3 secondes, ce qui rend l'Alpine turbo quasi-inconduisible. Dans ces conditions dantesques, "Thérier- l'acrobate" mènera ce monstre de 200 ch jusqu'à la victoire.
Thérier au rallye de Monte Carlo de 1971 Tour de Corse 1972
© D.R.
Renault entre dans le capital d'AlpineEn 1972, le PDG de Renault, Pierre Dreyfus, propose à Rédélé une prise de participation chez Alpine. Il déploie tant de persuasion que le Dieppois cède sagement la majorité de son capital à Renault, assurant ainsi la continuité de son œuvre et les emplois de ses collaborateurs.
Rédélé restera PDG d'Alpine jusqu'en 1978, puis il vendra entièrement sa firme à Renault. Notons qu'auparavant Rédélé avait reçu des propositions de Japonais, qu'il avait toutes refusées.
© D.R.A suivre ...Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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MERCEDES 300 SC :
La Mercedes 300 S est l'une des plus belles et des plus remarquables automobiles de rêve des années cinquante. Méconnue en France, où elle a été éclipsée par le lustre de la 300 SL, elle est, fort légitimement, considérée comme l'un des sommets de la marque à l'Etoile dans son pays d'origine. Présentée par Stuttgart comme " la voiture de l'élite ", la 300 S est destinée à quelques richissimes happy few. Elle est en effet l'un des modèles les plus chers de son époque, son prix s'avérant nettement supérieur à celui de la 300 SL : 34 500 DM contre 29 000 DM pour la 300 SL - et jusqu'à 36 500 DM pour la Sc.
© D.R
Dotée d'une finition de très haut niveau, la 300 S affiche un design dépouillé et d'une noble élégance, qui fait de la voiture l'un des grands classiques de l'esthétique automobile d'après-guerre. Le dessin de la calandre évoque le radiateur des Mercedes d'avant guerre, notamment celui de la 500 K.
Extrapolée de la toute nouvelle berline 300, la 300 S est dévoilée au salon de Paris de 1951. Toutefois, sa production ne démarrera qu'en juillet 1952. Si elle emprunte à la berline son six cylindres de trois litres à arbre à cames en tête unique, la nouveau-née bénéficie d'un traitement survitaminé. Un taux de compression plus élevé et l'adjonction d'un troisième carburateur Solex font passer la puissance de 115 ch à 150 ch. Même bond en avant pour le couple qui grimpe à 23,5 mkg. Capable de 175 km/h, la 300 S apparaît comme la voiture la plus sportive de la marque jusqu'au lancement de la 300 SL. Puissante, rapide et dotée d'une bonne tenue de route, elle est une reine de l'asphalte.
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Vu la vocation sportive assignée à la 300 S, l'empattement a été réduit de 3,05 mètres (pour la berline) à 2,90 mètres. Trois types de carrosseries sont proposés : coupé, cabriolet A et roadster, cette dernière version étant la plus sportive. Elle reçoit une capote simplifiée qui s'escamote entièrement - une bâche supplémentaire pouvant prendre place sur les places arrière de secours.
© D.RAprès 560 exemplaires construits, la voiture s'efface au profit de la 300 Sc présentée au salon de Francfort en septembre 1955. La grande nouveauté du modèle est l'injection directe Bosch (un système mécanique à six plongeurs), dont son moteur est équipé. Le six cylindres, qui développe maintenant 175 ch avec un couple de 26 mkg à 4300 tr/mn, permet à la 300 Sc d'atteindre les 180 km/h. Parallèlement, l'essieu arrière oscillant a été modifié afin d'offrir un meilleur confort et d'améliorer la tenue de route.
Extérieurement, la 300 Sc se reconnaît à l'abondance de ses chromes (notamment sur les flancs du capot moteur), à la présence de déflecteurs sur les portes, ainsi qu'à ses clignotants plus largement dimensionnés. De l'arrière, elle s'identifie grâce à la mention " Einspritzmotor " (moteur à injection), qu'elle arbore fièrement sur son pare-choc.
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Cédant à la concurrence de la 300 SL - même si les deux modèles n'appartiennent pas à la même catégorie -, la 300 Sc disparaît en avril 1958 : 200 voitures ont été produites, dont 98 coupés, 49 cabriolets A et 53 roadsters. Elle peut être considérée comme la dernière voiture de sport allemande, dont le style classique et la carrosserie non pontée renvoient à la grande époque de l'avant-guerre.
© D.RLes trois Mercedes 300 Sc de la Collection Rolf Meyer illustrent les trois types de carrosseries dans lesquelles le modèle était offert. Elles ont toutes fait l'objet d'une restauration totale à partir du châssis. Les boiseries, qui ont été refaites, sont en acajou, à l'exception du roadster sur lequel elles ont été réalisées en citronnier. Leurs coffres accueillent des valises réalisées sur mesure. Sorti d'usine en 1956, le coupé possède un toit recouvert de vinyle blanc, dont l'effet donne l'illusion d'une capote. Le cabriolet A et le roadster datent de 1957. Le premier a longtemps séjourné aux Etats-Unis avant de gagner la Suisse, où Rolf Meyer l'a acquis, tandis que le second a fait partie de la célèbre collection américaine Blackhawk. La cote actuelle d'une 300 S/Sc roadster ou cabriolet est proche de celle d'une 300 SL.
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