-
PEGASO Z 102 :Entièrement conçue et fabriquée en Espagne, la Pegaso Z102 est dévoilée au salon de Paris de 1951, où sa mécanique fait sensation : un magnifique V8 de 2,5 litres tout en alliage léger, lubrifié par carter sec et dont la distribution se fait par quatre arbres à cames en tête entraînés par pignons. La voiture, qui reçoit selon le vœu du client un ou deux carburateurs de 36 millimètres, développe de l’ordre de 180 ch. Une version 2,8 litres est également annoncée. Dotée d’un différentiel autobloquant ZF, la transmission est confiée à une boîte-pont à cinq rapports (première non synchronisée) placée en porte-à-faux arrière.
Première Z 102
© D.RConstitué d’une plate-forme à caissons, une structure semi-portante intégrant les passages de roues, les parois du compartiment moteur et l’auvent, le châssis n’est pas en reste. Doué d’une grande rigidité, il a aussi l’avantage d’autoriser le montage de carrosseries spéciales. La suspension avant est à roues indépendantes par barres de torsion, tandis qu’à l’arrière prend place un pont De Dion soutenu par des bras de traction et de réaction. Le freinage est assuré par quatre tambours Lockheed en aluminium, accolés au pont à l’arrière — les freins seront le point faible de la Pegaso, par ailleurs douée d’une excellente tenue de route.
Grâce à son raffinement technologique, le pur-sang espagnol s’installe au pinacle de la production mondiale. Bien que la Z102 affiche une ligne expressive, immense capot et poupe brève, elle se révèle assez massive et ne brille guère par son élégance. Appelée « Barcelona » ou « ENASA » car réalisée en Espagne (par opposition aux Z102 à venir dont les caisses viendront d’Italie et de France), cette berlinette apparaît typique des GT de l’après-guerre, où les stylistes tentent d’apprivoiser la nouvelle carrosserie ponton venue des Etats-Unis.En réalité, seuls cinq prototypes et véhicules d’avant série ont été réalisés, dont aucun n’a vraiment subi d’essai de mise au point. Il reste donc beaucoup à faire et l’année 1952 sera consacrée à effectuer les modifications nécessaires.
Pegaso Z102 Barcelona 1952 Moteur 2,5l de la Pegazo Z 102
© D.RLa production démarre véritablement avec la Z102 B qui, exposée au salon de Paris de 1952, bénéficie d’améliorations techniques et esthétiques. La partie antérieure de la voiture est notamment modifiée et la calandre arbore la croix qui orne également les camions. Le moteur est proposé en trois variantes de cylindrée, 2,5 litres, 2,8 litres et 3,2 litres et en plusieurs taux de compression (7,8, 8,2 ou 8,8 à 1). Elle peut être également alimenté par un, deux ou quatre carburateurs Weber. Les puissances développées sont les suivantes : 142 ch à 6000 tr/mn avec un carburateur Weber double corps pour le moteur 2,5 litres, 160 ch avec un Weber et 172 ch avec quatre Weber pour le 2,8 litres, 210 ch pour le moteur de 3,2 litres (couple de 25 mkg à 3500 tr/mn). Les Pegaso peuvent même recevoir un compresseur de type Roots, qui permet au V8 d’offrir plus de 280 ch (type Z102 BS).
La vitesse atteint 200 km/h à 260 km/h selon la motorisation et le rapport de pont choisis, ce qui fait de la Pegaso la voiture (commercialisée) la plus rapide du monde avec la Ferrari 340 America. Pour prouver leurs capacités, deux Z102 sont envoyées en septembre 1953 en Belgique pour s’attaquer à des records de vitesse sur la célèbre autoroute belge près de Jabbeke. Avec la seconde voiture pilotée par Celso Fernandez (le moteur de la première, la Bisiluro, ayant rendu l’âme), Pegaso bat les records du kilomètre et du mile (départs arrêtés et lancés) pour voitures de sport établis antérieurement par Jaguar. Un mois plus tard, une XK 120 spécialement préparée redonnera à la marque de Brown’s Lane les records lancés — mais pas ceux arrêtés.
Cabriolet Saoutchik 1ère série Spider Touring
© D.RLa Z102 B est réalisée en coupé deux places et en spider, confiés à deux carrossiers, Touring et Saoutchik. De loin la plus réussie, la berlinette Touring est un pur chef-d’œuvre. Design racé, sobriété et grande classe sont au rendez-vous, ce qui ne saurait surprendre de la part de la célèbre maison milanaise fondée par Felice Bianchi Anderloni. Elle sera la version la plus diffusée — sans doute plus de la moitié des Pegaso, soit une quarantaine, mais les sources sont sujettes à caution. C’est à elle que l’on pense aujourd’hui quand on évoque la firme espagnole.
Quant au carrossier français, intronisé importateur de la marque pour la France, il réalise deux séries de cabriolets et de coupés en 1953 et 1954. Le style baroque, mièvre et lourd, de la première, tout comme la ligne modernisée mais caricaturale de la seconde font très fin de race. Ces voitures (18 au total) illustrent le naufrage de la carrosserie française à cette époque.
Pegaso Berlinette Touring Cabriolet Saoutchik 2e série
© D.RL’usine se chargera de plusieurs versions spéciales comme les deux Cupula présentées à Paris en 1952, et à New York l’année suivante dans le cadre d’une tournée promotionnelle organisée avec l’importateur américain Brewster. Surnommée « Rose de Thé » pour son étrange couleur, cette dernière sera vendue à Trujillo, le dictateur de Saint-Domingue. Pegaso réalisera également les superbes spiders de compétition (en aluminium ou fibre de verre) baptisés Rabassada, Pedraldes et Montjuich, ainsi que les deux Bisiluro des records de vitesse. Outre deux magnifiques spiders, Touring présentera la « Thrill » au salon de Turin de 1953, un modèle expérimental (exemplaire unique) à la ligne aérodynamique exubérante mais fort réussie.
Pegaso Z 102 Cupula Z102 Touring Thrill
L’année 1953 constitue l’apogée de Pegaso. Outre une activité débordante à l’international (salons, présentations diverses), elle sera la plus favorable avec une vingtaine de Z102 construites. Ce sera hélas le record de production sur une année… En 1954, la marque fait sensation au salon de Paris en exposant une Z102 à la carrosserie transparente réalisée en plexiglas sur base de coupé Touring. Pourtant, les nuages commencent à s’accumuler sur la firme et 1955 va réserver de bien mauvaises surprises.
Z102 en plexiglas salon de Paris 1954 Pegaso Z 102 1957
Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
votre commentaire -
-
-
PACKARD 110 Cabriolet :Digne représentant de la grande marque américaine de prestige, ce cabriolet Packard 110 est un millésime 1940, l’un des plus beaux designs de l’histoire de la firme.
© Gilles BonnafousPackard naît en 1899 à Warren, dans l’Ohio. Son fondateur, James Ward Packard, cède son affaire deux ans plus tard à Henry B. Joy, un homme d’affaires de Detroit. Conçue par un Français, Charles Schmidt, la première quatre cylindres apparaît en 1903. La marque se positionne en haut de gamme dès le début des années dix avec la première six cylindres (1912).
© Gilles BonnafousPackard frappe fort en 1915 avec sa V12, la « Twin Six », qui surclasse Cadillac et sa V8. Elle sera produite à plus de 35 000 exemplaires jusqu’en 1923, année où elle cèdera la place à une huit cylindres dotée de freins sur les quatre roues et d’une boîte à quatre vitesses. La Eight constituera l’essentiel de la production Packard au cours des années trente malgré la réapparition d’une Twin Six. Jusqu’à la guerre, la marque dominera le marché américain du luxe automobile, en particulier Cadillac.
Le trait dominant de la personnalité d’une Packard est son design marqué par une discrétion de bon aloi propre à l'image traditionnelle d'une grande maison. Ce style conventionnel traduit aussi l'esprit conservateur d'une marque dont le rang lui interdit l'audace. La Packard incarne l'Amérique puritaine de Boston et de la côte Est, non celle de "l'american dream" qui a attiré tous les déshérités de la terre.
Contrairement à Cadillac, adossé à la General Motors, ou à Lincoln, propriété de Ford, Packard est un constructeur indépendant, qui ne peut compter sur les ressources financières d’un grand groupe. Les conséquences de la crise de 1929 conduisent la firme à un tournant « démocratique » (tout est relatif). En 1935, elle lance une nouvelle génération de huit cylindres à prix modéré, la 120 (One Twenty), qui connaîtra un vif succès.
© Gilles BonnafousDeux ans plus tard, un nouveau pas est franchi avec le lancement d’une six cylindres, la 110 (One Ten) encore moins chère (prix inférieur de 150 $ à la huit, modèle pour modèle), qui booste les ventes. La nouveau-née devient le modèle le plus diffusé de la marque, qui connaît en 1937 son record historique de production. Elle va également faire évoluer le statut de Packard pour en faire une firme au volume de production important. Mais l’image de prestige en sera quelque peu écornée, pour le plus grand profit de Cadillac.
Le six cylindres latéral de la 110 dérive du huit cylindres de la 120. Il s’agit d’un 245 c.i., soit quatre litres de cylindrée, offrant la puissance de 100 ch. Si la boîte vitesses ne possède que trois rapports, la voiture bénéficie de sophistications telles que la capote à vérins hydrauliques. La 110 est construite sur un empattement réduit par rapport à la huit cylindres, mais néanmoins fort respectable de 3,10 mètres. Elle est disponible en six modèles : berlines deux et quatre portes, coupés en deux versions (Club et Business), cabriolet et break.
© Gilles BonnafousLe design traditionnel Packard va se trouver dépassé par les innovations de la concurrence. Car un style nouveau est apparu qui évoluera vers la forme ponton. Il se caractérise notamment par une large calandre horizontale qui renverse le sens des lignes de la face avant. Dès 1940, la General Motors a adopté ce parti pris (avec Buick), ainsi que Chrysler (notamment avec la Crown Imperial), tandis que Cadillac reprendra cette esthétique en 1941.
Tirant ses dernières cartouches, le style des années trente connaîtra chez Packard son ultime millésime en 1942, avec une face avant légèrement modernisée grâce à de larges moustaches. Mais une jeune pleine d'ambition est apparue dans l’année charnière que représente 1941 : la Clipper. Cette nouveau-née représentera désormais l'avenir de la marque et tous les modèles Packard adopteront son design lors de la reprise en 1946.Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
votre commentaire -
La gloire et la fin :
Rallye de Monte Carlo 1973
© D.R.A partir de 1973, Jacques Cheinisse, Directeur du service de course, se retrouve chapeauté par Terramorsi, c'est la fin d'une période. De grands changements vont intervenir et des "têtes vont tomber". Cela étant, 1973 sera LA grande année d'Alpine, qui remportera le Championnat du Monde des Rallyes.
La nouvelle Berlinette 1800 reçoit les suspensions de l'A310, dévoilée en mars 1971. Alpine courra 8 épreuves sur les 13 du tout nouveau Championnat du Monde. Andruet et Biche commencent en fanfare en remportant le Monte-Carlo.
Puis, au fil de la saison, les victoires s'accumulent et Alpine prend le large. L'apothéose aura lieu en Corse. Nicolas, Piot et Thérier réalisent un triplé historique qui permettra à la firme dieppoise de s'adjuger le titre avec 155 points, devant Fiat (89) et Ford (76).
Les retombées commerciales sont fantastiques. Les commandes affluent. C'est l'euphorie...mais hélas, 1973 marque aussi le premier choc pétrolier et la limitation de vitesse sur autoroute. Des évènements qui pèseront lourd dans l'avenir de la Berlinette.
Alpine A 110 1600 SC de 1974 Alpine A 110 1300
© D.R.Au salon 1973 apparaît un nouveau modèle, la 1600 SC (SI pour l'export où elle reçoit l'injection). Les suspensions AR et ses jantes sont celles de l'A310 et la cylindrée passe à 1605 cm3 pour 140 ch. La tenue de route est améliorée et la 1600 SC atteint 210 km/h en pointe. Elle côtoie au catalogue la 1800 Groupe 4 de 170 ch destinée aux "clients compétition". A partir de 1974 les Berlinettes perdent leur appellation Tour de France et la "85" devient la 1300.
Titre mondial en poche, en 1974 Alpine va se lancer à la conquête des rallyes africains. La Berlinette remporte l'une de ses plus belles victoires au Maroc, avec un Nicolas impérial sur ce terrain peu favorable à l'Alpine. Cette victoire compense l'échec cuisant du Safari Rally.
La marque n'a plus rien à prouver en rallye, elle se tourne alors vers le circuit et les protos. Cela dit, les nombreux clients qui vont continuer à courir sur la Berlinette écriront les dernières pages de la fabuleuse Histoire d'Alpine.
Le millésime 1975 ne subit que de légères modifications esthétiques. L'usine propose désormais 3 modèles: 1300, 1600 SC & 1800 Gr 4, plus une version "usine Groupe 3" de la 1600 SC.
Au salon de Paris 1975 apparaît l'A110 1600 SX à moteur 1647 cm3 de R16 TX de 95 ch. Les autres versions disparaissent et la gamme ne compte plus que 2 modèles : 1300 & 1600 SX. Les puissances s'expriment désormais en chevaux DIN. La 1300 de 68 ch DIN correspond à 81 ch SAE et les 140 ch SAE des 1600 SC-SI valent désormais 126 ch DIN. La déception devant les maigres 95 ch de la 1600 SX n'en est que plus cruelle...
Au millésime 1977, la 1600 SX reste seule survivante: la 1300 a disparu. Pour sa dernière année de production, la Berlinette reçoit les nouvelles jantes alliage de l'A310 V6.
En juillet 1977, la dernière A110 quitte la chaîne de montage. Elle a été commandée par un employé de Dieppe, Limondin, qui l'a choisie...verte ! Pour Alpine, la belle aventure bleue est finie.
Alpine A 110 1600 SX Dernière Alpine sortie de l'usine 1977
© D.R.Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
votre commentaire