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Le mythe s'écrit en bleu :
Jean Rédélé au Rallye de Monte Carlo en 1951
© D.R." Vous verrez, les Alpine étonneront le monde ! ". Cette phrase prémonitoire d'Amédée Gordini en dit long sur la petite Française qui a fait trembler les Armada Porsche et Lancia et remporta le premier titre de Champion du Monde des rallyes en 1973. La Berlinette Alpine est une auto magique qui a fait de ses pilotes de véritables idoles.
De nombreuses aventures automobiles commencent dans un garage ; celle d'Alpine débute dans celui de la famille Rédélé à Dieppe (Seine Maritime).
Nous sommes en 1946, Jean Rédélé sort d'HEC, et reprend le garage Renault de son père dévasté par la guerre. Il a 24 ans. La régie Renault sort la 4 CV, un des plus grands succès automobiles de l'après guerre.
Une fois le garage familial remis sur pied Rédélé va pouvoir se consacrer à sa passion : la compétition automobile. La 4 CV sera tout naturellement sa première monture, d'abord une " normale ", ensuite une 1063. Rallye de Dieppe, Rallye de Monte Carlo… les courses se succèdent.
Jean Rédélé au rallye de Monte Carlo en 1951 Rédélé et Pons sur 4 cv aux Mille Miles de 1954
© D.R.Avec son compère Pons, il court les Mille Miglia 1952. Leur avance sur l'horaire est telle que la ligne d'arrivée est déserte : les commissaires font la sieste !
Après les 24 Heures du Mans, Renault se décide enfin à ouvrir un département compétition pour faire courir la 4CV et le confie à François Landon. Il recrute aussitôt une bande d'amis, dont Rédélé et Pons.
Mais Rédélé est aussi un excellent homme d'affaires. Il rachète la licence des boîtes 5 Claude... que Renault vient de refuser. Grâce à cette transmission, les cinq 4CV engagées aux Mille Miglia 1954 se classent aux cinq premières places de leur catégorie ! Puis ce sera Liège-Rome-Liège, la Coupe des Alpes et bien d'autres succès. Jean Rédélé vient d'entrer dans le monde de la compétition par la grande porte.
Jean Rédélé rêve de devenir constructeur. Son idée? Une petite voiture légère, animée par la mécanique de la 4CV. Sa rencontre avec le designer Michelotti et le carrossier Alemano lui permettra de réaliser ce rêve. En décembre 1952, la voiture est finie et Rédélé va la chercher lui-même en compagnie de sa jeune épouse. La première "Rédélé" (qui ne s'appelle pas encore Alpine), conçue sur une plateforme de 4CV, est en aluminium (550 kg). A son volant, il remporte en 1953 le rallye de Dieppe, la coupe des Essarts et la coupe de la ville de Lisbonne.
Cette année-là, la licence de fabrication de la Rédélé Spéciale est vendue à un industriel américain qui la rebaptise "The Marquis" et l'expose au New York Motor Show 1954. Hélas, l'affaire tournera court et l'auto ne sera jamais commercialisée aux USA.
© D.R.
Les trois A106 exposées au salon de Paris en 1955
© D.R.Rédélé n'abandonne pas son projet de réaliser une petite sportive française. Il rencontre alors les frères Chappe, carrossiers à Saint Maur, qui pratiquent le moulage en stratifié, chose rare à l'époque. Ensemble, ils réalisent un premier coach en plastique, au design " perfectible ". L'Alpine est née, ainsi baptisée en souvenir de la victoire de Jean Rédélé à la Coupe des Alpes. Le modèle s'appelle Mille Miles, avant de prendre le nom d'Alpine A106.
Au Salon de Paris 1955, l'Alpine A106 sera présentée pour la première fois au public. Trois modèles seront exposés : une bleue, une blanche et une rouge. Les intentions de Rédélé sont clairement affichées !
L'A106 reçoit le moteur 747 cm3 de la 4CV développant 21 ch, mais elle peut aussi adopter le moteur 38 ch de la 1063. Beaucoup d'éléments proviennent de la série, comme le pare-brise très arrondi qui n'est autre... qu'une lunette AR de Frégate !
Le public du salon de Paris découvre l'A106 L'A106 qui remporta la victoire dans sa classe aux Mille Miles de 1956
© D.R.La concurrence est rude, Rédélé et son équipe doivent démontrer les qualités de l'A106 ; pour cela elle fut engagée dans de nombeuses compétitions aux mains de Féret, Monraisse & Michy, au sein de l'équipe Landon. Aux Mille Miglia 1956, sous la pluie, Michy enlève la classe 750 cm3 devant une Abarth, à une moyenne de 109,6 km/h.
Dès lors, les courses se succèdent. Des Routes du Nord au Tour de France, en passant par Montlhéry, les Alpine sont partout. Et elles ont la cote d'amour auprès des spectateurs.
En 1956, apparaît un pare-brise aux angles plus vifs qui améliore la visibilité de l'A106.
En janvier 1957 Alpine lance un cabriolet, lui aussi dessiné par Michelotti, qui préfigure déjà la future Berlinette.
La plateforme de la 4CV, sérieusement renforcée, va bientôt céder la place à un châssis-poutre, plus rigide et plus léger, créé par Rédélé. A cette époque, naît la société dieppoise RDL (pour Rédélé) qui fabrique les Alpine, à raison d'une centaine d'exemplaires environ par an.
Cabriolet Michelotti de 1957
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La berlinette A108 au salon de Paris en 1958 Le coupé 2+2 1960
© D.R.Courant 1958, le coach hérite du moteur de la Dauphine Gordini - apparue au salon 1957 - devenant ainsi Alpine A108 (moteur série 1080). Sa mécanique développe 37 ch (845 cm3) et même 53 ch (version 904 cm3 préparée par Mignotet). En parallèle, l'A106 reste au catalogue et se vend plutôt bien.
Le cabriolet, devenu "Coupé" au salon 1959, servira de base à la Berlinette Tour de France. Et en cours d'année, l'usine Alpine commence à monter le châssis-poutre en série.
Eté 1960, les frères Chappe dévoilent un "Coupé 2+2" aux lignes AR surprenantes, qui vient épauler le coach A106 et le cabriolet A108. En tout, Alpine propose 3 modèles et 6 moteurs au choix, accouplés à des boîtes 3, 4 ou 5 rapports. Une vraie gamme pour l'époque !
Le coupé 2+2 1961 Coupé Sport A108 de 1961
© D.R.L'année 1960 marque la fin d'une première étape dans l'histoire d'Alpine. En 10 ans, Rédélé s'est fait connaître. Comme pilote d'abord, puis comme constructeur. Après avoir construit quelque 650 voitures, il est prêt pour passer à la vitesse supérieure.
Grâce à la compétition, les modèles évoluent. Les versions les plus pointues atteignent maintenant 70 ch en 998 cm3. Durant toute la saison 1961, Greder et Féret accumulent les victoires de classe sur l'A108.
Les choses sérieuses peuvent commencer. L'A110 est quasiment prête. La saison 1961 se termine au moment où un petit Jean-Charles vient agrandir la famille Rédélé...
Cabriolet sport 1961
© D.R.
A suivre.....Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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MASERATI Bora :Après la bombe qu'a représentée le lancement de la Lamborghini Miura en 1966, Maserati se doit de réagir en proposant un modèle actualisé, plus moderne que les très belles mais conventionnelles GT (par leur architecture) qui constituent alors la gamme de Modène. La réponse va prendre quelque temps, puisque ce n'est qu'au salon de Genève de 1971 qu'est révélée la première Maserati de route à moteur central arrière, la Bora. Stricte deux places, elle a vocation à prendre la suite de la Ghibli.
Portant le nom d'un vent du Nord qui souffle sur l'Adriatique, la Bora est due au talent de Giorgietto Giugiaro, alors à la tête de sa propre entreprise, Italdesign, fondée en 1967. Une fois de plus, le maître a réussi une création magnifique. Synthèse d'un style plus anguleux, bien que n'excluant pas les lignes galbées, et d'exigences aérodynamiques, la Bora doit être considérée comme l'une des plus belles GT italiennes de la grande époque.
© D.RSa silhouette trapue en forme d'obus fait de la Bora une voiture sauvage. Encore plus basse que la Ghibli (1,13 mètre), elle est habillée d'une carrosserie aux porte-à-faux réduits qui en accentuent l'esthétique ramassée. Très courte, la carrosserie autoportante (réalisée chez Padane à Modène) ne mesure que 4,33 mètres malgré un long empattement de 2,60 mètres. Immense lunette arrière presque horizontale tombant sur un arrière tronqué, pavillon traité en inox, phares escamotables et étranges enjoliveurs de roues lisses, tout concourt à l'impression de fauve insoumis que dégage la Bora.
Moteur central oblige, la voiture reçoit une suspension à quatre roues indépendantes, dont les débattements sont tempérés par des barres antiroulis. Première Maserati de route ainsi équipée, elle est, du point de vue technologique, la plus moderne des GT au trident.Monté dans le sens longitudinal sur un faux châssis et alimenté par quatre carburateurs Weber double corps, le V8 à quatre arbres à cames en tête de 4,7 litres offre 310 ch à 6000 tr/mn et un couple de 47 mkg, propulsant la voiture à 270 km/h (boîte de vitesses ZF à cinq rapports). A cette vitesse, les quatre disques Girling ventilés et assistés prouvent leur efficacité, grâce notamment au remarquable circuit hydraulique à haute pression fourni par Citroën.
© D.RAu volant, le changement de sensations est complet par rapport à la Ghibli, dont le 4,7 litres se cache sous l'immense capot avant. Avec la Bora, le conducteur partage une étroite complicité avec le V8 Maserati, qui gronde dans son dos. La voiture n'en est pas moins confortable et elle bénéficie d'un équipement à la hauteur de la facture : réglage hydraulique des sièges et du pédalier, air conditionné en série. Sur la route, la Bora affiche un comportement relativement neutre, la suspension se révélant assez ferme à basse vitesse - mais il faut " assurer " à 270 km/h !
Sur la Bora destinée au marché américain, le moteur de 4,7 litres est remplacé, à partir de 1974, par le cinq litres de la Ghibli SS - mais limité à 300 ch. Il faudra attendre 1977 pour observer la même évolution en Europe, le cinq litres étant offert en la circonstance dans la définition plus puissante de l'Indy (320 ch). L'année suivante, la voiture sera retirée après 495 exemplaires produits, dont 235 à moteur cinq litres. Fidèle client Maserati, Karim Aga Khan a compté au nombre des heureux propriétaires de la Bora, ainsi que le célèbre producteur de cinéma Carlo Ponti.Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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CITROEN TRACTION :
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LOTUS Eleven :Lancée en 1956, la Lotus Eleven dérive de la Mark IX. La nouveau-née inaugure un nouveau système d’appellation des modèles de Colin Chapman : le mot Mark (Mk) disparaît, tandis que les chiffres arabes se substituent aux chiffres romains.
© D.R.A l’image de la Mk IX, la Lotus Eleven est bâtie sur un châssis tubulaire, sur lequel prend place une carrosserie hyper profilée due à Frank Costin et dont les roues sont carénées à l'avant comme à l'arrière. Ingénieur chez l’avionneur De Havilland, Costin a appliqué à l'automobile les techniques aéronautiques, à l’instar des ailes arrière saillantes qui font office de dérive. Réalisée en aluminium, cette carrosserie très légère ne dépasse pas les 400 kilos.
La Lotus Eleven est proposée en trois versions aux clients Lotus : « Le Mans » pour les pilotes professionnels ou chevronnés, avec un pont arrière De Dion, quatre freins à disque Girling et le moteur Coventry Climax dans sa version la plus poussée. Le modèle Sport bénéficie également du quatre cylindres Coventry Climax, tandis que la version de base, dite Club, est motorisée par un moteur Ford à soupapes latérales. La voiture se contente par ailleurs d'un pont arrière rigide et de freins à tambour.
Deux quatre cylindres Coventry Climax à arbre à cames en tête peuvent être montés : le FWA (1098 cm3) et le FWB (1459 cm3), extrapolation du précédent par allongement de la course (d’où une certaine fragilité du bas moteur). Alimenté par deux carburateurs Weber double corps de 40 millimètres, le FWB développe 75 ch à 6250 tr/mn. Il permet à la Lotus Eleven d’atteindre largement les 180 km/h. La boîte de vitesses possède quatre rapports.
Grâce à ses exceptionnelles qualités aérodynamiques et de légèreté, l’Eleven s’avère imbattable dans la classe 1100 cm3. Elle remporte près de 150 victoires au cours de la saison 1956, dont un succès de classe aux 24 Heures du Mans. L’année suivante, Lotus lance une nouvelle version de l’Eleven, la Série 2. Les principales modifications concernent le châssis et une suspension avant indépendante entièrement revue. Dérivée de la monoplace 12, elle reçoit des triangles superposés, qui remplacent l’essieu oscillant hérité de la Mk VI. La plupart des Eleven Série 2 construites sont livrées en version Le Mans.
A une époque où la catégorie 1100 cm3 Sport se trouve au zénith — la Formule Junior n’est pas encore inventée —, la Lotus Eleven se constituera un palmarès des plus flatteurs. Son titre de gloire restera la victoire à l’indice de performance obtenue aux 24 heures du Mans en 1957 par la voiture équipée d’un 750 cm3 (un Coventry Climax dégonflé). Elle offrira ainsi à Lotus sa première grande victoire internationale.
© G.Bonnafous
© G.BonnafousFabriquée de 1956 à 1958 dans les ateliers exigus de Lotus, où elle a pris la place de la Mk VI, l’Eleven sera construite à environ 270 exemplaires au total des deux séries — dont beaucoup exportés, notamment vers les Etats-Unis. Elle apparaît ainsi comme la première Lotus largement produite. Modèle emblématique de l’histoire Lotus, l’Eleven aura permis à Colin Chapman de passer du stade de petit constructeur au statut de marque reconnue.
© G.BonnafousLa postérité de la Lotus Eleven sera moins heureuse. La 15 sera conçue pour s’attaquer à la catégorie de cylindrée supérieure. Comme la monoplace 16, elle se caractérise par la position fortement inclinée de son moteur et elle possède la même boîte de vitesses. La voiture sera victime des mêmes affres que sa cousine de Formule 1 : le moteur refusera de fonctionner correctement dans la position audacieuse qui est la sienne. Colin Chapman reviendra sur cette dernière et redressera le quatre cylindres sur la 15 Mk 2 comme ce sera fait sur la monoplace.
La Lotus 17 succède à l’Eleven en 1959 pour les courses de petite cylindrée. Elle s’avère plus légère et de moindre gabarit. Mais Chapman l’a dotée d’une suspension avant coulissante qui se grippe dans les virages. Cette dernière sera remplacée par des triangles, mais la voiture restera un échec.Faites connaitre ce blog à vos amis !LE blog de LA voiture ancienne !
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